La manifestation de soutien à Rachid Boudjedra organisée samedi devant le siège de l’ARAV n’a pas fait que des heureux. Le chef de file du MSP, Abderrazak Makri, s’est épanché aujourd’hui sur sa page Facebook, en s’en prenant au «mouvement de gauche» et «aux communistes» qui auraient été, d’après lui, derrière cette manifestation de soutien à un «des leurs».
«La grande solidarité avec Boudjedra a montré l’efficacité du courant de la gauche laïque qui a encore du pouvoir dans notre pays et qui continue à travailler malgré son échec cuisant et continuel sur le plan populaire en Algérie», écrit le président du MSP.
Bien que Makri reconnaisse que Rachid Boudjedra qui est «l’un des symboles du communisme», ait été «humilié de manière immorale sur la chaîne Ennahar», il n’en pense pas moins que les personnes présentes au rassemblement «sont influentes et prennent des décisions au sein du pouvoir et au cœur de la présidence de la République».
On l’aura compris, Makri fait allusion à Said Bouteflika qui était venu apporter son soutien à l’écrivain. Makri pense également que tous ceux qui étaient présents sont «des personnes influentes au sein de l’opposition, au sein des médias (…)».
«Ceux-là sont tous des amis qui représentent un seul réseau qui ne cesse de coordonner non pas pour la gauche, pour le communisme » (…) «Ceux-là sont ceux qui représentent la classe bourgeoise en Algérie et ce sont eux qui écrasent la classe des travailleurs. Ce sont l’outil du capitalisme dans notre pays (…) ce sont les usines de la pauvreté et de la misère», écrit encore Makri.
Honte à vous !
Et de conclure ainsi que le rassemblement de soutien à Boudjedra n’était pa «sincère» et qu’il était juste un «rassemblement idéologique avec l’un de leurs maîtres». Le chef du MSP précise qu’il ne visait pas tout le monde dans sa diatribe et qu’il y avait des gens qui étaient là sans arrière pensées.
«Moi aussi je suis solidaire avec Boudjedra l’être-humain mais je suis encore plus solidaire avec ceux qui ont été victimes avant lui », écrit-il. Insuffisant pour arrêter l’ire de l’écrivain Kamel Daoud qui lui a répliqué par le même canal (Facebook) en des mots crus.
Daoud a qualifié la réaction de Makri de «honteuse», de « lâche » et de «diffamatoire envers les bonnes volontés dans ce pays ». Usant d’un ton percutant, l’écrivain à succès assène : «Cela se comprend : un islamiste comme vous se manifeste toujours au second jour, au troisième et jamais au premier. Vous êtes une idéologie de récupération et de parasites, partout».
Et d’ajouter une louche : «Vous ne pouvez pas comprendre qu’un monde et un pays peuvent être pluriels et divers. S’il n’est pas islamiste, le pays est pour vous un ennemi et un complot, une pieuvre. Insulter les autres, pour monter sur leur dos et crier plus fort, vous savez le faire», percute Daoud manifestement très remonté contre Abderrazak Makri
Et il n’est pas le seul puisque même le journaliste et auteur, Hmida Layachi, a adressé une lettre à Abderrazak Makri dans laquelle il l’incite à la retenue et à ne pas insulter l’intelligence de ceux qui étaient venus dénoncer par principe l’humiliation de Rachid Boudjedra.