C’est une règle quasi immuable : les étés en Algérie sont propices à la diffusion de rumeurs sur de soi-disant turbulences et autres « guerres des clans » au plus haut niveau de l’Etat. Le fameux « feuilleton de l’été », selon la qualification, un brin satirique, de la presse algérienne.
Sauf que pour 2017, ceux qui sont derrière ces rumeurs, probablement les mêmes, ont confondu vitesse et précipitation, pour emprunter la formule du monde de la petite reine. C’est ainsi qu’un canard tunisien, « Anba Tounès Kapitalis », illustre inconnu dans le paysage médiatique, y est allé déjà de sa petite musique.
A lire son long article consacré à l’Algérie, en s’appuyant, comme toujours sur de courageuses sources anonymes, on est tenté de comprendre jalousement que notre cher confrère est dans le secret des Dieux et ses limiers dans le saint du saint du pouvoir.
Dans cet article long comme un jour sans pain, un tissu d’affabulations et d’élucubrations schizoïdes, le président Bouteflika, tel Zeus du haut de son Olympe, aurait frappé de son impitoyable foudre. Les victimes : pas moins de « 19 personnalités politiques et militaires, très influentes » actuellement objet d’une interdiction de sortie du territoire national.
La fameuse IST !
Trois généraux, Djamal Medjdoub, ex patron de la sécurité présidentielle, Ahmed Boustila, ancien patron de la Gendarmerie nationale et Mehana Djebbar, ex chef de la sécurité de l’Armée sont tenus de ne pas bouger. Mais, ces trois généraux sont un peu chanceux à en croire cette feuille de chou tunisienne, qui croit savoir que la mesure est juste « provisoire » et qu’aucune enquête n’est diligentée contre eux. A la bonne heure !
Ce n’est pas le cas pour neuf ex-ministres dont Abdeslam Bouchouareb et surtout Abdelmalek Sellal qui seraient dans de beaux draps. Les noms des ministes ne sont pas révélés. Car, tout droit sortis de l’imagination fébrile de l’auteur de l’article, ils n’existent pas. C’est la technique du genre pour faire vraisemblable. Contre Bouchouareb, l’auteur du papier brandit en revanche toute une liste d’accusations qui lui valent cette IST. Mauvaise gestion de son secteur, création de la société Royal Erval, relations conflictuelles avec les patrons, pots de vin avec Renault et tutti canti…
Mais dans ce papier nauséabond, qui est un doigt d’honneur à l’éthique, l’auteur réserve le meilleur, le fin du fin pour Sellal. Il rappelle d’abord sa loyauté au président Bouteflika. Mais selon « Anba Tounès », tout a subitement basculé, dès que l’ex Premier ministre s’est pris à rêver d’un destin présidentiel. Victime donc de son ambition, Sellal aurait même refusé d’assiter à la cérémonie de passation des pouvoirs avec son successeur Abdemdjid Tebboune. C’est « Anba Tounès » qui le dit bouffi !
Cet article a fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans la presse électronique arabophone, en particulier marocaine, puis largement partagé par les Facebookers algériens qui prennent pour argent comptant tout ce qui vient de l’extérieur. Même quand c’est du grand n’importe quoi !