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Toufik Midoun : 75% des 1.800 agences de voyages sont gérées par des non-professionnels

19-12-2016 17:04  N. S

Dans cet entretien Toufik Midoun (photo), président du Syndicat National des Agences de Voyages de l'Ouest (SNAV) pointe les contradictions qui minent le secteur du tourisme, parasité par des intervenants sans expérience ni savoir-faire au détriment des professionnels. Il préconise également des solutions pour que le secteur du tourisme puisse être un jour cette alternative aux hydrocarbures. 

Question : On a toujours proclamé en Algérie que le tourisme doit être l’alternative au pétrole qui n’est pas une source pérenne et on le constate aujourd’hui avec la chute des prix. Mais vous conviendriez avec nous que la réalité est tout autre, ce secteur est la dernière roue de la charrette. Comment expliquez-vous cela en tant que professionnel ?

 

Réponse : Effectivement, le Tourisme devrait être la deuxième industrie après le secteur de l’agriculture. Dieu seul sait quel est le potentiel de l'Algérie en matière de Tourisme. L'Algérie est censée être une nouvelle desserte puisque le monde est à la recherche de nouvelles destinations. L’actuel Ministre du Tourisme M. NouriAbdelouahab ne manque pas de mettre le paquet en déployant tous ses efforts avec sa bonne volonté pour promouvoir le Tourisme en Algérie, que ce soit pour le tourisme Interne ou international. Nous nous sommes rencontrés avec M. le Ministre, il a exprimé sa bonne foi et sa disponibilité à   travailler avec nous la main dans la main pour faire avancer et développer ce secteur. Mais d’un autre côté, comment voulez- vous que ça se fasse qu'on sait que 75% des 1800 agences de voyage ne possèdent pas les compétences voulues. Je m’explique : le nombre d'agences de voyages en Algérie est l’équivalent de deux pays si nous devions additionner le nombre des ATV de la Tunisie et du Maroc. Si au moins ces agences se spécialisaient dans le Tourisme réceptif, culturel ou autres ; ce qui n'est pas le cas. 75% sont des loueurs d’agréments, se limitant  à un produit juteux qui est la destination Arabie Saoudite pour la Omra et le Hadj.


Q : Pourquoi l'office de la  Omra et du Hadj insiste pour l'organisation du Pèlerinage ?

Midoun :Parce qu’Il y a à boire et à manger. Nous avons tout dévoilé au ministre des Affaires religieuses, mais sans aucun résultat et aucune sanction n’a été prononcéemalgré les promesses. L'office du Hadj et de la Omra traite en Arabie Saouditeavec un intermédiaire (SMASRI),  comme si l'Algérie n'est pas solvable vis àvis du Royaume et comme si notre Etat n'est pas identifié ; ceci est très grave. Même le ministre des affaires religieuses avait exprimé  sa reconnaissance à cet intermédiaire, c’estgrave. Où allons nous ?

Les agences de voyages sérieuses sont arrivées à proposer des tarifs beaucoup moins chers  par rapport à ceux proposés par l'Office et malheureusement ce dernier refuse de traiter avec les agences de tourisme et de voyage (ATV), Pire encore, pourquoi le chiffre de 800 personnes pour accompagner et encadrer les Hadjis ? Nous aurions souhaité voir la liste de ces encadreurs. 800 personnes, c'est à dire 4 avions pour les transporter, soit 800 billets, 800 allocations touristiques, 800 lits etc...  L'office choisit une partie des agences de voyages qui n'ont rien de professionnelles afin qu'il magouille avec ces

dernières. Le pèlerinage doit revenir aux agences de voyages professionnelles, pour une meilleure organisation et en sus moins de charges et moins de coûts avec de meilleurs hôtels et de meilleures prestations.

 


Q : Et pourquoi les directions de tourisme ne font pas leur travail de contrôle ?


Midoun : Je me pose la question. Où est le travail de l’inspection des directions du Tourisme, alors que la loi stipule, qu’après trois inspections inopinées  si le directeur technique n'est pas présent au sein de son agence de voyages, il y a retrait d'agrément définitif. Ce qui n'est pas le cas pour ne pas dire que ces Directions de Tourisme (DTA) sont complices

et agissent contrairement aux directives de leur tutelle. La preuve, les boîtes de communications, les bureaux d’affaires ainsi que des agences de publicité opèrent au même titre que les Agences de voyages sans pour autant que les DTA s'inquiètent afin de mettre fin à ce genre d’anarchie et poursuivre ces derniers devant les tribunaux. Nous avons fait des propositions afin de procéder aux croisements d’inspections inter wilayas afin d’échapper à cette complicité ou carrément créer une police touristique au même titre que les autres pays du monde, puisque la sécurité jour un rôle très important et devrait être une priorité afin de promouvoir le tourisme .

 Q : Quelle est la solution que vous préconisez pour mettre un terme aux incohérences que vous soulevez ?

Nous devrions procéder à l'assainissement du monde des agences de voyages avec l'aimable et franche collaboration du Ministère du Tourisme et le Syndicat national des Agences de Voyages.Dans tous les pays du monde, le Syndicat national des Agences de Voyages (SNAV) est le premier organisme qui a son mot à dire et qui est associé à chaque manifestation  à chaque événement, le SNAV est décideur et orienteur.

Il y a obligation pour que toutes les Agences de voyages soient affiliées au SNAV afin qu'il ait un contrôle et un suivi pour toutes transactions commerciales, puisque le SNAV est habilité à connaître l'identité de ces dernières. Aujourd’hui, il va falloir dénoncer une fédération des agences de voyages qui reste une simple association qui  fait semblant de collaborer,mais qui fait du tort au secteur par des interventions intempestives alorsqu'elle doit présenter son statut devantles institutions publiques. Au lieu de contrecarrer le travail du SNAV, elledoit impérativement présenter son identité et son agrément ycompris son bureau ainsi que son président national et les présidents régionauxCentre, Ouest, Est et Sud muni obligatoirement d'un PV de l’ huissier dejustice au même titre que le SNAV. Ce qui n’est pas le cas pour cette Fédération.

Q :Pourquoi l’Algérie ne peut-elle pas développer le Tourisme Interne ?

L’Algérie reste le seul pays au monde qui affiche en matière d’hôtel un tarif unique valable du 01.01 de l'année au 31.12 de l’année, alors que dans tous les pays du monde, les hôtels affichent des tarifs haute, moyenne et basse  saison. Il y a aussi l’absence  de convention entre Agences de Voyages et hôteliers et plus spécialement les hôtels internationaux et étatiques. Pour développer le tourisme réceptif, il faut créer de nouvelles conditions. Je cite notamment les facilitations pour l’obtention des visas, l’ouverture du ciel (Open Sky), appel aux compagnies low cost et procéder à l'ouverture du transport Aérien aux privés Algériens comme compagnie,  JET et Avions médicalisés.



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