La corruption, ce cancer social produit de la rente contribue, du fait du préjudice moral, à démobiliser la société par une méfiance généralisée. Car avec la corruption combinée à la détérioration du climat des affaires, selon la majorité des rapports internationaux, il est utopique de parler d’une véritable relance économique. Le combat permanent contre la corruption, la bureaucratie, ce rêve si cher à tous les Algériens sera-t-il réalisé ? C'est l'objet de cette présente contribution d'une brûlante actualité et de surcroît très sensible en soulignant que la corruption menace les fondements de l'Etat et donc la sécurité nationale.
1.- La lutte contre la corruption la bureaucratie implique de redéfinir le rôle de l'Etat
Transparency International dans son rapport de janvier 2021 note que la frustration face à la corruption des gouvernements et le manque de confiance dans les institutions témoignent de la nécessité d’une plus grande intégrité politique devant s’attaquer de toute urgence au rôle corrupteur des grosses sommes d’argent dans le financement des partis politiques et à l’influence indue qu’elles exercent sur les systèmes politiques. L’ONG relève que « les pays où les réglementations sur le financement des campagnes sont complètes et systématiquement appliquées ont un score moyen de 70 sur l’IPC, alors que les pays où ces réglementations sont soit inexistantes, soit mal appliquées n’obtiennent respectivement qu’une moyenne de 34 et 35 ». Qu’en est-il du classement sur la corruption de l’Algérie de 2003 à 2020 : 2003 : 88e place sur 133 pays ; 2004 : 97e place sur 146 pays ; 2005 : 2,8 sur 10 et 97e place sur 159 pays ; 2006 : 84e place sur 163 pays ; 2007 : la 99e place sur 179 pays ; 2008 : 92e place sur 180 pays ; 2009 : 111e place sur 180 pays ; 2010 : 105ème place sur 178 pays ; 2011 : 112ème place 183 pays ; 2012 :105e place sur 176 pays ; 2013 -105 rangs sur 107 pays ; 2014 –100ème sur 115 pays ; 2015 –88ème sur 168 pays ; 2016 –108ème sur 168 pays ; 2017 -112ème place sur 168 pays ; 2018- 105ème place sur 168 pays ; 2019- 106ème sur 180 pays. Rapport de janvier 2021 pour 2020 , 104ème place sur 180 pays avec une note de 36 sur 100. Selon cette institution, internationale, pour l’Algérie, la majorité des institutions administratives et économiques sont concernés par ce cancer de la corruption. L’on sait que les auteurs de l’IPC considèrent qu’une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un « haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives.
Dans ce cadre ,- loin de TOUT MONOPOLE , il s’agira de redéfinir à l'avenir avec précision le rôle de l'Etat dans le développement économique et social et par là la nature du contrôle à mettre en œuvre. . Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent l'ensemble des secteurs publics et privés, la corruption s'étant socialisée, relatés chaque jour par la presse nationale, dépassent souvent l'entendement humain du fait de leur ampleur, encore que tout Etat de droit suppose la présomption d'innocence afin d'éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Pourtant, ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l'Etat censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures de contrôle. Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective. Cependant, et il faut le souligner, c'est pour la première fois de l'histoire de l'Algérie que des procès publics ont lieu, du fait que la corruption existe depuis l'indépendance politique. Cela dénote de l'urgence d'une moralisation de la vie publique, en mettant en place d'autres mécanismes qui évitent que ces pratiques ne se reproduisent.
La mise en place de ces mécanismes transparents renvoie à plus de liberté, d'efficacité économique, de justice sociale,( indépendance de la justice), de moralité des institutions et de démocratie. Il ne s'agit pas de créer des commissions sans lendemain. C'est que la lutte contre la mauvaise gestion et cette corruption qui se généralise tendant à être socialisée, implique avant tout une moralisation de la pratique des structures de l'Etat eux-mêmes au plus haut niveau, niveau de dépenses en contradiction avec les pratiques sociales malgré des discours moralisateurs, avec cette montée de la paupérisation qui crée une névrose collective. De ce fait le contrôle institutionnel (Cour des Comptes, Inspection Générale des Finances IGF, Direction Générale des Impôts) sans parler des contrôles routiniers des services de sécurité, devra s'insérer dans ce nouveau cadre pour une moralisation de l'Etat lui-même par une plus grande DEMOCRATISATION des décisions économiques, sociales et politiques solidaires, où chaque acteur a un rôle strictement défini.. La dilution des responsabilités à travers la mise en place de différentes commissions témoignent de l'impasse du contrôle institutionnel en dehors d'un cadre cohérent, où les règlements de comptes peuvent prendre le dessus, alors que l'objectif est une totale transparence pour crédibiliser toute décision.
Le bureau comme l'a montré le grand sociologue Max Weber est nécessaire dans toute économie mais il doit être au service de la société. Il est nécessaire au fonctionnement de toute économie mais non fonctionner comme en Algérie comme pouvoir bureaucratique qui fonctionne en vase clos et qui est le pouvoir numéro 1, car les pratiques sociales contredisent souvent les discours si louables soient-ils. La refondation de l'Etat actuellement dépasse et de loin l'aspect technique de la politique.. Dans le cadre de cette refondation politique, l'Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d'innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de la promotion sociale et limiter l'action de l'immoralité et de la assabia (relations tribales et de clientèles) facteurs de la décadence de toute société avec les résurgences identitaires, Le pouvoir inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un Etat de droit.
2. La sphère informelle, produit des dysfonctionnements des appareils de l'Etat, facteur de corruption
La lutte contre le terrorisme bureaucratique et la corruption en Algérie renvoie à la problématique de la sphère informelle et pose la problématique d'une manière générale de la difficile construction de l'économie de marché concurrentielle et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle. Car la sphère informelle, produit de la bureaucratie, contrôle plus de 33% de la masse monétaire en circulation selon la banque d’Algérie(2019), somme colossale, avec une intermédiation financière informelle réduisant la politique financière de l'Etat.. Or son intégration est urgente loin des mesures autoritaires (répressives) qui produisent l'effet inverse, et ce, afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et l'émergence de la véritable entreprise lieu permanent des richesses et donc favoriser les flux d'investissements nécessaires pour une croissance hors hydrocarbures condition de l'atténuation de la pauvreté et du chômage, la vocation de Sonatrach n'étant pas de créer des emplois. Les produits subventionnés, la distorsion, de la cotation du dinar par rapport aux pays voisions favorisent le trafic aux frontières lié à cotation du dinar sur le marché parallèle favorisant les surfacturations. La procédure est simple je vous achète 1 euro vous me facturer 1,10 ou 1,20 euros et on partage et comme la différence avec le marché parallèle est de 50%, il y a encore une rente au niveau du marché intérieur où souvent le prix final s’aligne pour les produits importés sur le marché parallèle excepté les produits subventionnés où avec une importation en devises de biens et services ( souvent oubliés 10/12 milliards de dollars /an 2010/2019 la surfacturation étant plus importante) d’environ 930 milliards de dollars entre 2000/2019, avec une surfacturation de 15%, cela donne140 milliards de dollars soit près de trois fois les réserves de change au 31/12/2020.
Ainsi la réforme bancaire, lieu de distribution de la rente, doit toucher fondamentalement la nature du système et pas seulement la rapidité de l'intermédiation financière (aspect purement technique), rapidité qui paradoxalement pourrait faciliter des détournements plus rapidement si l'on ne s'attaque pas à la racine du mal qui ronge le corps social. Ainsi se pose la question suivante : combien de banques ont-elles une comptabilité décentralisée selon les normes internationales, seules condition d'audits internes sérieux ? Il convient de se poser la question de savoir si l'on peut continuer dans cette voie hasardeuse, situation qui menace le fondement de l'Etat lui-même et la sécurité nationale. Dans ce cadre, la sphère informelle produit historique de l'extension de la bureaucratie rentière qui tire sa puissance de l'existence même de cette sphère tissant des réseaux diffus de corruption n'est que la traduction de la faiblesse de la démocratisation du système économique et politique, donnant d'ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l'information, pouvant favoriser sans démocratisation la corruption. Dans ce cadre, l'intégration de la sphère informelle selon une vision cohérente, loin de toute vision bureaucratique autoritaire doit aller de pair avec par une participation plus citoyenne de la société civile et devant favoriser la légitimité de tout Etat du fait qu'elle permettra à la fois de diminuer le poids de la corruption à travers les réseaux diffus et le paiement des impôts directs qui constituent le signe évident d'une plus grande citoyenneté, l’ élément fondamental qui caractérise t le fonctionnement de l'Etat de droit étant la confiance. On peut émettre l'hypothèse que c'est l'Etat qui est en retard par rapport à la société qui enfante des règles qui lui permettent de fonctionner.
3.- L'absence d'un système d'information fiable rend difficile le contrôle
La non maîtrise des données internationales, la faiblesse de la codification existante, la rente ayant pendant des années comblé les déficits au nom d'une paix sociale fictive, la marginalisation des compétences, tout cela engendré fondamentalement par la nature du système bureaucratique expliquent l'effondrement du système d'information à tous les niveaux ou parfois des responsables sont informés par la presse ignorant le fonctionnement de leur secteur .Or la base de toute décision repose sur une information fiable et une erreur de politique économique peut se chiffrer en pertes pour la Nation de plusieurs centaines voire des milliards de dollars. Il existe des liens complexes entre le façonnement des comptes au niveau des entreprises et l'environnement et lorsqu'on invoque la " mauvaise gestion ". Il y a lieu de bien cerner l'ensemble des causes internes et externes du résultat brut d'exploitation. D'autant plus que les opérateurs qu'ils soient publics ou privés durant cette phase où la bureaucratie est omniprésente subissent des injonctions qui échappent à leurs propres initiatives. Cela est plus patent pour les entreprises publiques et les différentes formes d'organisation qu'elles ont connues depuis l'indépendance à nos jours ne font que traduire les rapports de force liés aux partages de la rente. Le passage des fonds de participation aux Holdings, puis au SGP en a été une illusion. Ces chevauchements de compétences expliquent en grande partie le manque de transparence. La confusion des rôles jouant comme vecteur dans ce sens dans la mesure où la forme d'organisation ne fait que traduire les objectifs ou les non objectifs qui ont un soubassement politique. La marginalisation des compétences et l'exode de cerveaux qui prend des propositions alarmantes dans la mesure où cela constitue un détournement financier indirect n'en sont que la conséquence. Ces structures hétéroclites bloquent la circulation de l'information qui en cette fin du XX siècle avec la révolution d'Internet constitue le véritable pouvoir, certaines sous structures ou personnes acquérant plus de pouvoir par la détention de certaines informations. Ces réseaux croisés - étanches - expliquent que lors de séminaires à intervalles de quelques mois, des responsables différents donnent des chiffres différents parfois contradictoires. Par exemple les différents taux de croissance donnés qui contredisent les tests de cohérences.
La non maîtrise parallèlement des techniques de sondage où l'on distingue généralement pour les audits le sondage pour acceptation des attributs ( taille de l'échantillon 850 ) le sondage pour acceptation (taille 300) et le sondage de dépistage ( taille 150 ) avec un taux d'erreur acceptable entre 1 et 2 % , ces trois techniques cherchant à estimer des proportions, complétées par la technique du sondage pour estimation des variables ( estimation des valeurs), accentuent la désinformation ; car les enquêtes exhaustives reviennent extrêmement chères sans compter la perte de temps. Dès lors au niveau macro-économique obtient t- on souvent des résultats erronés en termes de test de cohérences. Cela pose toute la problématique d'ailleurs du contrôle des services collectifs dont la gestion repose sur des méthodes dépassées à l'instar du système bancaire totalement sclérosé en termes de méthodes de gestion. Car ces structures ont à leur disposition des sommes importantes par le canal du budget et se pose le problème de leur efficience en termes d'optimalisation des services publics. D'où l'importance d'un système d'information transparent car du fait de sa faiblesse ; il y a des difficultés de l'appréciation des performances. Car l'expérience montre souvent des amortissements exagérés par rapport aux normes internationales pour des unités comparables, le gonflement de la masse salariale qui éponge la valeur ajoutée l'absence d'organigrammes précis des postes de travail par rapport au processus initial, gonflement démesuré des frais de siège qui constitue un transfert de valeur en dehors de l'entreprise avec prédominance des postes administratifs, comptabilités à prix courants de peu de signification ne tenant pas compte du processus inflationniste.
Et comme au niveau macro-économique la production est production de marchandises par des marchandises nous sommes dans le brouillard pour tester les performances individuelles surtout en absence de comptes de surplus phvsico-financiers à prix constants qui peuvent aider à suppléer à ces déficiences. Aussi s'agit de bien spécifier les facteurs internes à l'entreprise des facteurs externes. Au niveau interne car beaucoup de gestionnaires rejettent la responsabilité sur les contraintes d'environnement en soulignant l'importance des créances impayées, force de travail inadaptée, blocage bancaire, infrastructures (logement - santé, routes ) mais oublient d'organiser leur entreprise. Combien d'entreprises publiques possèdent-elles la comptabilité analytique afin de pouvoir déterminer avec précision leur coût car l'objectif est de produire au moindre coût alors que l'ancienne culture était mue par l'unique dépense monétaire. Combien d'entreprises établissent un budget prévisionnel cohérent- du personnel, des achats, des ventes déterminant les écarts hebdomadaires, mensuels entre les objectifs et les réalisations, ces opérations budgétisées étant la base du plan de financement, sans compter la faiblesse des différents travaux comptables de base :
- fiche de pré-capitalisation, fiche récapitulative de la journée, tenue du compte respectif sur chaque feuillet, la vérification sur imprimante de l'égalité des débits et crédits puis la division des documents sur le journal.. Par ailleurs, , l'absence d'observatoire de l'évolution des cours boursiers rend problématique la rubrique achat de matières premières figurant dans le compte d'exploitation générale sans compter les taxes douanières dont le taux s'applique au cours. Bon nombre de produits comme le blé, le rond à béton ect… sont cotés journellement à la bourse, où les fluctuations des monnaies clefs ont des incidences aussi sur le prix d'achat. La compréhension des mécanismes boursiers, des trois monnaies clefs l'évolution du Dollar, du Yen et de l'Euro et certainement le yuan chinois dans les années à venir a des incidences importantes sur sa trésorerie parallèlement aux fluctuations du prix des hydrocarbures en attendant la mise en place d’une économie hors hydrocarbures qui mettra du temps minimum cinq à 10 ans si les réformes structurelles sont mises en place en 2021.
4.-L'efficacité du contrôle : une vision stratégique des nouvelles mutations et la cohérence des institutions
Le management de l'innovation, avec la dominance des services constitueront à l'avenir le moteur de la croissance. C'est que les facteurs contribuant à la compétitivité sont classés : 4O % changement des structures, 40 % nouvelles technologies et 20 % réduction des coûts. Les réformes structurelles ont comme base la réussite de l'effort de stabilisation macro-économique afin de réduire le taux d'inflation qui rend impossible tout projet à maturation lente, impliquant parallèlement la stabilité juridique et monétaire afin d ‘éviter de vives tensions sociales en 2021/2022 avec la tendance à l’épuisement des réserves de change horizon 2022 qui tiennent la cotation du dinar à plus de 70% ..Les réformes doivent toucher impérativement : premièrement, la refonte du système financier, base de l'économie de marché dont d'ailleurs le dernier rapport de la Banque mondiale sur l'Algérie déplore sa léthargie. Sans réseaux liés au système mondial il ne faut pas s'attendre à la réussite des réformes. Les lenteurs bancaires contredisent l'effet temps qui est de l'argent plusieurs semaines voire des mois pour un virement ; ; deuxièmement, la refonte du régime foncier dont la facture alimentaire couvre le PNDA n'ayant pas eu les effets escompté ; troisièmement, la refonte du système socio-éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle inadaptée à la révolution de l'économie ; informationnelle et dont les taux de déperdition malgré un budget croissant sont inquiétants. quatrièmement, la refonte de la gestion des services collectifs en introduisant pour les biens divisibles des paramètres marchands pour tester de leur efficacité tout en encourageant leur mixité. L'administration notamment doit être au service de l'économique et du social et non fonctionner en vase clos bureaucratique lorsqu'un Wali accueillera un investisseur désirant créer des emplois avec éclat au perron de sa wilaya avec un tapis rouge, la mutation culturelle et le changement du système auront commencé ; cinquièmement, sous réserve de la refonte du système financier en relation avec celui de la sécurité sociale, la bourse des valeurs en économie de marché est le lieu de la sanction économique appliquant concrètement la loi de l'offre et de la demande. Aussi sous réserve de la modification nécessaire de la propriété, permettant aux titres divers de circuler librement sans entraves étatiques, transitoirement, la commission des opérations de bourse des valeurs devrait garantir la sécurité des transactions, la sécurité des clients. Pour l'Algérie cela suppose à l'avenir une révision du droit des affaires du plan comptable national intégrant la comptabilité des sociétés et par conséquent l'élargissement de la mission d'audit à travers des équipes pluridisciplinaires complexes où travailleraient l'économiste- gestionnaire, le sociologue, le juriste le technologue par spécialité - et le comptable ; sixièmement, les mécanismes de contrôle en économie de marché doivent définir clairement le droit de propriété et la nature du rôle de l'Etat pour favoriser le contrôle. Qui est propriétaire ? Car pour pouvoir sanctionner une entité, il faut qu'elle ait été responsable. Peut- on sanctionner un directeur général qui a subi une injonction externe. Un directeur général d'entreprise publique est-il propriétaire dans le sens économique large- véritable pouvoir de décision-de son entreprise? Qui est propriétaire de l'ensemble de ces unités économiques et de certains segments des services collectifs se livrant à des opérations marchandes? C'est toute la problématique du passage de l'Etat propriétaire gestionnaire à l'Etat Régulateur ou stratège que n'ont résolu jusqu'à présent à travers les différentes organisations de 1965 à 2020 , grandes sociétés nationales 1965/1979- leurs restructurations de 1980/1987, ,puis les fonds de participations vers les années 1990, puis holdings 1995/199, puis entre 2000/2020 les sociétés de participation de l'Etat SGP et récemment au retour à la tutelle ministérielle.. Pour comprendre cette situation et trouver les moyens de son dépassement il y a lieu de poser fondamentalement la nature du Pouvoir qui peut être synthétisé sous formes de cercles interdépendants ou à l'aide de modèles matriciels avec des pondérations suivant les rapports de force du moment mais évolutifs. Ainsi les politologues distinguent quatre (4) cercles de décision.
Le premier cercle est celui par lequel transitent toutes les décisions sans exception Président de la République et son staff et toutes les institutions qui lui sont rattachés dont la défense , le ministère des affaires étrangères, des instituons comme le conseil de sécurité; le second cercle le Chef du Gouvernement ou le Premier Ministre avec son staff ; le troisième cercle les ministères de souveraineté et de l’ économie le Ministre de l’ intérieur, de la justice ,des Finances, de l’Energie ; de l’investissement ; le quatrième cercle est l'ensemble des organisations politiques ( émanation du parlement) juridictionnel ( Conseil Constitutionnel, Conseil d'Etat, Cour des Comptes, Conseil Economique et Social , Conseil de la concurrence, Conseil national de l’Energie, en plus les conseils culturels et religieux ) ; le cinquième cercle est composé des administrations sectorielles centrales et locales ; le sixième cercle de la décision est celui des syndicalistes, organisations professionnelles ou patronales, associations, entreprises publiques et privées, Existe un septième cercle pouvant être représenté par l'extérieur du fait des accords internationaux de l'Algérie notamment avec le FMI, la Banque mondiale et d'autres institutions internationales (UE - OMC). ) Il va sans dire que cette organisation reflet de l'avancée du processus de démocratisation - intimement liée à un meilleur contrôle implique de mieux définir à l'avenir les textes d'application tenant compte des liens entre la démocratie politique économique et sociale, et surtout de leurs mises en œuvre sur le terrain. Pour les différents cercles énumérés l'on peut modéliser sous formes d'un schéma matriciel pour déterminer les inter-actions complexes entre les différents acteurs de la vie sociale face à certaines décisions, l'élément socio- culturel devant être pris en charge.
C'est que la crise mondiale actuelle a bien montré l'urgence de l'intervention des Etats du fait que les mécanismes de marché seuls ne garantissent pas la transparence et le développement. Du fait que toute société est caractérisée par les imperfections des marchés - hypothèse de marchés totalement concurrentiels étant la tendance idéale, l'intervention de l'Etat régulateur s'avère stratégique afin de concilier les coût sociaux et les coûts privés, mettre à la disposition des opérateurs préoccupés par leur gestion quotidienne, de l'information afin de minimiser les risques, donc les coûts de transaction , au moyen d'observatoires au niveau macro-économique, parallèlement à une politique monétaire, fiscale, douanière, claire, permettant des prévisions sur le moyen et le long terme. Si l'on excepte la mauvaise gestion de certaines entreprises publiques qui accaparent une partie importante du financement public, il ne faut jamais oublier l'administration et les services collectifs dont les infrastructures qui également accaparent la mauvaise gestion des services collectifs. Ainsi, malgré une dépense publique colossale entre 2000/2020, le taux de croissance a été dérisoire -moyenne de 2/3%, accentuant le chômage avec la pression démographique ( population au 01/01/2020 de plus de 44 millions d'habitants) alors qu'il aurait du dépasser 10% :mauvaise gestion ou corruption alors que l’objectif est la création de 350.000/400.000 emplois par an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel nécessitant pendant plusieurs années un taux de croissance 8/9% par an. ? D'où l'urgence de la rationalisation de la dépense publique, les services collectifs devant être gérés selon des normes fiables étant souhaitable dans ce cadre de l'adoption de l'obligation de la loi de règlements budgétaires pour pouvoir permettre à l'APN de contrôler l'affectation et l'efficacité des deniers.
A ce titre il convient de se poser la question de l'efficacité des transferts sociaux souvent mal gérés et mal ciblés qui ne s'adressent pas toujours aux plus démunis. Il semble bien qu'à travers toutes les lois de finances l'on ne cerne pas clairement les liens entre les perspectives futures de l'économie algérienne et les mécanismes de redistribution devant assurer la cohésion sociale, donnant l'impression d'une redistribution passive de la rente des hydrocarbures sans vision stratégique, bien qu'existe certaines dispositions encourageant l'entreprise. Dans ce cadre, de la faiblesse de la vision stratégique globale, le système algérien tant salarial que celui de la protection sociale est diffus, et la situation actuelle, plus personne ne sait qui paye et qui reçoit, ne connaissant ni le circuit des redistributions entre classes d'âge, entre générations et encore moins bien les redistributions entre niveaux de revenus ou de patrimoine.. S'est-on interrogé une seule fois par des calculs précis le prix de revient des services de la présidence, du chef du Gouvernement, des différents Ministères et des wilayas et APC, de nos ambassades (car que font nos ambassades pour favoriser la mise en œuvre d'affaires profitables aux pays ?), du coût des différents séminaires, et réceptions et commissions par rapport aux services rendus à la population algérienne ?
Ces dépenses constituent un transfert de valeur que paye la population qui est en droit, en Démocratie, de demander l'opportunité et la qualité du service rendu, mais que voile le transfert de rente en Algérie qui est la propriété de tout le peuple algérien. Or ces segments sont importants en tant qu'éléments devant favoriser la création de surplus, la fonction étatique devant s'inspirer des normes économiques spécifiques (dont on ne peut leur appliquer les principes de productivité des entreprises contrairement à la déclaration de certains politiques) et non se limiter aux actes administratifs bureaucratisés sclérosants. La difficulté de quantification n'exclut en aucune manière l'analyse qualitative. Les services collectifs doivent être gérés selon des normes fiables étant souhaitable dans ce cadre de l'adoption de l'obligation de la loi de règlements budgétaires pour pouvoir permettre à l'APN de contrôler l'affectation et l'efficacité des deniers.
En résumé, comme l’ a mis en relief l’économiste de renommée mondiale , feu John Maynard Keynes, il Il vaut mieux que l'homme exerce son despotisme sur son compte en banque personnel que sur ses concitoyens. Comme je le rappelais dans une interview donnée au grand quotidien financier , les Echos -Paris " le 07 aout 2008, " le terrorisme bureaucratique et la corruption sont les obstacles principaux au frein à l'investissement porteur en Algérie " (voir www.google.com 2008). La lutte contre la mauvaise gestion et la corruption renvoie à la question de bonne gouvernance, de la rationalisation de l'Etat dans ses choix en tant qu'identité de la représentation collective. Cela n'est pas une question de lois vision bureaucratique et d'une culture dépassée, l'expérience en Algérie montrant clairement que les pratiques sociales, quotidiennement, contredisent le juridisme
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international, haut magistrat (Premier conseiller) et directeur général des études économiques à la Cour des Comptes 1980/1983
Abderrahmane Mebtoul- docteur d’Etat en gestion (1974) Expert comptable de l’institut supérieur de gestion de Lille France - membre de conseils scientifique de plusieurs organisations internationales –auteur de 20 ouvrages et plus de 700 contributions nationales/internationales , Professeur des Universités, expert international- Président de l’Association Nationale de Développement de l’Economie de marché ADEM de 1992/2016 - agrément ministère Intérieur 63/92- - Président du Conseil National des Privatisations 1996/1999 sous la période du Président Liamine Zeroual – haut magistrat premier conseiller et directeur général des études économiques à la Cour des comptes 1980/1983- expert au conseil économique et social 1995/2008- directeur d’études Ministère Energie Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007-2013/2015. A ce jour chef de file de la délégation algérienne de la société civile des 5+5+Allemagne de la méditerranée orientale et président de la commission transition énergétique
Références Toutes nos contributions entre 2012 et janvier 2021 www.algerie1.com
Pr A. Mebtoul -Le poids de la sphère informelle produit de la bureaucratie et les enjeux géostratégiques Institut Français des Relations Internationales IFRI décembre 2013 réactualité dans la revue stratégie IMDEP Ministère de la défense nationale octobre 2019- – American Herald Tribune 28/12 2016- « toute déstabilisation de l’Algérie aurait des répercussions géostratégiques sur tout l’espace méditerranéen et africain » - American Herald Tribune USA 11 aout 2018 – Bilan et perspectives de l’économie algérienne »– Africa-Presse Paris France - (3/3) : « Pas de développement pour l’Algérie sans vision stratégique d’une économie hors hydrocarbures » 10 août 2018 – « Les cris de la jeunesse d’Algérie pour un profond changement doivent être entendus » 5 mars 2019.