Les élections législatives du 12 juin pliées, le président se doit de remettre en ordre de marche les institutions qui sont quasiment et depuis belle lurette en mode "mute" sur fond de rumeurs dont il est difficile de distinguer le vrai du faux. "Quand les feuilles bougent, c’est qu’il y a du vent", dit l’adage chinois.
Le nombre de chantiers qui attend le président Tebboune et le nouveau gouvernement n’a d’égal que leur ampleur, leur complexité, compte tenu d’un contexte marqué par une concomitance, probablement sans pareil dans l’histoire, de problématiques sanitaires, économiques, sociales, politiques, géostratégiques…
Par quel bout doit commencer le président Tebboune ? Par changer l’équipe gouvernementale, premier ministre compris, qui est devenue elle-même le symbole d’une crise en soi.
Le président Tebboune est bien conscient de la faillite d’un gouvernement qui s’est distingué par des flots de promesses jamais tenues. Et ouvrir la voie à la nomination d’une nouvelle équipe commando, pour partir à l’assaut des grands défis, est devenue une urgence absolue.
Exit un casting XXL avec la quarantaine de ministres, comme c’est le cas actuellement. L'Algérie a plutôt besoin d'une équipe resserrée autour d’hommes de vision, de compétence, de conviction et de courage que le président Tebboune doit choisir, loin des traditionnels parrainages foireux et occultes pour lancer le deuxième étage de sa fusée.
Un an et demi est déjà passé depuis l’élection présidentielle de décembre 2019 et en termes de bilan, force est de souligner objectivement que la récolte est plutôt très maigre. Certes la crise sanitaire a bon dos pour justifier les retards, les ratages, mais le temps sera désormais compté et toute journée de perdue, c’est une chance de gâchée pour réparer le pays.
Le président Tebboune devrait œuvrer à la construction d’un consensus politique le plus large possible pour une large adhésion à son programme qui permettrait une dynamique de remobilisation populaire autour des grands enjeux qui se posent au pays et mettre toutes les conditions politiques et psychologiques de son côté pour lancer pour de vrai, les multiples chantiers homériques qui restent encore dans les tuyaux.
Un de ces chantiers, le plus urgent en termes calendaires, le plus gigantesque, à l’aune des défis, c’est l’économie. Politiques et économistes convergent sur le constat. L’économie du pays est exsangue, la plupart des indicateurs sont au rouge. D’où l’urgence du passage des slogans incantatoires aux actes pragmatiques à travers la mise en place de ce fameux "nouveau paradigme" économique qui trace le chemin à la sortie progressive de l’économie de rente.
La mère des batailles : L'économie
Avec un super ministère de l’économie et des finances dans le futur gouvernement pour mener la mère des batailles, celle de l’économie, qui impose une redistribution radicale des cartes en termes d’agenda politique.
Un homme est tout désigné pour ce poste ; il s'agit de l'ancien ministre des finances, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, ancien PDG de la Banque extérieure d'Algérie, Mohamed Loukal. Un homme aux compétences avérées, capable d'insuffler la dynamique nécessaire à ce nouveau paradigme économique, un homme au carnet d'adresses prestigieux à la valeur inestimable, tant au niveau des institutions financières et économiques mondiales qu'au niveau des décideurs internationaux.
Aujourd'hui, l'Algérie a grandement besoin de ses relations étroites tissées depuis de nombreuses années, avec, pour ne citer que ceux là, Mario Draghi, le nouveau premier ministre italien et ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ancienne ministre, ancienne présidente du FMI et actuelle présidente de la Banque centrale européenne, Janet Yellen, l'ancienne patronne de la Banque centrale américaine, la Federal Reserve System (FED), et nouvelle secrétaire américaine au Trésor, désignée par le président Joe Biden.
Le secrétaire au Trésor au sein d'un cabinet présidentiel américain est l'équivalent d'un ministre de l'économie et des finances.
Ces relations interpersonnelles serviront, sans aucun doute, d'interactions de qualité, pour concrétiser la nécessaire mutation de l'économie du pays.
Qui pour succéder à Abdelaziz Djerad ?
L’échéance de la formation d’un nouveau Gouvernement devrait intervenir d’ici peu et suscite d’ores et déjà de nombreuses spéculations sur les profils qui seraient appelés à remplacer Abdelaziz Djerad.
Trois profils sont particulièrement et objectivement évoqués.
L’urgence d'une nouvelle économie qui est la plus grande priorité nationale pousserait le président de la république à choisir une personnalité capable de concrétiser le plus grand des défis actuels.
Le deuxième profil est celui d’une personnalité indépendante aux compétences avérées, dont l’accession à la tête du prochain gouvernement traduirait une volonté évidente de s’ouvrir sur l’opposition ou sur la société civile dans une conjoncture politique tendue.
La troisième piste est celle de l’approche diplomatique. Ce choix, s’il est pris en compte par le Président de la république, s’expliquerait alors par la volonté de consolider l’actuelle offensive diplomatique algérienne.
Nous en saurons plus dans les heures ou jours à venir, quant à la portée de ces trois hypothèses. Idem pour la question des ministres qui seront désignés.