Faire de la politique, c’est aussi une affaire destyle et de personnes. Ahmed Ouyahia, en a fait jeudi la démonstration, lors dela réunion avec le syndicat et le patronat.
Rompu à l’exercice pour avoir déjà présidé, par lepassé, cette grande messe entre les partenaires du pacte sociale et économique,le premier ministre a envoyé un message de sérénité, donnant cette impression d’êtreun capitaine qui tient bien la barre.
Tout le contraire de son prédécesseur dont les 86jours passés à la tête du gouvernement ont produit des tangages et généré des tensions inutiles avec le patronat, lesopérateurs économiques en plus de ce pataquès diplomatique à la faveur de sarencontre à Paris avec son homologue français Edouard Philipe.
Ahmed Ouyahia, au-delà du style, marque sa différenceavec son prédécesseur dans les actes en persuadant (sans grande peine, à l’évidence) ses deux interlocuteurs de renvoyer sine die la date de la tripartite alors qu’elleétait programmée pour le 24 septembre, à l’issue de la fameuse rencontre du 31 juillet qui était plus destinée à sceller la réconciliation, du moins publique, entre Tebboune etHaddad, après ce qui s'est passé.
La rupture d’Ouyahia transparaît nettement dans sondiscours aussi, car en affirmant "quela tâche du Gouvernement consiste à appliquer les lois, y compris dans lesecteur économique, mais dans la sérénité", il fait un tacle glissé àTebboune dont la façon de gérer les dossiers était d’ailleurs qualifiée d’ « improvisée »par le président de la République dans ses fameuses instructions.
"L’Algérie est un Etat de droit qui s’est doté detous les instruments juridiques pour combattre toute atteinte à la loi, ens’appuyant sur une justice indépendante. Cependant, cette tâche consiste àœuvrer à l’application des lois, y compris dans le domaine économique avectoute l'efficacité voulue", mais "aussi dans la sérénité et laquiétude et non en semant le trouble et la confusion", a insisté Ouyahia.
C’est encore là une pierre jetée dans le jardin de Tebboune qui avait provoqué des tensions avec lesopérateurs économiques, les banques, mais aussi des incompréhensions de certaineschancelleries qui le soupçonnaient d’être un crypto nostalgique de l’économieadministrée.
La parenthèse Tebboune définitivement close avec sonmessage de sérénité et le renvoi de la tripartite, Ahmed Ouyahia va devoir s’attelerdésormais à peaufiner la préparation de son programme qu’il doit présenterdevant les députés . Une autre occasion sans doute pour affirmer davantage sonstyle.