Algérie 1

Icon Collap
...

Macron : "Je connais l’histoire, mais je ne suis pas otage du passé"

06-12-2017 06:14  Mourad Arbani

"Je connais  l’histoire,  mais  je  ne  suis  pas  otage  du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en  tenir  compte.  Mais  je  souhaite  désormais,dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir" a soutenu, mercredi, le président français Emmanuel Macron à quelques heures de son arrivée à Alger pour une visite.

Dans un entretien accordé au quotidien national El Watan,  Macron estime que "Je  suis  venu  à  Alger  à  plusieurs  reprises  à titre officiel et comme candidat. Je suis heureux de  revenir  en  Algérie  en  tant  que  président  de la  République.  Nos  deux  pays  partagent  une histoire  forte  et  il  était  important  pour  moi  de faire  ce  déplacement  rapidement  en  début  de mandat pour voir mon homologue, le président Bouteflika,  et  venir  à  la  rencontre  de  la  société algérienne.  Je  reviens  dans  l’état  d’esprit  d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens dans les années qui viennent  pour  faire  fructifier  une  relation  déjà dense. Nos deux pays doivent s’enrichir mutuellement de leur expérience, de leur savoir-faire et de leur richesse humaine et culturelle".

Pour le président français, le «nouveau rapport» avec l’Algérie est "le regard d’un homme de ma génération,d’un Président élu sur un projet d’ouverture. Je connais  l’histoire,  mais  je  ne  suis  pas  otage  du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en  tenir  compte.  Mais  je  souhaite  désormais,dans le respect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir.Le  nouveau  rapport  que  je  veux  construire avec  l’Algérie  et  que  je  propose  aux  Algériens est celui d’un partenariat d’égal à égal, construit dans la franchise, la réciprocité et l’ambition.L’Algérie et la France ambitionnent de bâtir un  axe  fort  sur  le  modèle  franco-allemand,mais il semble que les contours de ce projet ne se précisent pas encore".

Macron estime que "l’histoire  et  la  géographie  sont  différentes,mais  l’ambition  est  la  même.  Avec  l’Algérie,la  France  doit  construire  un  axe  fort,  un  axe autour  de  la  Méditerranée  qui  se  prolonge  vers l’Afrique. Bien sûr, les obstacles existent, mais il nous appartient de les surmonter avec tous les acteurs de nos sociétés.Pour  ce  faire,  nous  devons en  particulier travailler ensemble dans les domaines de l’éducation,  du  développement  économique  et  des échanges  culturels.  Les  objectifs  de  notre  relation  doivent  être en  particulier notre  sécurité et  notre  prospérité  commune  autour  de  projets concrets  et  innovants.  Je  suis  convaincu  que  la clé de cet avenir réside dans la jeunesse de nos deux  pays,  une  jeunesse  entreprenante,  pleine d’initiatives, déterminée à construire l’avenir.A ce titre, la diaspora algérienne en France est à  mes  yeux  un  atout  formidable  pour  nos  deux pays. Elle constitue un pont entre les deux rives de  la  Méditerranée  et  la  plus  belle  preuve  des liens forts et indéfectibles qui unissent la France et l’Algérie"

Comment peut-on refermer la plaie coloniale? le président français rappelle  que  "j’ai  dit  à  Ouagadougou  que  durant  la  colonisation, il y a eu des combats, il y a eu des fautes et des crimes, il y a eu des grands événements et des histoires heureuses.  Je suis d’une génération de Français pour qui les crimes de la colonisation européenne  sont  incontestables  et  font  partie  de notre histoire" avant de préciser qu'"en tant que "chef d’un Etat qui a colonisé une partie de l’Afrique mais aussi comme représentant  d’une  génération  qui  n’a  pas  connu cette période, je considère que la France est dépositaire de ce passé. Pour autant, j’ai une conviction profonde,  notre  responsabilité  n’est  pas  de  nous y enferrer, notre responsabilité n’est pas de rester dans ce passé. Elle est de connaître cette histoire et de construire un avenir commun et une espérance.Mes  convictions  sur  ce  point  n’ont  pas  changé depuis que j’ai été élu président de la République".


Nous vous proposons l'entretien dans son intégralité :

EMMANUEL MACRON. Président de la République française à El Watan

«Je reviens dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie»

Le président de la République française, Emmanuel Macron,effectue aujourd’hui une visite officielle en Algérie. A cette occasion, il nous a accordé une interview dans laquelle il livre sa vision de ce que devront être les relations entre la France et l’Algérie.«Avec l’Algérie, la France doit construire un axe fort, un axe autour de la Méditerranée qui se prolonge vers l’Afrique»,ambitionne-t-il.«Nos deux pays doivent s’enrichir mutuellement de leurs expériences, de leurs savoir-faire et de leurs richesses humaine et culturelle», propose-t-il encore. Sur le passé colonial et son propos sur«le crime contre l’humanité», il assure que ses convictions«sur ce point n’ont pas changé»depuis qu’il est devenu président de la République. Au plan économique,il estime que«beaucoup de freins à l’investissement existent...»et suggère à l’Algérie de «s’ouvrir davantage». 

Vous effectuez une visite en Algérie en tant que président de la République après celle de candidat au début de l’année. Avec quel état d’esprit revenez-vous à Alger ? Quel est le message poli-tique que vous comptez transmettre ? 

Je  suis venu  à  Alger à  plusieurs  reprises à titre officiel et comme candidat. Je suis heureux de  revenir en  Algérie  en tant  que  président de la  République.  Nos deux  pays  partagent une histoire  forte  et il  était  important pour  moi  de faire ce  déplacement  rapidement en  début  de mandat pour voir mon homologue, leprésident Bouteflika,  et  venir à  la  rencontre de  la  société algérienne.  Je reviens  dans  l’état d’esprit  d’un ami de l’Algérie,d’un partenaire constructif qui souhaite renforcer nos liens dans les annéesqui viennent  pour  faire fructifier  une  relation déjà dense. Nos deux pays doivent s’enrichir mutuellement de leurexpérience, de leur savoir-faire et de leur richesse humaine et culturelle.

Candidat  à la  présidentielle,  vous avez déclaré que vous voudriez apporter un «regard neuf  sur l’Algérie».  Quel  contenu lui  donnez-vous  aujourd’hui et  quelle  forme doit  prendre le «nouveau rapport»avec l’Algérie ?

J’ai le regard d’un homme dema génération, d’un Président élu sur un projet d’ouverture. Je connais  l’histoire, mais  je  ne suis  pas  otage du passé. Nous avons une mémoire partagée. Il faut en  tenir compte.  Mais  je souhaite  désormais, dans lerespect de notre histoire, que nous nous tournions ensemble vers l’avenir. Le  nouveau rapport  que  je veux  construire avec  l’Algérie et  que  je propose  aux  Algériens est celui d’un partenariat d’égal àégal, construit dans la franchise, la réciprocité et l’ambition.

L’Algérieet la France ambitionnent de bâtir un axe  fort  sur le  modèle  franco-allemand, mais il semble que lescontours de ce projet ne se précisent pas encore. Pourquoi, selon vous ? Existe-ildes obstacles ?

L’histoire  et la  géographie  sont  différentes,mais  l’ambition  est la  même.  Avec l’Algérie, la  France  doit construire  un  axe fort,  un  axe autour de  la  Méditerranée qui  se  prolonge vers l’Afrique. Bien sûr, les obstacles existent, mais il nousappartient de les surmonter avec tous les acteurs de nos sociétés. Pour  ce faire,  nous  devons en particulier travailler ensemble dans les domaines de l’éducation,  du développement  économique  et  deséchanges  culturels.  Les objectifs  de  notre  relation  doivent être en  particulier notre  sécurité et notre  prospérité  commune autour  de  projets concrets  et innovants.  Je  suis convaincu  que  la clé de cet avenir réside dans la jeunessede nos deux  pays,  une jeunesse  entreprenante,  pleine d’initiatives, déterminée à construirel’avenir. A ce titre, la diaspora algérienne en France est à  mes yeux  un  atout formidable  pour  nos deux pays. Elle constitue un pont entre les deux rives de  la Méditerranée  et  la plus  belle  preuve des liens forts et indéfectibles qui unissent la France et l’Algérie.

Ilest reproché à votre pays la faiblesse de ses investissements  en Algérie,  voire  un recul  par rapport  aux années  2000.  Quelles en  sont  les raisons et  comment  comptez-vous inverser  la tendance ?

L’Algérie  est un  partenaire  économique majeur  pour  notre pays.  La  France est  le  premier investisseur  étranger en  Algérie  en dehors  du secteur  des hydrocarbures.  Cela  représente un stock d’investissements français de 2,3 milliards d’euros. Ce stock aaugmenté de plus de 4% par rapport à  2015.  Nos investissements  sont  très diversifiés, notamment dans le secteurbancaire et dans l’industrie manufacturière, avec en premier  lieu l’industrie  automobile,  puis l’agroalimentaire  et  l’industrie chimique.  Si  les  projetsen  cours de  développement  se concrétisent,  le montant desinvestissements français en Algérie pourrait afficher une forte augmentationdans les années à venir. Les entreprises françaises qui investissent en Algériedans le long terme agissent en convergence avec les priorités de l’Algérie:produire sur place, produire «algérien», c’est-à-dire avec un tauxd’intégration local important, apporter des  savoir-faire  et des  technologies pour  créer de  l’emploi  et participer  à  la  diversification  et au  développement  de  l’économiealgérienne. La France investit également dans le capital humain, c’est-à-diredans la formation et le développement  des  compétences par  le  biais de ses  entreprises.  Je pense  par  exemple à  la Renault  Académie, au  Centre  d’excellence  de Schneider Electric, ou encore à laformation de la RATP pour la mobilité urbaine... Mais nous n’entendons  pas nous  reposer  sur ces  acquis.Il faut faire plus et répondre aux besoins d’une jeunesse  de plus  en  plus nombreuse  qui  arrive chaque année  sur  le marché  du  travail. Notre coopération  doit  pouvoir s’étendre  à  de  nombreux  secteurs, des  secteurs  d’avenir comme les  énergies  renouvelables,  tout ce  qui  relève de la ville du futur ou du numérique.Dans tous ces domaines, il y a des champs de coopération prometteurs entre nosdeux pays. L’Algérie doit aussi s’ouvrir davantage. Il y a encore beaucoup de  freins à  l’investissement  qui existent  sur le  contrôle des  participations  et  les  règles de  change  en Algérie.  Une  modernisation de  l’économie  est indispensable  pour  que les  entreprises algériennes  et françaises  puissent  développer leurs projets.

L’histoire  coloniale continue  d’impacter  le présent et  vraisemblablement  le futur  des  relations entre  Alger  et Paris.  Quels  sont les  gestes nécessaires   à  faire   pour   refermer  la   plaie coloniale ?Maintenez-vous l’expression «crime contre l’humanité »que  vous  avez employée  en février dernier àAlger ?

J’ai  dit à  Ouagadougou  que durant  la  colonisation, il y a eu des combats, il y aeu des fautes et des crimes, il y a eu des grands événements et des histoiresheureuses.  Je suis d’une génération deFrançais pour qui les crimes de la colonisation européenne  sont incontestables  et  font partie  de notre histoire.  En tant que chef d’un Etat qui a colonisé unepartie de l’Afrique mais aussi comme représentant  d’une génération  qui  n’a pas  connu cette période, jeconsidère que la France est dépositaire de ce passé. Pour autant, j’ai une convictionprofonde,  notre  responsabilité  n’est pas  de  nous enferrer, notre responsabilité n’est pasde rester dans ce passé. Elle est de connaître cette histoire et de construireun avenir commun et une espérance. Mes convictions  sur  ce point  n’ont  pas  changédepuis que j’ai été élu président de la République.

L’Algérie  souhaite que  la  communauté algérienne  puisse  bénéficier des  dispositions  du droit commun  français  en matière  de  séjour en France,  par  souci d’apporter  une  solution globale  et durable  aux  problèmes relatifs  à  la circulation,  à l’emploi  et  au séjour  des  ressortissants algériens sur le territoirefrançais. Est-il question  de  réviser l’accord  de  1968, d’autant qu’il est évoqué par certains, la libre circulation des  harkis et  leurs  familles entre  l’Algérie  et  laFrance ?

Il n’y a pas de vachesacrée, nous sommes prêts à réviser ce texte. Par ce texte, l’Algérie bénéficied’avantages  plus  importants que  d’autres  pays parce que ces accords datent d’uneépoque où les problèmes de migrations ne se posaient pas dans les mêmes termesqu’aujourd’hui. La  mobilité  des étudiants,  des  hommes d’affaires,  des  artistes en  particulier  est  importantepour  les échanges  économiques  et culturels.  Je souhaite  à ce  titre  que l’accord  de  mobilité des jeunes actifs puisse être mis en œuvre le plus rapidement possible.Dans le même temps, je suis déterminé à  lutter  contre l’immigration  clandestine quin’est bonne ni pour la France ni pour l’Algérie. Nous travaillerons étroitementensemble pour essayer de trouver des solutions efficaces pour lutter contre cephénomène. Je suis enfin très attaché la réciprocité et il m’importe que lesFrançais qui souhaitent se rendre en Algérie, comme les journalistes et lesreligieux, puissent obtenir leur visa.

Lephénomène du terrorisme est un défi et un danger,  quelle perception  avez-vous  de  l’émergence  des groupes  armés  au Sahel,  d’autant plus que vousavez réservé votre première visite en Afrique  au  Mali ?  Pensez-vous  que l’option militaire  à  elle seule  est  à même  de  résoudre le problème  au  Mali, sans  risque  d’atomiser la région ?

La France et l’Algérie ontun intérêt commun, celui de la stabilité de la région et de la lutte contre les  groupes terroristes,  qui  ont frappé  et  meurtri à plusieurs  reprises  nos deux  pays.  L’opération Serval  a permis  de  sauver le  Mali  des  mouvementsterroristes. Ce combat contre le terrorisme au Sahel, nous ne pourrons legagner que si nous poursuivons  le  même objectif,  celui  d’avoir des armées  africaines  fortes, capables  de  contrôler leurs  frontières et  de  prendre le  dessus  sur les groupes  terroristes.  C’est le  sens  du soutien  que nous apportons à laforce conjointe du G5 Sahel qui est en train de se déployer prioritairementdans la région des trois frontières entre le Mali, le Niger et  le Burkina  Faso.  Des premières  opérations conjointes  ont été  menées  mais il  faut  aller plus vite. Il faut des gains militaires contre les groupes terroristes  mais il  faut  aussi le  retour  des  écoles,des  administrations,  des services  publics.  Ce sera l’objet  de  la réunion  que  j’organiserai le  13 décembre à Paris avec lesmembres du G5 Sahel et ceux qui soutiennent cette initiative. Au-delà de lalutte sur le terrain il faut gagner aussi le  combat  contre la  pauvreté  et pour  le développement.  C’est l’objet  de  l’Alliance pour le Sahel que nous avons lancée ces derniers mois. S’agissant  des filières  terroristes,  je me  suis clairement exprimé à cesujet à plusieurs reprises. Ma position n’a pas changé. J’attends une coopérationtotale de tous ceux qui partagent l’objectif d’une  paix durable  au  Mali. Et  en  effet j’attends beaucoup de l’Algérie dans ce domaine.

 Autour de  la  France et  de  l’Algérie, «nous pouvons  créer un  axe  fort, porteur  d’une ambition  collective pour  la  Méditerranée et l’Afrique», aviez-vous assuré en février dernier. Or il se trouve quepour l’heure, la Méditerranée et  l’Afrique  subsaharienne sont  devenues  des lieux où périssent les migrants. Quiporte la responsabilité de ce drame ?

J’ai  parlé à  Ouagadougou  de responsabilité partagée. C’est d’ailleurs le sens général du partenariat  que je  souhaite  refonder entre  l’Europe et  l’Afrique. Cela  commence  par apporter  des solutions  concrètes pour  mettre  fin  au  drame des populations  africaines  prises au  piège  en Libye. C’est pourquoi, à mon initiative,en marge du  sommet  d’Abidjan, pour  aller  au-delà de l’indignation et trouver des solutions, nous avons élaboré un planavec 9 actions très concrètes que nous sommes en train de décliner. Un appui vaêtre apporté à l’OIM pour accélérer les évacuations de Libye et lesrapatriements vers les pays d’origine. Une partie de ces populations, celle  éligible au  droit  d’asile, pourra  bénéficier d’uneprotection et d’une réinstallation, y compris en France, grâce au dispositifque l’OFPRA a mis en place en lien avec le HCR et avec la coopération  des autorités  nigériennes  et tchadiennes.  La France  est pour  l’instant  le seul  pays  européen à avoir mis en place un tel dispositif et je souhaite que  d’autres Européens  puissent  le  rejoindre.Nous  travaillons  en parallèle  à  des actions  pour démanteler  les  réseaux  de passeurs  qui  sont  lesnouveaux esclavagistes. Cela commence par des mesures de sanctions, par exemplede gel d’avoirs, qui doivent être discutées au Conseil de Sécurité des Nations unies.Au final, c’est une mobilisation enfin à la hauteur de l’enjeu qui se met enplace. Je suis heureux que la France  ait  pu contribuer  à  l’accélérer et  participe à sa déclinaison concrète.La réponse  apportée  pour y  mettre  un terme n’est que sécuritaire, les Etats sont-ils à ce point impuissantspour n’être pas parvenus à enrayer cette tragédie en mettant en place des solutionsdurables ?

La réponse qui doit êtreapportée est multiple. Elle  est  sécuritaire sans  aucun  doute mais  elle est  également politique,  comme  en Libye    les trafiquants profitent de l’instabilité dupays pour prospérer.  Notre  action doit  conduire  à une  plus grande stabilité de la Libye.Il  s’agit  de travailler  sur  le long  terme  sur  lesraisons  qui  poussent ces  populations  à  quitterleur pays et risquer leur vie. Le défi, et c’est toute  sens du  discours  que j’ai  prononcé  à  Ouagadougou,c’est de créer les conditions pour que la jeunesse africaine puisse se projetervers un avenir et un destin qu’elle a choisis et non qu’elle subit. Qu’elle  ne soit  la  proie ni  des  passeurs, ni  des extrémistes. J’ai formuléplusieurs propositions qui permettront à  la  France d’accompagner  ce  projet d’un avenir choisi et partagé. Je pense aux partenariats universitaires  que nous  allons  multiplier pour créer  des  doubles diplômes  et  des parcours  croisés.  Je pense  également  au fonds  d’un  milliard d’euros  qui viendra  en  soutien des  PME  africaines. Ce fonds permettra de développerl’innovation et l’emploi en Afrique.

 Sansissue, la crise libyenne va en s’aggravant, notamment avec l’apparition denouvelle forme de  la  traite des  êtres  humains. Jusqu’à  quand la  solution à  cette  crise restera-t-elle  otage  des luttes d’influences des puissances ?

La  France comme  l’Algérie  soutiennent pleinement la médiation des Nations unies. L’Envoyé spécial  du Secrétaire  général  des Nations  Unies, M. Ghassan Salamé,a proposé un plan qui a été approuvé par  le  parlement de  Tobrouk.  C’est une bonne  chose.  Il faut  à  présent convaincre l’ensemble des acteurs que la seule solution pour résoudre lacrise libyenne est politique et que tous ont intérêt  à  ce que  le  processus politique,  sous l’égide  des Nations  unies,  reprenne. L’Algérie joue un rôle important sur ce dossier en animant avec  la Tunisie  et  l’Egypte un  groupe  de  travaildont  l’objectif  est de  jouer  un rôle  constructif  et de soutien  à  la médiation  de  l’ONU. Nos  deux pays continueront àtravailler étroitement sur cette question pour  contribuer  à la  résolution  de cette crise.

La  Françafrique a  longtemps  dominé les rapports entre la France et le continent africain. Estimez-vous quecette conception «néo-colonialiste» soit définitivement bannie dans les faits, autrementdit, quelle est votre propre conception ?

La  Françafrique, c’est  un  monde d’un  autre temps,  un monde  de  réseaux et  de  connivences, un  monde du  passé.  C’est tout  l’inverse  du  partenariatque j’ai proposé la semaine dernière à la jeunesse africaine. J’ai demandé ànos entreprises d’être  exemplaires  en Afrique.  D’agir  dans la transparence.  De  développer l’emploi  local. D’être àl’avant-garde en matière de responsabilité environnementale.  D’investir dans  la  formation professionnelle des jeunes. Celasera la condition du  soutien  de l’Etat.  Cela  signifie de  nouvelles méthodes et tout lemonde va devoir s’y adapter, nous-mêmes Européens,  mais  aussi l’Afrique  et tous nos partenairesdans le monde car, en matière de gouvernance et grands contrats, il faut éviterles erreurs que nous avons commises ensemble par le passé.  Ma conception  est  celle d’une  génération nouvelle  qui voit  dans  l’Europe et  l’Afrique  un destin commun et des responsabilités partagées.

LeMoyen-Orient est soumis au rythme infernal des  conflits  violents   l’équilibre  ancien semble définitivement rompu. Le Golfe persiquelui aussi en proie à des tensions qui implique en  filigrane l’Iran.  Qu’est-ce  qui  se  joue  danscette partie du monde ?

Le  Moyen-Orient est  confronté  à  de  multiples crises  qui sont  source  de déstabilisation  importante, quece soit en Libye, en Syrie, en Irak, dans le Golfe  aujourd’hui.  La stabilité  du  Golfe  estessentielle  et  la France  soutient  la  médiationkoweitienne pour trouver une sortie de crise par le dialogue et la négociation.La rivalité entre les pays du Golfe et l’Iran est également  une source  d’inquiétude.    encore,seul  le dialogue  sera  en mesure  de  réduire les tensions.  Ma  position a  toujours  été claire.  La France  souhaite jouer  le  rôle d’une  puissance modératrice  et médiatrice.  Avec  l’Iran, la  France a  un dialogue  ferme  et exigeant  pour  tenter de réduire les tensions dans la région. L’Iran est une puissance  régionale, c’est  un  fait. Mais  elle  doit jouer un  rôle  constructif dans  la  résolution des crises régionales.

Laposition sur le Sahara occidental est perçue comme étant favorable au Maroc. LaFrance ne devrait-elle pas avoir une attitude plus équilibrée sur  cette question  pour  pouvoir influer  sur  le règlement de ce conflit en suspens ?

Notre  position équidistante  sur  cette question est bien connue et n’a pas changé. Et elle ne changera pas. Ledialogue entre l’Algérie et le Maroc sur cette question est primordiale.Ensemble, avec l’appui  de  la communauté  internationale,  vos  deuxpays doivent œuvrer à la résolution de cette crise.  Son règlement  constitue  un énorme  défi pour  l’intégration du  Maghreb.  Elle représente un  blocage  économique majeur  pour  la  région.J’espère que le Maroc et l’Algérie sauront dépasser  leur divergence  pour  construire un  Maghreb fort, uni et prospère.  







Voir tous les articles de la catégorie "A la une"