Les nombreuses arrestations parmi les activistes du noyau dur du "hirak" ne faiblissent pas la contestation populaire dans le nord du Maroc, où l'Etat, après avoir choisi l'option sécuritaire, voit sa marge de manœuvre se réduire pour désamorcer la colère, selon la presse.
Dimanche soir, pour la neuvième nuit consécutive, de nouveaux rassemblements se sont déroulés dans la ville d'al-Hoceïma et d'autres localités pour exiger la libération de Nasser Zefzafi, leader emprisonné du "hirak" ("la mouvance"), le mouvement qui anime la contestation.
Comme la veille, la police s'était déployée au cœur du quartier de Sidi Abed (Al-Hoceïma) pour empêcher les habitants de rejoindre le rassemblement, qui s'est cependant achevé peu avant minuit et sans incident.
Dans la ville voisine d'Imzouren, autre haut-lieu de la contestation, quelques centaines de femmes ont participé dans la journée à une marche, rapportent des médias locaux.
Pour le quotidien marocain, l'Economiste, "un vrai rapport de force s'est installé dans les rues d'Al-Hoceïma". "Avec d'un côté des manifestants aux fortes revendications à l'emploi, à la santé, à l'éducation, et de l'autre les forces de l'ordre". Et des arrestations qui ont "servi de carburant" aux manifestations.
Pour rappel, une quarantaine de personnes, dont Nasser Zefazfi et les principaux activistes du noyau dur du "hirak", ont été interpellées depuis le 26 mai.
Vingt d'entre elles ont été présentées au parquet à Casablanca et placées en détention pour, notamment, "tentative d'homicide volontaire, atteinte à la sécurité intérieure, incitations contre l'intégrité du royaume (...) et autres crimes", a révélé dimanche l'agence MAP.
Al-Hoceïma est depuis sept mois l'épicentre d'un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, que les protestataires jugent "marginalisée" par l'Etat.
Hormis quelques heurts le week-end dernier à Al-Hoceïma, et ce vendredi à Imzouren, le mouvement est resté "pacifique", mot d'ordre revenant en boucle chez les manifestants.
Alors les sit-in et manifestations de solidarité organisées dans une quinzaine de villes inquiètent au Maroc et on se demande "comment éviter l'embrasement ?"