Le chef des Toubous en Libye, Issa Abdelmajid Mansour, a dénoncé aujourd’hui à l'AFP un plan de "nettoyage ethnique" visant sa tribu, brandissant pour la première fois la menace séparatiste, au lendemain de violences tribales impliquant des Toubous, dans le sud du pays.
"Nous annonçons la réactivation du Front toubou pour le salut de la Libye (FTSL, mouvement d'opposition sous l'ancien régime) pour protéger les Toubous d'un nettoyage ethnique, et s'il le faut, nous allons demander une intervention internationale et oeuvrer pour un Etat comme le Soudan du Sud", a-t-il déclaré.
Issa Abdelmajid Mansour, un ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, avait annoncé la dissolution de son mouvement après la chute de l'ancien régime en août. "Il s'est avéré que le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) et le régime de Kadhafi ne sont pas différents. Le CNT a un programme pour nous exterminer", a accusé M. Mansour, dont la tribu avait joué un rôle clé dans la rébellion contre Mouammar Kadhafi depuis le sud du pays. "Nous avions dit que l'unité de la Libye était au-dessus de toute considération. Mais maintenant nous devons nous protéger et protéger les autres minorités", a-t-il encore affirmé. Les Toubous, à la peau noire, qui vivent à cheval sur la Libye, le nord du Tchad et du Niger, avaient réfuté à plusieurs reprises des aspirations séparatistes.
Les Toubous sont impliqués depuis février dans des affrontements meurtriers avec des tribus locales du sud du pays. "Aujourd'hui, le problème s'est transformé d'un conflit tribal en conflit racial", a déploré M. Mansour, affirmant que "les attaques ciblent toute personne à la peau noire". Plus de dix personnes ont été tuées lundi dans des affrontements entre des membres de la tribu des Toubous et les habitants de la ville de Sebha (sud), selon des responsables locaux. Des affrontements meurtriers avaient déjà opposé durant plusieurs jours en février les Toubous à la tribu des Zwei à Koufra (sud-est) où la situation est toujours tendue.
A signaler par ailleurs qu’au moins 30 personnes ont été tuées et plus de 100 autres blessées dans des affrontements tribaux lundi et mardi à Sebha, a indiqué à la presse un médecin de l'hôpital de cette ville située à 750 km au sud de Tripoli. "Aujourd'hui (mardi) le bilan est de 15 morts et de 63 blessés", a déclaré Abdelrahman Arich, ajoutant que 16 personnes avaient été tuées et 60 autres blessées lundi. Un précédent bilan arrêté lundi faisait état de 10 morts.