Il y a 62 ans, le 20 août 1955, soit moins d’un an depuisl’étincelle de novembre 54, l’armée coloniale, qui avait doublé ses effectifsdans le Nord Constantinois, procédait à une stratégie d’étranglement de larégion des Aurès, foyer originel de la Révolution ; avec comme desseinsclairs : asphyxier le maquis et son lien ombilical que constituait lapopulation locale.
Il s’agissait alors pour l’ALN de trouver la tactique laplus appropriée pour, d’une part, «répondre aux cris des Aurès encerclés»et d’autre part, «donner un grand éclat à la révolution naissante» commele souligne secrétaire de l’ONM de Constantine, Mohamed El Hadi Kracha ditHamoudi, dans un témoignage à l’Aps.
C’est le grand chef militaire et fin stratège, ZighoudYoucef devenu le premier responsable de la zone II après la mort de DidoucheMourad le 18 janvier 1955, qui allait concevoir les plans d’une offensive auxallures d’un tournant décisif dans le long combat du peuple algérien contre lecolonialisme français.
Méticuleusementpréparée depuis le mois de mai 1955, soit trois mois avant son lancement, cetteoffensive d’envergure devait porter sur des actions d’éclats de guérillaurbaine, où Zighoud Youcef excellait particulièrement.
«Il réunit ses ‘’fidaiyine’’ à Djebel Ouahch, sur leshauteurs de Constantine, pour leur expliquer son plan, consistant à attaquer desinstitutions et lieux publics occupés par les colons», témoigne encore Hamoudi.
L’attaque fut programmée pour 12 heures tapantes, en pleinjour.
C’est ainsi qu’à l’heure fixée le jour J, la premièreattaque des fidaine à Constantine a ciblé le Casino, à coup de grenades, tandisque d’autres ont visé la pharmacie de Trik Jdida (actuelle avenue LarbiBenmhidi), où un accrochage avec la police a eu lieu par la suite au niveau del’ascenseur qui surplombe l’oued Rhumel.
L’attaque d’un commissariat à Bab El Kantara est égalementévoquée , à l’issue de laquelle les fidaine se sont enfuis en direction del’oued Rhumel en passant par Ain Mizeb, alors qu’au même moment, un autregroupe de fidaine a réussi à hisser le drapeau algérien sur la mosquée ElKetania et Djamaâ El Kebir.
En définitive, bien des analystes considèrent que la dimensionéminemment politique de l'insurrection du Nord-Constantinois s'inscrivait dansle sillage du 1er novembre et constituait le prolongement direct de l'Appel àl'insurrection armée qui s'est vue contrainte de prendre en main la destinée dupeuple algérien livré à toute sorte d'assujettissement et d'exploitationcoloniale.
Le chef politico-militaire d’exception qu’était ZighoudYoucef soulignait déjà et lors d'une réunion de l'état-major de la zone II, àTaïrou, à l'est de Settara, en novembre 1955 : «Si nous avons perdumilitairement et gagné politiquement dans le nord-est du Constantinois,c'est-à-dire à Skikda et sa périphérie, je peux vous dire que nous avons gagnémilitairement et politiquement dans le nord-ouest du Constantinois, et plusparticulièrement à El Milia», tel que rapporté par des historiens.
De fait t, les évènements du 20 août 1955 ont égalementpermis d’inscrire la "question algérienne" à l’ordre du jour del’assemblée générale de l’ONU le 30 septembre 1955 à la demande de 15 pays surles 29 qui avaient participé à la conférence de Bandung (Indonésie) desnon-alignés.