Legouvernement donne la nette impression d’être en train de naviguer à vue. Et pour cause ! Il prend une décision et l’annoncepubliquement sous le sceau de l’officiel avant de la reporter, voire carrémentde l’annuler sine die.
C’est à nerien comprendre tellement cet exercice d’annonce et contre annonce se répètesans que l’opinion n’en soit informée des tenants et des aboutissants.
Dernièrehésitation en date, la décision du Premier ministre de revoir sa liste de dixentreprises censées avoir été rigoureusement choisies pour se lancer dansl’assemblage et le montage de véhicules légers et de poids lourds.
En effet dessources concordantes confient qu’à la demande du ministre de l’Industrie et desMines, le premier ministre Ahmed Ouyahia a ordonné ce report sans fixer unquelconque nouveau délai.
La chaineEnnahar TV croit savoir qu’il s’agit en fait d'une révision de la listeavec réexamen des dossiers jusque-là non retenus. D’aucuns avaient en effetnoté l’exclusion de la firme Sud- Coréenne KIA, qui a pourtant engagé de gros investissements et recruté descentaines de travailleurs pour son usine à Batna.
Autrementdit, la première liste, dont cinq pour les véhicules de tourisme et cinq autrespour les camions et autobus, ont été confectionnées de manière très discutable ;renforçant ainsi les soupçons de favoritisme dont auraient bénéficié les«heureux élus» au détriment d’autres non moins méritants.
De fait,c’est l’image du gouvernement qui en prend un sacré coup, tant il vient lui-mêmede revoir sa propre décision par ailleurs critiquée par les experts du domaine.
Discrédit
Et dans cecontexte marqué par des polémiques en série, et la peur des citoyens sur lesimplications de la loi des finances surleur pouvoir d’achat, ces remises en causes de mesures et décisions dûmentprises, jettent un discrédit sur le sérieux des institutions et renforce lasuspicion sur la dilution des pouvoirs.
En effet, ily a lieu de s’interroger sur les motifs ayant amené le gouvernement à établirdes listes de bénéficiaires avant de la remettre en cause 48 heures plus tard ?
Le Premierministre, réputé pour un bon communicateur, aura du mal à convaincre l’opinionpublique et les opérateurs économiques sur sa manière d’agir et de faire.
Il estd’ailleurs légitime de s’interroger si ce n’est pas la tête d’Ahmed Ouyahia àla tête du gouvernement qui est implicitement mise à prix tant c’est son gouvernementqui reçoit le boomerang.
Cecid‘autant plus qu’aujourd’hui même, son alter ego du FLN, Djamel Ould Abbès,annonçait depuis Sous-Ahras où il réunissait les cadres de son parti, la tenued’une tripartite inédite, mardi prochain au siège du FLN, à Hydra entre le FLN,les chefs d’entreprises et l’UGTA.
Unerencontre assez bizarre entre les deux partenaires du gouvernement et un partipolitique fût-il le parti majoritaire. Que vont donc discuter les patrons,l’UGTA et les cadres du FLN à l’abri du regard d’Ahmed Ouyahia, tout Premierministre qu’il est censé être ?
Tout porte àcroire que ces décisions annulées et ce conclave sans Ouyahia, seront suivis dedécisions importantes dans les prochains jours.