Par Djamel Bouatta
Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité le renouvellement de sa mission au Sahara occidental (MINURSO) pour un an. Quelques heures auparavant, le Front Polisario avait assuré de se retirer de la zone tampon de Guerguerat. Un nouveau gage des Sahraouis pour la solution politique que le secrétaire général de l’ONU espère relancer le plutôt.
Antonio Guterres, ex-président portugais, avait sollicité des responsables du Front Polisario le retrait de leurs soldats de cette zone, à la frontière mauritanienne, évacuée par le Maroc au mois de février, pour y installer un contingent de la MINURSO. Les Sahraouis attendent maintenant du SG de l’ONU la relance du processus de normalisation.
Un nouvel envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, en remplacement de Christopher Ross démissionnaire, doit être nommé prochainement. La démission de ce diplomate américain, émissaire des Nations unies pendant huit ans pour l’ancienne colonie hispanique occupée par le Maroc depuis 1975, donne l’occasion à Antonio Guterres d’ouvrir une nouvelle page de relations avec les partis impliqués dans ce conflit qui empoisonne le Maghreb.
Christopher Ross était devenu persona non grata pour Mohamed VI parce qu’il a refusé de se prêter aux divers manœuvres dilatoires de celui-ci. Christopher Ross ne démordait pas du droit inaliénable des Sahraouis à s’autodéterminer.
Le tout nouveau secrétaire général de l’ONU doit d'abord rétablir la confiance entre les deux protagonistes du conflit qui reste une question de décolonisation, quoiqu’en dise le Maroc. Antonio Guterres en est conscient et il possède une approche différente de ses prédécesseurs. Il connaît de près ce dossier épineux, qu’il a approché quand il était Premier ministre du Portugal dans les années 1990 et il a visité les camps de réfugiés à Lâayoune et Tindouf en étant haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés.
Pour rétablir cette confiance, Antonio Guterres nommera donc un nouvel émissaire, qui sera probablement un non-Américain. Des noms d'Amérique latine et même de Tunisie circulent à New York, dans le siège de l’ONU. Quoiqu’il en soit, son arrivée à l’ONU a éveillé une lueur d’espoir pour une solution de ce conflit.
Et le Maroc ne peut plus se jouer de l’ONU comme il l’a fait jusqu’ici. Les foudres de Mohamed VI contre Ban Ki-moon, le prédécesseur d’Antonio Guterres, qui avait employé le terme "occupation’’ pour qualifier la présence marocaine au Sahara occidental, ne sont pas passés.