Par le Pr Nadji Khaoua
Les résultats officiels des élections législatives, par liste, viennent d'être publiés. Il est hors de mon propos de commenter ces résultats officiels à l'échelle nationale, par manque de données et d'intérêt personnel, au vu de l’inanité de l’espoir d’une quelconque prise en compte des analyses politiques dont les auteurs (1), au-delà de leur objectivité et de leur compétence, sont considérés comme des « électrons libres », inaccessibles à toute tentative d’instrumentalisation.
En revanche, je peux avoir un avis personnel pouvant être d’une certaine utilité collective concernant les résultats par liste des élections législatives du 12/06/2021 dans la Wilaya d'Annaba, où je suis né, où j'ai connu les bancs des Écoles des années 1960 à 19802, où je vis et je travaille.
Cet avis serait susceptible d’être d’un certain intérêt général. Il permet de comprendre et de souligner l’écart abyssal entre les conditions objectives préalables à toute tentative de réaliser une légitime ambition de représenter politiquement la population et la réalité des capacités de la plupart des candidats à satisfaire d’abord ces conditions avant de se proposer aux électeurs.
Mon avis peut être utile pour celles et ceux, objectifs et intègres, qui n’ont comme moi-même pour seul et unique horizon que l’intérêt général dans le cadre plus vaste de construction d’un Etat Moderne, dont une des bases serait celle de tracer des programmes concrets et réalistes de transformations de chacune de nos régions, selon ses ressources, ses problèmes et les principales attentes de ses habitants, s’intégrant parfaitement dans un programme national de transformation institutionnelle et économique du pays. Annaba forme par l’étendue de son territoire (3), la diversité de ses ressources (4) et les attentes les plus collectivement partagées (5) de ses habitants, une des régions importantes à plus d’un titre.
Durant la campagne électorale, j'étais sidéré de voir que des citoyens prétendument membres des élites «universitaires», «économiques» et «sociales», osent se présenter comme candidats, alors que ces dites «élites», n'ont ni programmes structurés à proposer, ni ne montrent une connaissance rationnelle quelconque des principaux problèmes que vivent la population et la région d'Annaba dont ils osent prétendre la représenter politiquement dans le prochain Parlement.
D'autres encore, voleurs d'un métier et d'un grade universitaire nobles, basés sur l'éthique, la vérité et le savoir, osent se présenter en tête de liste de structures partisanes squattant l'histoire collective depuis si longtemps, ne retenant rien des sources des manifestations populaires du 22/02/2019 et semblant ignorer, s’ils donnent à cet élément d’histoire la moindre considération, que la lutte de libération nationale 1954-1962 fait partie du patrimoine commun des générations passées, présentes et futures. A ce titre, le respect que chacun d’entre nous lui doit lui interdit à jamais de la squatter politiquement au bénéfice de qui que ce soit, groupes ou partis politiques. Et ils osent se dire et se présenter comme « universitaire de grade magistrale », alors qu'à l'énoncé de ces seuls mots, ils devraient plutôt être rouges de honte au vu du vide de leurs C.V. aussi vides que leurs personnes de toute objectivité, de toute connaissance et de toute éthique. Seul le sou, le misérable sou, que permettent d'accaparer certains fonctions supérieures comme celle de «député» et celle «sénateur», les motive et leur fait passer des «nuits blanches» à magouiller et à supplier tel ou tel, d'abord pour être «candidats», ensuite pour espérer être «élu», qu'elles que peuvent être les conditions, honnêtes ou non.
D'autres enfin, imbus de leur nom de famille, de leur argent, de la notoriété acquise surtout par leurs parents dans l’exercice de certaines professions libérales comme celles des « affaires » et celles de la médecine, croyant que la compétence et la respectabilité sociale ainsi que la considération s'achètent par l'importance du patrimoine, le nom de famille et l'expression mensongère, oh combien mensongère de «hommes d'affaires», se voyaient déjà «députés» et même «président de commission au Parlement !
Tout ce «beau monde» à Annaba, qui est tout sauf «beau» en réalité, vient de recevoir une douche non pas froide, mais glacée !
Tout ce « beau monde » à Annaba, qui est tout sauf « beau », vient de faire, nu s’entend, un voyage gratis et à la vitesse de la lumière, au fin fond de la Laponie !
Aucun d'entre eux n'est élu !
Aucun !
Leur vacuité, celle de leurs dits «programmes pour Annaba», plus vides que le vide intersidérale, la suffisance et la vantardise de gens en fait incultes socialement et politiquement dont ils ont fait preuve dans leurs rares
interventions publiques et qui sont en fait leurs caractéristiques fondamentales depuis toujours pour ceux qui les connaissent, sonnent comme des giflent données d'une main de fer à leurs oreilles de sourds et malentendants politiques et sociaux.
Annaba, sa population et son paysage politique ont maintenant la chance, une vraie chance, d'être débarrassés d'eux à jamais.
Notes
1- Cf Nadji Khaoua. 2009. «Communauté Urbaine, pauvreté et corruption : le cas d‟Annaba, Algérie", Les Annales de FSE, UVT, nº22, Valahia University Press, Targoviste, Roumanie.
2- Ecole d’Armandy (Haut de la Vieilleville, n’existe plus), CEM Max Marchand, Lycée Technique, Université d’Annaba.
3- La Wilaya s’étend sur près de 50 km²
4- Ressources marines, de montagne, de la plaine, ressources humaines d’une population majoritairement jeune dont une bonne part dispose d’un niveau respectable de formation, ressources industrielles en général pouvant être redéployées et réadaptées en vue d’une plus grande efficience, ressources culturelles et historiques d’une région et d’une ville multimillénaires.
5- Comme l'application effective des lois équitablement, l’équité fiscale, la création d’emploi particulièrement pour les universitaires diplômés, l’investissement dans les créneaux de production, l’efficience des administrations de tous les secteurs, les pollutions, l’habitat, l’aménagement urbain et rural, l’aménagement territorial…
Pr Nadji Khaoua
Annaba