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Les Magistrats font plier le ministre de la justice, Belkacem Zeghmati

27-10-2019 15:04  La rédaction
C'est un fait inédit dans les annales de la justice algérienne : les magistrats réunis au sein de leur syndicat national (SNM) ont réussi la prouesse de faire annuler l'immense mouvement dans ce corps qui devait toucher plus de 3000 magistrats et qui a été annoncé solennellement par le ministre de la justice garde des sceaux, Belkacem Zeghmati, à l'issue de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature.

Ce dernier, réuni en urgence ce dimanche, a en effet décidé de surseoir à ce mouvement et, mieux encore, de soutenir les revendications socioprofessionnelle des magistrats.

Et contrairement à ce que soutenait le ministère dans son communiqué d'hier samedi, le membres du CSM affirment qu'il ne lui était pas possible d'exercer ses prérogatives juridiques pour élaborer son rapport sur le mouvement dans le corps des magistrats, annoncé le 24 octobre, et que leur rôle s'était limité a "lire sommairement la liste finale préparée au préalable par le ministère de la justice ".

De fait, c'est là un désaveu cinglant de la part des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature vis a vis du ministre, Belkacem Zeghmati, qui se voit ainsi pris en flagrant délit.                           

Autrement dit, le ministre qui se fait le chantre de l'indépendance de la justice à chacune des ses interventions et le redresseur des torts attitré qui allait rendre la justice au nom du peuple, vient d'être rappelé à...l'ordre par ses anciens collègues.

Pour le syndicat des magistrats, ce report du gigantesque mouvement intervenu après la rentrée sociale, est une victoire éclatante contre la volonté d'un ministre dont le communiqué de samedi soir constituait une menace à peine voilée aux magistrats qui s'apprêtait à paralyser les tribunaux.

Signe de leur force de frappe, le mouvement de grève des magistrats a été suivi à environ 95% selon les chiffres du SNM. 
 
Et au delà du succès massif de  l'action de protestation de ce dernier sur le terrain, il faut noter également la prise de distance des membres du Conseil Supérieur de la Magistrature par rapport au ministre Zeghmati.                           

En l'occurrence, les Houhou Yamina, Sahel Hamid, Tanger Mohamed Seddik, El Ouifi Bachir,  et Salem Abdelouahab, ont par le communiqué rendu public aujourd'hui, désavoué publiquement le ministre qui avait présidé la réunion du CSM à la place du président de l'Etat, partie en mission en Russie.

Pis encore, ces membres du CSM déclarent la session du Conseil "ouverte jusqu'au réexamen du mouvement des magistrats conformément à la loi".

De fait, Belkacem Zeghmati se retrouve dans beaux draps, lui qui brandissait implicitement la menace contre les magistrats syndicalistes  leur rappellant qu'ils n'avaient pas le droit de faire grève.

Politiquement, cet acte manqué de Zeghmati, s'apparente à une preuve d'une tentative de passage en force pour  sanctionner des magistrats réfractaires et promouvoir ceux qui caressent dans le sens du poil.

Il va de soi que son discours sur l'indépendance de la justice prend un sérieux coup en termes de crédibilité.
Il va sans dire  également que ce remue ménage au sein de la magistrature apporte du grain à moudre à ceux qui soupçonnent le pouvoir de vouloir instrumentaliser la justice.

Ce gel, s'il n'est pas du goût du ministre, aura au moins le mérité de ramener du calme dans la Justice qui est appelée à jouer un rôle décisif dans la présidentielle du 12 décembre prochain.           


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