L’Assembléeissue des élections législatives du 4 mai sera installée officiellement aujourd’hui ,selon une cérémonie protocolaire dont les détails sont arrêtés dimanche entrel’administration et une coordination provisoire composée de représentants despartis ayant obtenu plus de dix sièges.
Notrepropos n’est pas de zoomer sur cette cérémonie d’investiture mais d’en saisirjuste l’occasion pour se poser la question de savoir pourquoi la quasi majoritédes algériens ne porte aucun crédit à cette institution et encore moins à seslocataires qui sont voués aux gémonies.
Tantôtmoqués, tantôt injuriés, voire trainés dans la boue, les «élus du peuple »véhiculent dans l’opinion une image d’Epinal calamiteuse à travers laquelle ilssont perçus comme des élus godillots, des « beni –oui- oui », des personnagessans convictions politiques qui sollicitent le suffrage populaire juste pour leplaisir du siège qui ouvre droit à un salaire mirobolant, des relations, desvoyages et autres délices de Capoue…
Fondamentalement,la perception négative de l’APN est liée aussi à son rôle anecdotique dans lepaysage institutionnel, en ce sens qu’elle ne pèse d’aucun poids dans l’écrituredu destin politique du pays, très souvent décidé ailleurs que dans les cadresqui ont vocation à la faire. Mais c’est une autre histoire !
Raisonpour laquelle, la chambre basse du parlement, apparait aux algériens comme lavitrine d’un pluralisme en trompe l’œil avec une opposition, congénitalementcondamnée à servir d’alibi démocratique, face à une majorité imbue de sonhégémonie et au service d’un exécutif dont elle est un appendice.
Pourtant,le règlement intérieur donne aux députés des instruments puissants pour exercerle pouvoir de contrôle sur le gouvernement, notamment l’interpellation, lesquestions orales et écrites, les initiatives de lois, la commission d’enquêtes,voire même le retrait de confiance.
Descompétences qu’ils(les députes de la majorité, notamment) ont abdiqué àexercer, préférant la soumission à un exécutif arrogant. La contre- partie àcette soumission assumée, au nom de la stabilité, c’est les indemnités sonnanteset trébuchantes. Un pacte aux allures faustiennes.
Interrogéeau lendemain des législatives sur le faible taux de participation,l’universitaire et professeur de droit Fatiha Bennabou, avait expliqué leconstat en y voyant une revanche du peuple contre les députés qui l’ont trahi.
« Ladévalorisation du rôle du parlement, par l’utilisation massive des techniquesdu parlementarisme rationalisé qui ont fini par stériliser toute initiativeparlementaire, et surtout, la législation par l’entremise de l’ordonnance,durant les intersessions et pendant plusieurs années, aux lieu et place du parlement.Aux yeux de l’opinion publique, l’Assemblée populaire nationale est devenue unefaçade démocratique, une assemblée de beni- oui- oui, pour les uns, unparlement croupion, pour les autres » écrit-elle.
« Laprotection excessive, les salaires mirobolants, les retraites dorées,l’impunité totale dont ont bénéficié certains parlementaires, qui étaientpassibles des tribunaux si la levée de l’immunité parlementaire s’était faitenormalement, ont creusé l’écart fatal entre l’assemblée et sa base sociologique.A force de trop les protéger, ces députés sont, désormais, considérés comme desrecrues de l’Etat et non comme des représentants du peuple » ajoute MmeBenabbou.
« Enfin,le vote, sans état d’âme, et au pas de charge de la loi de finances 2017, parla majorité parlementaire, a eu l’effet d’une douche glacée au sein del’opinion publique », conclue opportunément cette universitaire aux avistranchés.
Avecun déficit chronique en crédibilité, une légitimé plus que discutable, au vu dufaible taux de participation aux élections du 4 mai (37, 9%) et un présidentchoisi à contre-courant de la tendance au changement et à la rupturegénérationnelle, la nouvelle APN réunit toutes les conditions pour passer àcôté des «défis majeurs » (un argument qui a fait florès pendant lacampagne électorale) qu’elle est censée affronter dans une Algérie aux horizonincertains. Heureusement qu’elle ne compte que pour dubeurre !