Le Secrétaire général du parti FLN, Djamel Ould Abbès n’a pas boudé son plaisir lors de la cérémonie qu’il a organisée en l’honneur de Hakim Bettache, ancien-nouveau maire d’Alger centre, qu’il a attiré dans le giron de son parti. Devant un parterre de journalistes, Ould Abbès annonçait fièrement que le parti FLN a été rallié par plus de 70 nouvelles APC pour atteindre environ 700 au total. Autrement dit, Ould Abbès est très content d’avoir «volé» les élus qui ont été élus sur les listes des autres partis !
Le spectacle est affligeant surtout de la part du parti, majoritaire dans toutes les assemblées, qui n’avait pas besoin d’un coup de ces élus-voyageurs qui n’ont aucun respect à ceux qui les ont choisi. L’interdiction du nomadisme politique qui a été gravé sur le marbre de la Constitution adoptée par le parlement, profite curieusement au premier parti qui domine les deux chambres…
Le comble est que son patron se félicite de ce que son parti récupère, par un moyen détourné et au mépris de la volonté populaire, des élus qui ont été choisis précisément parce qu’ils ne sont pas issus du PFLN entre autres.
Mais au-delà de cette pêche miraculeuse qui engraisse le parti d’Ould Abbès, et permet à ce dernier, de rire aux éclats et plastronner devant les caméras, c’est le fossé entre le citoyen-électeur et l’acte de voter qui s’élargit un peu plus. En effet, le peu d’Algériens qui consentent encore à aller glisser le bulletin dans l’urne se rend compte que son choix n’est pas respecté y compris par celui qui sollicite sa voix.
Alger centre, tout un symbole…
En l’occurrence, le maire d’Alger centre, Abdelhakim Bettache a dépassé toutes les limites de la bienséance en se permettant de faire allégeance au PFLN après l’avoir battu de manière nette et sans bavure.
Ayant été élu confortablement président de l’APC d’Alger, il n’avait pas besoin de l’étiquette du parti majoritaire pour imposer la sienne. Mais, il a tout de même signé l’acte de ralliement lors d’une cérémonie au siège national du parti à Hydra en présence de tous les médias. Tout se passe comme s’il s’agissait d’un haut fait d’armes politiques qui allait être annoncé. Or, il était question de dire aux milliers d’Algérois qui ont distingué sa liste «la perle d’Alger» qu’il a décidé de changer de veste et de couleur…
Lamentable que cette façon de faire de la politique qui réduit l’électeur à un moins que rien. Il n’a plus de voix au chapitre. Ils sont malheureusement des centaines d’élus à avoir troqué leurs principes- si tant est qu’ils en ont- contre une ambition de monter dans le grade.
Pour tous ces élus ayant rejoint le FLN, ce parti est une rampe de lancement d’une carrière politique qui peut mener très haut. Se pose alors la question de savoir pourquoi at-on interdit le «nomadisme politique» est interdit uniquement dans l’Assemblée nationale.
A quoi bon voter…
En effet, on n’aurait jamais constaté ce phénomène si l’interdiction concernait également les APC et APW. Ce n’est que maintenant que le ministère de l’intérieur évoque une volonté de corriger cela. Mais le mal est déjà fait et les correctifs n’entreront en vigueur qu’en… 2022.
On a donc sciemment laissé faire pour faire profiter le parti FLN qui peine, sous Djamel Ould Abbès, à rééditer ses scores hégémoniques. Il est loisible de deviner le souci de permettre à ce parti- qui se confond avec l’Etat- de profiter de la mise des «nomades» pour consolider sa position et s’éloigner un peu plus du RND.
Cependant et abstraction faite, de cette subite «bénédiction» de la transhumance politique pour le parti d’Ould Abbès, c’est la pratique politique dans son ensemble qui s’en trouve gravement impactée. Le discrédit est déjà tel que les bureaux de vote sont horriblement vides dans les grandes villes. «A quoi bon voter, ce sont les mêmes qui reviennent». Ce refrain revient comme un leitmotiv dans la bouche des Algériens définitivement désillusionnés par un discours sans lendemain.