Fort de la décision du MadjlissEchoura qui la conforté dans son refus catégorique de participer au prochain gouvernement(186 contre, 13 neutre, 9 oui), Abderrazak Makri a animé samedi un point depresse.
Pour l’occasion et bien quefatigué par la longue "nuit des longs couteaux", son discours est empreint d’unetonalité radicale, dressant un réquisitoire violent contre le pouvoir qu’il accused’être «le seul responsable de la situation dans laquelle se trouve l’Algérie.»
Avant de revenir sur la décisiondu Madjliss Echoura, prise la veille, Abderrazak Makri a remonté un peu le coursde l’histoire pour s’arrêter sur le choix de son parti, en décembre dernier, d’êtrepartie prenante du processus électoral, alors qu’il siégeait encore dans la CNLTD.
«Le MSP avait pris très tôt la décision de participer auxlégislatives, considérant que c’était un moyen de poursuivre notre combat enfaveur du changement, d’autant que la situation du pays est sensible, à cause dela crise politique et économique qui inquiète le citoyen du présent mais surtoutdu futur du pays», développe-t-il.
Dans le cadre de cette participation «pour l’intérêt dupays», le MSP a élaboré un programme complet, «un programme auquel ontpris part pas moins de 130 experts en économie, en politique qui ont travailléplusieurs semaines», ajoute Makri
Selon lui, ce programme «est un signe de notre bonnefoi, de notre part, considérant que ces élections pouvaient être une opportunitépour sortir le pays de la crise»
Ce programme est sous-tendu par deux idées-forces, à savoir«une transition économique, pour sortir l’Algérie de la rente pétrolière,une transition politique pour élargir les espaces démocratiques».
Makri a même révélé que son parti avait exprimé la volonté d’entrerdans le futur gouvernement «pour l’intérêt supérieur de l’Algérie en dépit d’unesituation politique et économique difficile, dont le système est le seulresponsable».
Mais les résultats des législatives avec à peine une trentainede députés a complétement chambouler l’équation, selon Makri qui parlent de ceslégislatives comme d’une nouvelles «occasion gâchée».
Au passage, il révélera que le Premier ministre l’avait contactéà trois reprises pour l’inviter à entrer dans le gouvernement, deux fois avantles élections et une troisième fois après les élections pour «féliciter» leparti pour ses résultats.
«Je suis allé le voir pour luidire que moi personnellement et les membres du bureau national sommes contre laparticipation au gouvernement, mais je lui ai dit que nous sommes un partidémocratique, la décision appartient au Madjliss Echoura»
«Si le Madjliss me désavouait et optait pour la participation,je démissionnerai ainsi que les membres du bureau», ajoute Makri, s’adressantau Premier ministre.
Le chef du MSP, qui évoque sur le mode de la suggestion, despressions subies ces derniers temps par son parti profite pour dire «lespartis politiques doivent être des institutions et non des appareils dirigés de l’extérieur par des appels téléphoniques. Il faut que l’Etatrespecte les partis politiques, leur autonomie de décision, l’Etat doit êtrele garant d’une concurrence loyale entre les partis politiques, c’est cela la basede la démocratie, la solution pour la crise algérienne est dans la force despartis politiques» martèle-t-il avecdes intonations de gravité.
«La solution à la crise doit d’abord commencer par uneréforme des partis politiques, des associations pour qu’ils apprennent à décideren toute autonomie pour être en phase avec leurs militants et ne pas faire deschoix en fonction des injonctions venues de haut », poursuit-il dans lamême veine.
Après cette parenthèse, le chef du MSP revient aux législativespour dire que son parti les a abordées avec «beaucoup d’optimisme», mais«en se fixant un seuil en nombre de sièges.»
Sauf que selon lui, «le vent n’a pas soufflé dans lesens de la direction empruntée par le navire», selon le vers du poète Al Mutanabbi.
Les résultats sont à l’inverse des attentes les pluspessimistes, dit-il en parlant de « fraude géante », ajoutant que sonparti «est arrivé largement en tête »
Pour autant, le chef du MSP accepte les résultats et prometde poursuivre l’action du parti «en faveur de l’Algérie », dans l’oppositionparlementaire et en dehors. Car sonparti entend relancer le dialogue politique avec la classe politique, selon unagenda qui place en tête les partis qui ont boycotté.
«Ils sont aujourd’hui la majorité, ils ont exprimé unpoint de vue politique qu’il faut écouter», termine Makri qui laisseentendre que son parti pouvait subir le retour du boumerang de sa décision d’avoirdit «niet» à Sellal.