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Lutter contre la corruption : les mosquées à la rescousse

08-07-2020 15:34 

Peut-on lutter efficacement contre lacorruption en s’appuyant sur les prêches des imams dans les mosquées ?Pour bizarre qu’elle puisse paraître, cette question n’en est pas moins d’actualité. Et pour cause !

Une convention vient d’être signée, entre leministère des Affaires religieuses et des wakfs et l’Organe national deprévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), dans le but de coordonnerles efforts et d’intensifier l’action de sensibilisation à la prévention de cefléau.

Intitulée «Une Algérie nouvelle sans corruption» pourêtre dans l’air du temps, cette convention ratifiée par le ministre desAffaires religieuses et des wakfs, Youcef Belmehdi et le président de l’ONPLC,Tarek Kour, devrait donc, escompte-t-on, sensibiliser les algériens -lesfidèles évidemment- sur le danger de la corruption qui «menace la Nation»   

Le responsable de l’office de lutte contre lacorruption n’a pas manqué de souligner justement que ce danger «exige lasensibilisation du citoyen aux effets négatifs de ce fléau, et en œuvrant à lebannir».

Concrètement, le ministère des affaires religieuseset l’ONPLC s’engagent à travers cette convention, à  renforcer la «sensibilisation aux dangerset à l’impact de la corruption sur l’individu et la société, en investissantles espaces relevant du ministère et des wakfs et en œuvrant pour la promotiondu rôle des établissements religieux dans l’immunisation des individus et leur protectioncontre les différents maux sociaux, à travers la valorisation de l’éducation etdes valeurs morales».

Tout un programme ! Mais, s’il suffisait justede prêcher la bonne parole devant ses ouailles, cela fait longtemps que lacorruption décrétée «haram», aurait disparu du pays tant chaque vendredi, desmilliers d’imams invitent les fidèles à s’interdire ces pratiques condamnéespar l’Islam avant qu’elles ne soient criminalisées par la loi.

Un vœu pieux…

Il faut d’abord souligner que la pratique de lacorruption est antinomique à la pratique religieuse et partant, les corrompusne fréquentent pas les mosquées, bien au contraire !

Il est en effet impensable que le fidèle lambda quifréquente les mosquées pour y accomplir ses prières soit celui qui s’adonne àla grande corruption. Et quelques exemples de gens à la fois «pieux» etcorrompus, ne sauraient expliquer le phénomène.

Or, ce serpent de mer qui gangrène l’économienationale, voire met le pays en «danger» comme le souligne le ministre, est l’oeuvrede gros poissons tapis dans les rouages de l’Etat et plus généralement dans le système.

Les sommes astronomiques d’argent volé, détourné et transféré,que révèlent les procès des anciens hauts responsables dontdeux ex Premier ministres, des ministres, des hommes d’affaires proches dupouvoir, prouvent si besoin est que la grande corruption n’est pas «accessible»aux simples fidèles des mosquées.  Même si, faut-il tout de même le souligner, on a vu ces mêmes responsables corrompusse draper d’oripeaux de religiosité pour donner le change et pourquoi pas bonneconscience.

Ce type de crimes économiques suppose le pouvoir dedécision et des réseaux d’association de malfaiteurs, qui se partagent l’argentpublic dans des opérations fumeuses et sulfureuses qui bénéficient duparapluie des institutions contrôlées par une véritable «Issaba» (bande).

Il est certes bien d’associer la mosquée dansl’effort de moralisation de la vie publique. Mais prétendre lutter contre lacorruption via les belles paroles des imams s’apparente à prêcher dans ledésert…

Les amateurs de la corruption et de la rapine nefréquentent pas les mosquées. Ils n’ont pas d’autres religions que le fricpourri.   

La lutte efficace contre le fléau de la corruptionsuppose d’abord et surtout une grande volonté politique et non pas desincantations.  

C’est dire que quelque soit le «mécanisme commun»qu’on voudrait bien mettre en place, il ne fonctionnera jamais dans le mêmeengrenage. Le reste n’est que belles paroles, et vœux pieux…



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