Deux ministres français del’Europe et des Affaires étrangères et de l’Economie et des Finances,respectivement MM. Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire, sont attendus, demain dimancheà Alger dans le cadre de la quatrième session du comité mixte économique franco-algérien(COMEFA).
Dans d’autres circonstances, l’arrivée de ces deux poids lourds dugouvernement français aurait donné lieu à une overdose de superlatifs quant àla qualité des relations entre les deux pays.
La réalité est pourtant bien loin de la rhétorique des communiquésofficiels notamment celui de l’ambassade France à Alger.
Entre Paris et Alger le ciel annoncé, dégagé avec l’élection du présidentMacron, s’ennuage de plus en plus à moins de céder à la fausse euphorieentretenue au nom des intérêts vitaux de l’ancienne puissance coloniale.
Que peut-on raisonnablement retenir de positif depuis l’élection du jeuneMacron à l’Elysée dans la relation algéro-française ? Pas grand-chose misà part sa déclaration sur la colonisation qu’il a érigée en crime contrel’humanité mais qui n'est finalement qu’un simple effet d’annonce.
Le fait est qu’il n’a pipé mot à l’occasion de la commémoration destragiques événements 17 octobre durant lesquels des centaines d’algériensfurent jetés dans la Seine.
Il semble bien qu’Emmanuel Macron ait finit par rentrer dans son job deprésident de la France qui refuse obstinément de faire la moindre concessionpour aboutir à la fameuse paix des mémoires. Depuis Chirac et sa loi du 23février glorifiant la présence coloniale de la France, à Macron en passant par Sarkozy et Hollande, il n' y a quasiment aucune avancée sur ce terrain, mis àpart quelques petits mots prononcés du bout des lèvres mais qui neresponsabilisent pas la France, pas plus qu’ils ne condamnent les crimes commis enson nom.
Pourtant, beaucoup y voyaient à travers l’élection de Macron, issu de lanouvelle génération, une occasion historique de sceller les retrouvailles entrel’Algérie et la France et aller vers la refondation de leurs relations.
Macron, puis rien…
Or, le fameux partenariat «gagnant-gagnant» qui revient comme un leitmotiv,n’est rien d’autre qu’un artefact rhétorique.
C’est apparemment inscrit dans l’ADN des présidents français que de ne rienlâcher à l’Algérie même si notre pays a consenti de grosses concessions ensauvant des entreprises françaises en faillite à coup de contrats juteux et enabandonnant la reconnaissance des crimes coloniaux comme préalable à touteremise de relations apaisées. Il faut croire que la France abuse de la patiencealgérienne et réduirait notre pays à un simple marché pour faire de bonnesaffaires.
Et maintenant que les pétrodollars se font rares, Paris se fait discret. Laréunion à Alger de la quatrième session du comité mixte économique franco-algérien(COMEFA), servirait au mieux à ressortir le discours pompeux des relations«d’exception», de «premier investisseur étranger» et bien sûr le «partenariatgagnant-gagnant».
Lesresponsables français savent bien que les algériens sont sentimentaux etpeuvent comme toujours s’accommoder desbelles formules qui font mouche.
Selonle communiqué de la chancellerie française, les deux parties échangeront sur«l’évolution de la relation économique bilatérale et sa contribution à ladiversification de l’économie algérienne, ainsi que sur les perspectives dupartenariat industriel franco-algérien.
Lavedette c’est le Maroc
Enréalité, le partenariat franco-algérien est largement en faveur de la France. Au plandiplomatique ou ce qu’on appelle le dialogue politique, la situation n’estguère mieux. MM. Abdelkader Messahel et Jean-Yves LeDrian co-présideront «le dialogue bilatéral sur les questions politiques et sécuritaires».
L’ambassade deFrance pense «ceséchanges reflètent la grande qualité du dialogue politique entre la France etl’Algérie et leur volonté partagée d’approfondir les discussions sur lesquestions régionales et internationales d’intérêt commun».Il y sera notamment question de lasituation en Libye, au Sahel ainsi que la lutte contre le terrorisme.
Sur ces deux dossiers,les courbes algériennes et françaises se sont rarement croisées. On remarquera égalementque le dossier chaud du Sahara occidental est curieusement évacué. Paris quisaborde toutes les chances de parvenir à une solution conformément auxrésolutions onusiennes, continue de soutenir sans réserve les thèses du Marocse plaçant ainsi contre les intérêts de l’Algérie.
Comme un symbole, leprésident Macron vient de désigner une écrivaine franco-marocaine, commereprésentante de la francophonie dans le monde. Quelques semaines auparavant,il a pu placer une autre franco-marocaine à la tête de l’UNESCO…
Il va sans dire quel’Algérie et la France ne sont pratiquement d’accord sur aucun dossier qui agitela sphère arabo-musulmane notamment s’agissant de la Syrie, du Yémen et encoremoins de la Palestine.