Le Président américain Barack Obama, via son secrétaire d'Etat John Kerry, s'apprêterait à présenter, lors de la Conférence pour la paix au Proche-Orient, prévue à Paris, le 15 janvier prochain, un nouveau plan de règlement du conflit israélo-palestinien, quelques jours avant de quitter la Maison Blanche, rapporte lundi 26 décembre le journal palestinien "El Quds".
Selon ce grand quotidien arabe (et dont les informations, qui ont été données cependant au conditionnel, ont été reprises hier soir par la chaîne de télévision franco-israélienne "I24 News") ce plan de paix américain sera défendu à Paris par John Kerry lui-même et prévoirait notamment le retour aux frontières de 1967.
Il avaliserait néanmoins l'annexion par Israël des grandes implantations de colonies israéliennes en Cisjordanie, de manière à ce que 75 à 80 % de ses habitants (les 500.000 colons israéliens) restent sous souveraineté israélienne.
En contrepartie, l'Etat sioniste devra s'engager à compenser ces territoires usurpés par la force par d'autres terres placées en deçà de la Ligne Verte (fixée par les accords de cessez-le-feu signés entre Israël et ses voisins arabes à la fin de la guerre d'indépendance de 1949). Ces terres, à la suite de ce qui s'apparente à un échange de parcelles, passeraient alors sous tutelle palestinienne.
Ce plan de règlement du conflit Israélo-palestinien prévoie également la reconnaissance par l'autorité palestinienne du caractère juif de l'Etat d'Israël (alors que 20% de la population d'Israël est composée d'Arabes israéliens) et, simultanément, la reconnaissance par Israël de l'Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.
Toujours selon "El-Quds", il ne sera pas question à Paris (et donc dans le plan américain) du retour des réfugiés palestiniens. Toutefois, ces derniers recevraient, selon le journal, des compensations financières.
Le quotidien israélien "Haaretz" de lundi 26 décembre, évoque lui aussi l'existence d'un plan américain et se fait l'écho des craintes du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de voir la conférence de Paris du 15 janvier prochain, prendre des décisions qui seront soumises ultérieurement au Conseil de sécurité de l'ONU pour un nouveau vote, mais avant le 20 janvier 2017 obligatoirement, date de l'investiture du nouveau président américain Donald Trump. Ce dernier est un défenseur déclaré des thèses extrémistes du gouvernement israélien actuel.
Benyamin Netanyahu a déjà annoncé qu'il ne participera pas à la conférence de Paris du 15 janvier, mais "I24 News" croit savoir que le secrétaire d'Etat John Kerry y fera un discours et présentera les nouvelles propositions de paix américaines "en étroite liaison avec d'autres pays qui comptent sur la scène internationale, notamment la France, le pays organisateur" selon cette chaine de télévision.
Le Président palestinien Mahmoud Abbas, en infatigable apôtre de la paix, sera lui, certainement présent à Paris.
Pour rappel, il y a 4 jours, le vendredi 23 décembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution condamnant l'implantation des colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les Etats-Unis s'étant abstenus pour la première fois sur ce sujet depuis 1979.
En réaction, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a qualifié cette décision de Washington "d'honteuse". "Nous n'avons aucun doute que c'est l'administration Obama qui a initiée, soutenue, coordonnée cette résolution anti-israélienne et qui a exigé son adoption" a t'il déclaré ce dimanche, au début de la réunion hebdomadaire de son cabinet.
S'exprimant le même jour à la Knesset, le parlement israélien, Avigdor Lieberman , le ministre israélien de la Défense, a comparé la prochaine conférence de Paris pour la paix au Proche-Orient à un "nouveau procès Dreyfus, mais cette fois-ci avec tout le peuple israélien comme accusé". En 1894, Alfred Dreyfus, un capitaine de l'armée française, de confession juive, a été accusé à tort de trahison et été condamné à l'emprisonnement à perpétuité, avant d'être innocenté plus tard et réhabilité définitivement en 1906.