Le sommet annuel de l'Union africaine (UA) s'est ouvert ce samedi dans la capitale éthiopienne Addis Abeba. Un premier jour sous tension, alors que le premier ministre palestinien appelle à retirer l'accréditation accordée en juillet à Israël.
La décision en juillet du président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, d'accréditer Israël a suscité de vives protestations parmi plusieurs des 55 Etats membres, dont l'Afrique du Sud et l'Algérie, qui ont rappelé qu'elle allait à l'encontre des déclarations de l'organisation soutenant les Territoires palestiniens.
Dans son discours d'ouverture du sommet quelques minutes plus tôt, Moussa Faki Mahamat avait défendu son choix et appelé à "un débat serein". Il a assuré que l'engagement de l'UA dans la "quête d'indépendance" des Palestiniens était "immuable et ne peut que continuer à se renforcer", tout en affirmant que sa décision d'accorder l'accréditation à Israël pouvait être "un instrument au service de la paix".
Cette décision controversée doit faire l'objet de discussions dimanche après-midi, en clôture de ce sommet à l'agenda chargé, marqué notamment par les coups d'Etat qui ont secoué le continent et la pandémie de Covid-19.
Et ce samedi, dès l'ouverture du sommet, ce sujet s'est invité à la table du sommet. Les 55 États membres ont eu d'âpres discussions autour de la question d'Israël et de son statut d'observateur, un statut obtenu en juillet dernier.
L’Algérie et l’Afrique du Sud, deux pays connus pour leur soutien au droit inaliénable du peuple palestinien se sont opposés à la décision prise par le président de la commission de l’union africaine et ont parvenu à imposer ce point dans l’ordre du jour du 35ème conférence de l'Union qui se tient samedi et dimanche dans la capitale éthiopienne.
La décision prise par Moussa Faki Mahamat, en juillet 2021, d’accueillir l’entité sioniste dans l’organisation panafricaine en qualité d’observateur a soulevé colère et indignation de nombreux pays africains. Le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, dans sa réaction à la décision du Président de la Commission de l’Union africaine, avait déclaré que ce dernier "n’avait pas le droit de mettre en péril l'unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables".
Le chef de la diplomatie algérienne avait soutenu qu’il s'agissait " d'Israël dont le comportement n'est pas conforme aux buts et principes de l’Union africaine". Il avait également déploré que " tous les pays arabes et africains membres de la Ligue arabe et de l’UA, de la Mauritanie jusqu’à l'Egypte, ont été contre l’octroi du statut d’observateur à Israël à l’exception du Royaume du Maroc qui a mené campagne en faveur de ce statut".
La décision du président de la Commission de l’UA a fait réagir plusieurs pays africains, à l'instar de l'Afrique du Sud et de la Namibie, qui ont estimé que le fait d’accorder le statut d'observateur à une puissance occupante est contraire aux principes et objectifs de l'Acte constitutif de l'Union africaine.
Le camp des opposants n’a pas cessé de s'élargir avec la réaction des délégations permanentes auprès de l’union africaine de sept pays, dont l’Algérie, l’Egypte, l'île Maurice, Tunisie, de Djibouti, Mauritanie et la Libye. Les sept délégations avaient avisé la Commission de leur opposition à la décision " sensible " de son président.
Récemment, les participants à une conférence régionale africaine organisée par l'Observatoire de veille pour les droits de l'Homme et les causes justes ont appelé ce 35e sommet des chefs d’Etats à annuler cette décision qui est " contraire aux dispositions des statuts de l'UA et aux valeurs des peuples africains".
Samedi, à l'ouverture de la 35ème conférence de l'Union, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a exhorté l'Organisation panafricaine à retirer le statut d'observateur accordé l'entité sioniste. "Nous appelons au retrait et à l'objection du statut d'observateur israélien auprès de l'Union africaine", a-t-il déclaré, qualifiant l'accréditation de l'entité sioniste de "récompense imméritée" pour les abus commis par le gouvernement israélien contre les Palestiniens.
"Les peuples du continent africain ne connaissent que trop bien la dévastation et la déshumanisation qui caractérisent le colonialisme et les systèmes connexes de discrimination raciale institutionnalisée", a lancé le dirigeant de l'Autorité palestinienne, accréditée en tant qu'observateur auprès de l'UA depuis 2013.
"Israël ne devrait jamais être récompensé pour ses violations et pour le régime d'apartheid qu'il impose au peuple palestinien", a ajouté Mohammed Shtayyeh, reprenant une formule d'un rapport d'Amnesty International publié cette semaine. (Avec APS et agences)