Les relations entre les États-Unis et les Émirats arabes unis sont « mises à l’épreuve » après une série de désaccords, a déclaré le jeudi 3 mars un haut diplomate émirati, le pays du Golfe refusant de condamner l’opération russe en Ukraine.
Les Émirats arabes unis, qui accueillent des troupes américaines sur leur sol, restent un partenaire régional stratégique de Washington depuis des décennies.
Mais comme d’autres États du Golfe, Abou Dhabi tente de trouver un équilibre entre ses différents partenaires, dont les grands rivaux des Américains, la Russie et la Chine. Par le passé, choisir son camp dans la crise ukrainienne aurait été sans hésitation pour les riches monarchies du Golfe, longtemps protégées par les Etats-Unis. Mais aujourd'hui, le renforcement de leurs liens avec la Russie les oblige à trouver un équilibre.
Vendredi dernier, les Emirats arabes unis se sont abstenus avec la Chine et l'Inde lors d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution co-écrite par les Etats-Unis et l'Albanie demandant à Moscou de retirer ses troupes d'Ukraine. La Russie a opposé son veto.
Après le vote, l'agence émiratie WAM a fait état d'un appel téléphonique entre les chefs de diplomatie des Emirats et des Etats-Unis.
La Russie a elle annoncé une rencontre à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères russe et émirati.
Au sein du CCG, le Koweït et le Qatar se sont abstenus de critiquer la Russie depuis l'invasion jeudi, dénonçant juste les violences. L'Arabie saoudite, chef de file du CCG, Oman et Bahreïn ont gardé le silence jusqu'ici.
« Notre relation avec les États-Unis est comme toute relation. Il y a des jours où elle se porte bien et des jours où elle est remise en question », a déclaré l’ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Youssef Al Otaïba.
« Aujourd’hui, nous vivons une mise à l’épreuve. Mais je suis convaincu que nous nous en sortirons et que nous arriverons à une meilleure situation », a-t-il ajouté lors d’une conférence à Abou Dhabi sur l’industrie de la défense et la sécurité.
Les Émirats qui président en mars le Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non-permanent, se sont abstenus vendredi lors du vote à l’ONU d’une résolution soumise notamment par les États-Unis condamnant l’opération russe en Ukraine.
Les pays du Golfe, à commencer par l’Arabie saoudite, évitent de prendre position contre Moscou, les relations avec les Russes s’étant développées ces dernières années, en particulier dans les domaines du pétrole et de la sécurité.
Ni Abou Dhabi ni Ryad n’ont manifesté une volonté de limiter l’envolée des prix de l’or noir provoquée par la crise en Ukraine.
Le niveau de production est contrôlé par le cartel des pays exportateurs de l’OPEP+, mené par l’Arabie saoudite et la Russie.
En décembre dernier, les Émirats arabes unis avaient menacé d’annuler l’achat d’avions de combat américains F-35, protestant contre les conditions strictes imposées par Washington sur fond de défiance contre l’influence chinoise dans le Golfe.
Fin février, Abou Dhabi avait annoncé son intention de commander à Pékin 12 avions militaires L15 Falcon, tout en assurant que le pays continuerait à « travailler avec ses partenaires stratégiques pour développer (ses) capacités de défense ».(Avec agences)