La France officielle a besoin de décoloniser sa "proprae histoire", afin de réparer en urgence " la faillite mémorielle qui est malheureusement intergénérationnelle chez certains nombre d'acteurs de la vie politique française parfois au niveaux les plus élevés", a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra depuis Bamako.
"Nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leurs propres histoires .Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes, de certains comportements, de certaines visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente portée par la prétendue mission civilisatrice de l'occident qui a été la couverture idéologique, utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l'humanité qui a été la colonisation de l'Algérie, la colonisation du Mali, la colonisation de tant de peuples africains", a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à l'issue de son entretien avec le Premier ministre malien.
"La décolonisation qui doit s'opérer aujourd'hui est une décolonisation qui s'annonce comme une priorité" pour remédier à la " faillite mémorielle que trahissent les propos tenus récemment sur l'Algérie et le Mali" par la France officielle.
Pour le chef de la diplomatie algérienne " cette faillite mémorielle est malheureusement intergénérationnelle chez certains nombre d'acteurs de la vie politique française parfois aux niveaux les plus élevés".
"Cette faillite mémorielle, qui pousse les relations de la France officielle avec certains de nos pays dans des situations de crises malencontreuses, devrait pouvoir s'assainir par le respect mutuel inconditionnel, respect de nos souverainetés, respect de notre indépendance, et par des décisions et acceptation de partenariat sur une base de stricte égalité", affirme le ministre.
Lamamra relève que dans les relations qu'entretiennent l'Algérie et le Mali avec la France, " il n y a pas de cadeau, mais une logique de donner et de recevoir".
Dans les relations avec le partenaire français " il y a une logique de donner et de recevoir, il n y a pas de cadeaux, il n y a pas de front à sens unique", enchaine Lamamra.
Mais, " ce qu'il y a c'est des intérêts stratégiques, des intérêts économiques, des intérêts bien compris qui ne peuvent durer, qui ne peuvent être promus , qui ne peuvent se consolider et subir l' épreuve de la durée que dans le respect mutuel et l'équilibre des intérêts ", précise-t-il.
Et d'affirmer: "c'est pourquoi en tant que pays africains fortement attachés à notre indépendance nationale nous nous tenons aux côtés du Mali frère et nous rappelons à qui veut bien nous entendre et entendre la voix de la raison que l'Afrique qui est le berceau de l'humanité, est également le tombeau du colonialisme et du racisme et la lutte de libération nationale du peuple algérien a contribué à l'accélération de cette histoire et nous en sommes très fiers".
Lamamra a effectué mardi une courte visite de travail au Mali en qualité d'envoyé spécial du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.