Conforté par le Conseil constitutionnel, qui a entériné les résultats de la présidentielle, en augmentant légèrement son score avec 200.000 voix de plus, le président Bouteflika a rendu public mardi soir un message dans lequel il a exprimé ses remerciements aux algériens, aux services de sécurité sans oublier les cinq autres candidats.
Cependant le message du président Bouteflika, au delà des marques de courtoisie, vaut surtout par une annonce forte, celle d’une adresse au peuple « dans les prochains jours ». « Dans quelques jours, j'aurais l'occasion, mes chers compatriotes, de m'adresser à vous plus longuement, notamment pour vous redire mes engagements et vous entretenir de l’œuvre de construction nationale que j'ai voulu poursuivre avec vous ».
Question anecdotique d’abord : quel format d’expression le président choisira pour s’adresser à la nation ? Discours à la Télé à une heure de grande écoute ? La dernière fois qu’il avait parlé à la nation « les yeux dans les yeux », c’était le 15 avril 2011, date de son célèbre discours où il avait levé le voile sur les réformes politiques, au moment où les pays de la région étaient en proie aux démons ravageurs du « Printemps arabe ».
Mais plus que la forme, c’est le contenu qui comptera. Alors que dira le président Bouteflika ? Son staff de campagne, notamment Abdelmalek Sellal, a déjà donné des indications dans ce sens au cours des différents meetings, au cours desquels il avait répété que le quatrième mandat de Bouteflika sera en quelque sorte celui de la transition au cours duquel il y aura un passage de témoins entre deux générations, celle de la Révolution et celle de l’indépendance. Loi de la biologie oblige.
Sous quelle forme et avec quelle amplitude ce basculement générationnel se fera ? A travers un rajeunissement significatif dans le prochain exécutif ? Assez probable, d’autant que dans le gouvernement actuel un grand nombre de ministres sont très âgés donnant de l’Algérie l'image d’une gérontocratie.
Mais au-delà du rajeunissement qui sera un signal fort à l’égard de la jeunesse, pas toujours enthousiaste à l’égard des élections, le président va parler du projet de révision constitutionnelle, qui sera la grande affaire de ce quatrième mandat. Amar Saâdani en a parlé encore lors de la réunion du BP en expliquant que cette révision permettra un rééquilibrage des pouvoirs avec plus de compétences pour le parlement et une plus grande marge de manœuvre pour l’opposition.
Mais certainement que le président donnera plus de détails quant à ce chantier qui vise en définitive à faire émanciper le système politique algérien qui a plus que jamais besoin d’un coup de jeune. Au-delà du politique, le président de la république sera aussi attendu sur les questions économiques avec l’espoir d’annoncer une mise à plat des textes pour permettre aux entrepreneurs algériens, qui ont pris une part active à la campagne du président, de s’inscrire dans la transition économique qui permettra de passer de l’économie rentière à une économie diversifié et innovantes. Sans compter les attentes sociales en termes d’emploi, de logements, d’éducation, de santé. Maintenant que les algériens l’ont plébiscité, le président Bouteflika est en devoir de ne pas décevoir leurs rêves.