L'Agence France Presse (AFP) a publié, ce lundi 24 avril, unarticle sur le Centre intermédiaire de soins en addictologie (Cisa) deConstantine, une institution publique de proximité qui prend en charge desmalades d'un type particulier : des personnes intoxiquées par l'abusd'utilisation d'Internet.
D'après son directeur, Raouf Bougouffa, le "Cisa"de Constantine est "la première structure du genre en Afrique et latroisième dans le monde, après deux autres institutions équivalentes en Chineet en Corée du Sud". Il a ouvert ses portes en 2012 dans la capitale del'Est algérien dans le but de traiter les addictions à la drogue, l'alcool etle tabac, puis il a accueilli des patients "accrocs" à Google etFacebook, les derniers paradis artificiels, apparus sur le marché mondial desloisirs et consommés parfois à dose massive. Selon M. Raouf Bougouffa,"l'utilisation abusive et non-contrôlée des réseaux sociaux expose desêtres fragiles psychologiquement à toutes formes de danger."
L'AFP cite dans son article, le cas de Faycal, un radiologuequi suit une thérapie au "Cisa" de Constantine depuis fin 2016, afinde se débarrasser de son addiction au Net, une expérience qu'il a vécu comme"une véritable descente aux enfers", Faycal dont la vie familiale aété ruinée par cette "drogue des temps modernes", comme il la décrit.
"J'allais au cybercafé de 16H à 20 H, raconte-t-il,puis je m'enfermais dans ma chambre jusqu'à 5 H du matin, seul face à l'écrande mon ordinateur. J'avais constamment des migraines, plus de vie sociale et jene pouvais plus travailler."
Selon Sihem Hemadna, une psychologue du "Cisa","plus de 38 heures de conection à internet par semaine, en dehors dutravail, est synonyme d'addiction. Et près de 80% des signes cliniquesd'addiction à Internet et à la drogue sont similaires."
Pour le docteur Lotfi Bendiouis, psychiatre à Tlemcen," bien que la dépendance à Internet ne soit pas encore officiellementreconnue comme trouble dans le Manuel diagnostique et statistique des troublesmentaux (DSM), il s'agit là d'un problème récent de santé publique qui affecte,de nos jours, beaucoup de personnes.
Les effets alors sur leur santé mentale et émotionnellepeuvent être importants. Elles peuvent se sentir seules, anxieuses etdépressives. Les dépendances d'une façon générale peuvent avoir desrépercussions non désirées sur des volets décisifs de la vie d'une personneaffectée par l'addiction, comme dans sa productivité au travail ou dans sesrelations inter-personnelles.
Mais ce danger de la dépendance à Internet ne doit pasocculter le grave problème de prévention et de prise en charge des"toxicomanies classiques" comme le cannabis et les droguessynthétiques, un problème qui se pose aujourd'hui avec acuité en Algérie."