Abdelmadjid Tebboune quitte le postede Premier ministre où il aura duré moins de trois mois. C’est un recordabsolu qui le distinguera de ses prédécesseurs, depuis Kasdi Merbah jusqu’à AbdelmalekSellal
En fait, le départ d’AbdelmadjidTebboune était acté le jour même de ladiffusion des instructions du président Bouteflika dans lesquelles il luireprochait notamment de faire du « harcèlement contre les hommes d’affaires »,de « prendre des décisions improvisées » et de « donner uneimage négative de l’Algérie » à l’international.
Le président Bouteflika a doncattendu le retour de vacances de Tebboune pour lui signifier la fin de samission, comme premier ministre éphémère, qui aura toute la latitude de méditer sur son sort.
Que dire alors du retour d’AhmedOuyahia ? Il était dans l’air depuis quelques temps déjà, puisque son nom était déjà avancé avec celui de Noureddine Bedoui, lequel a été en quelque sorte un lièvre.
Il faut noter juste au passageque Ahmed Ouyahia est chef du RND, alors que le parti majoritaire au terme deslégislatives du mois de mai est le FLN. Il est vrai que la Constitution n’obligepas le président de la République à choisir son premier ministre du partimajoritaire. Mais a-t-il pour autant consulté, comme stipulé dans la Constitution, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, avant de désigner Ouyahia ?
Pour revenir à Ahmed Ouyahia, ilfaut dire qu’il connait parfaitement la maison mais surtout la fonction pouravoir été chef de gouvernement de 1995 -1998, 2003-2006 et 2008-2012 commepremier ministre.
La nouvelle mission que vient delui confier le président Bouteflika est loin d’être un cadeau, car il doitgérer une situation de crise économique qui n’est pas sans rappeler son premierpassage officiel à la télévision, alors directeur de cabinet du présidentZeroual, pour annoncer les fameuses ponctions sur salaires dont il continuetoujours de traîner les effets, comme de mauvaise casseroles.
Pari difficile
Mais vu la complexité de lasituation actuelle dans laquelle se trouve le pays et avec des perspectives économiquespessimistes conjuguées à un contexte politico-social des plus délétères, AhmedOuyhaia s’impose comme « l’homme de la situation ». Une sorte deJoker que le président Bouteflika avait sous la main.
Le pari est difficile pour AhmedOuyahia, vu que tous les clignotants sont au rouge. S’il caresse vraiment l’ambitionde briguer un mandat présidentielle en 2019, c’est la meilleure façon de laplomber, en acceptant cette mission. Mais pouvait-il décliner l’offre duprésident, lui qui a toujours assumé, voire revendiqué sa qualité de « commisde l’Etat » ?
Pari difficile s’il en est, mais aussi grand défi pour Ouyahia qui pourrait profiter de ces 19 mois qui nous séparent de laprésidentielle pour tenter de redresser la situation et s’imposer alors commeune alternative incontournable pour 2019. Dans le cas contraire, il sera voué aux oubliettes sans espoir de retour.