La Tunisie a vécu dimancheun grand moment de démocratie à la faveurd’une élection présidentielle libre qui a permis à plus de 7 millions de tunisiensde choisir ou de s’abstenir, dans un premier tour de scrutin marqué par un tauxde participation relativement faible, soit (45, 02%), selon les chiffres provisoires.
Un des constats majeurs, au-delà dufaible taux de participation, c’est ce que les commentateurs appellent déjà « ledégagisme saison », en référence à l’élimination total de tous lescandidats connu pour être des animateurs du paysage politique tunisien, post « Révolutiondu jasmin »
Les 24 candidats, issus desdifférentes mouvances politiques, démocrates, socio-démocrates, islamistes,conservateurs, passent à la trappe, sanctionnés par le peuple tunisien vite déçupar les promesses non tenues d’un « Printemps arabe »qui promettait pourtantdes lendemains chanteurs.
Ce sont donc deux outsiders,totalement inconnus dans la sphère politique qui vont probablement s’affronterau second tour, à savoir Kais Saed, arrivé en tête avec 19,5 et Nabil Karaouiavec 15 % des suffrages exprimés.
Candidat indépendant qui a animésa compagne avec une équipe de cinq personnes, utilisant sa propre voiture pourses déplacements, Kais Saed, personnage austère et rigoriste, est un professeurde droit constitutionnel, favorable à l’application stricto sensu de lanouvelle constitution tunisienne.
Même s’il n’ a pas d’étiquette politique,en se présentant comme indépendant, il est idéologiquement proche de lamouvance islamo-conservatrice, à laquelle il a réservé la primeur de ses premièresdéclarations, l’invitant à soutenir sa candidature au second tour.
Le deuxième finaliste n’est autreque Nabil Karaoui, le Berlusconi tunisien, comme le qualifie les média étrangers,qui suivi les péripéties du vote à partir de sa cellule, où il observe unegrève de la fin.
Son emprisonnement pour « fraudefiscale » , une décision imputée au premier ministre actuel, lui-même candidat,a- t-elle provoqué de la compassion et de l’empathie chez les tunisiens qui ontvoté pour lui ?
Les observateurs, expliquentégalement que malgré son côté sulfureux, Nabil Karaoui, représente chez lesjeunes un symbole de réussite sociale et dans son programme politique il privilégieune approche économique des problèmes.
Nabil Karaoui, dans ses interventions,avant son emprisonnements, expliquait que la désillusion des tunisiens vient du fait queles problèmes socio-économique, qui était le véritable ressort de la « Révolutiondu jasmin » n’ont toujours pas trouvé de vrais réponses, des années parésla chute du régime de Bénali.
Sur les plateaux des télés onentend souvent des citoyens lambda reprocher aux élites politico -syndicalestunisoises de s’être trop focalisées surles questions politiques et institutionnelles, pour construire un nouveau systèmepolitique, passant à l’as les difficultés socio-économiques des tunisiens dontle vote n’est qu’une sanctions à ces élites urbanisées qui n’ont pas de soucisde fin de mois.