Le président Tebboune a pris les observateurs decourt, en procédant mardi à unremaniement du Gouvernement Djerrad I, sans que ce changement ne soit précédé parles habituelles spéculations et fuites sur les partants et les arrivants ; unepreuve que, pour le coup, l’informationest bien verrouillée au niveau de la présidence de la République.
S’agissant du gabarit de ce nouveau gouvernement,force est d’observer son caractère pléthorique, en étant composé de 41 membres, dont 32 ministres, six ministresdélégués et deux secrétaires d’Etat ; ce qui, à priori, semble en porte àfaux avec la politique de rigueur budgétaire qui exige, au contraire, une équipe plus ramassée, avec jumelage de certains départements dans des grands ministères.
En dehors de sa composante pléthorique, on constateque les ministères de souveraineté (Intérieur, Affaires étrangères, Justice) n’ontpas changé de titulaires.
En fait, à travers le remaniement, on croit percevoirchez le couple exécutif, (président et Premier ministre) un souci de créer unenouvelle dynamique dans les départements en prise avec la réalité économique dupays qui, faut-il le rappeler, est en plein crise, exacerbée par la pandémie du Coronavirus.
Signe majeur de cette volonté : le limogeage d’Abderahmane Raouya, le premier argentier du pays qui est remplacé par un financierdont on dit qu’il est « moins orthodoxe », Aymen Benabderahmane, Gouverneur de la Banque d’Algérie.
Chérif Omari,ministre de l’Agriculture et du Développement, rural qui était dans legouvernement Bedoui, est remplacé par Abdelhamid Hamdane.
Hacène Mermouri dont le cas relève d’une erreur decasting, est logiquement remercié pour être remplacé par Mohamed Hamidou dans le secteur du Tourisme et de l’Artisanat, appelé à jouer un rôle de moteur decroissance, dans le cadre de la transiition économique.
Le professeur Chitour quitte le portefeuille de l’Enseignementsupérieur, au profit de Abdelbaqui Benziane, pour se voir proposer unnouveau Département, celui de « La transition énergétique et des Energies renouvelables ».
C’est le domaine de prédilection du Pr Chitour, qui aécrit de nombreux ouvrages sur la problématique, mais son départ de l’Enseignementsupérieur semble lié à ses relations conflictuelles avec les syndicats dusecteur et ses déclarations clivantes, loin de la langue de bois aseptisée et stéréotypée des ministres.
Le constat est valable aussi pour Mohamed Arkab quiperd le très puissant maroquin de l’Energie, au profit d’un revenant et enfantdu secteur, Abdelmadjid Attar, et se voit relégué au ministère des Mines,découplé des Industries, qui reste sous la coupe de Ferhat Ait Ali Braham.
Visiblement Mohamed Arkab, malgré toute sa bonnevolonté, n’a pas le profil idoine pour piloter un secteur aussi stratégique que leshydrocarbures, en plein crise énergétique mondiale qui touche frontalement l'Algérie.
La création du porte-feuille de ministre délégué auprèsdu Premier ministre chargé de la prospective, confié à l’économiste MohamedChérif Belmihoub, celui des micro-entreprises qui revient à Nassim Diafatet celui de l’économie de la Connaissance et des starts-up, affecté Yacine El Mahdi Ouahid traduisent la volonté duprésident Tebboune, de faire de cessecteurs des vecteursde croissance dans le cadre du changement du paradigme économique.
Ce gouvernement Djerrad II a six mois devant lui pour faire ses preuves, car après les législatives anticipées, prévues, probablement, pour le début de l'année prochaine, les cartes seront rebattues.