La guerre de mille ans entre les avocats et le parquet a connu aujourd'hui un nouvel épisode devant le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger, où des dizaines de robes noires ont organisé un sit in de protestation pour pester contre ce qu'ils qualifient "d'humiliations répétées" dont ils considèrent être les victimes.
Si la goutte qui au fait déborder le vase est un incident anecdotique, à savoir la mise en fourrière du véhicule d'un avocat par le procureur du tribunal de Dar El Beida, le malaise, quant à lui est profond, comme en témoignent les mots d'ordre arborés sur les pancartes et les slogans clamés.
"La justice des injonctions, ça suffit", lit-on sur une des pancartes, en référence aux ingérences de la tutelle dans le déroulé des audiences, l'hyper judiciarisation des actions politiques. "L'avocat ne doit pas être humilié", clament encore les protestataires dont la manifestation est hermétiquement confinée par des policiers sur les dents.
Le bâtonner national, maitre Abdelmadjid Sellini, a déploré la "dégradation" de la relation entre les avocats et les procureurs qui sont censés "avoir un rapport de partenariat dans un respect mutuel".
Au contraire, il déplore une "certaine arrogance" du ministère public et la propension de certains magistrats à noircir l'image de l'avocat en le présentant comme "un extrémiste" et déplore, non sans ironie "l'humiliation de la Justice du fait d'un procureur devenu gardien de parc".