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Il se confirme au fil de ses discours : Gaid enfile le costume de Président en… uniforme

23-04-2019 16:04  La rédaction

Le chef d’état-major de l’armée, Ahmed GaidSalah a confirmé, dans une large mesure, ce que de nombreux observateurs ont pudéceler dans sa démarche lors la démission du Président Bouteflika.

Le général, s’est imposé au fil des jourset des discours, comme l’homme fort du pays, quasiment un Président de fait.Légalement, il n’est qu’un vice- ministre de la Défense qui n’existe plusd’ailleurs après la démission du Président Bouteflika, et à ce titre, il nepouvait s’ingérer dans les affaires politiques.

Mais de fait, il prend chaque jour du galonjusqu’à parler, solennellement, comme un chef d’Etat qui peut ordonner à lajustice de lancer des poursuites judiciaires -pour l’instant sélectives-critiquer les partis de l’opposition, voire les blâmer d’avoir boycotté lesconsultations carnavalesques de Bensalah.

Il a beau répéter à qui veuille bienl’écouter, qu’il n’a aucune ambition politique, les faits sont là, obtus et têtus.Ahmed Gaid Salah agit comme le patron du pays et se permet de verbaliser etavertir tout le monde.

Constitutionnellement, c’est clairement unedérive dangereuse d’un officier supérieur de l’armée.

Et ce n’est pas avec ce fameux «complot de2015» qu’il sert à chaque occasion qu’il va convaincre les algériens et ceuxqui s’attachent au  sacro-saint principede la séparation des pouvoirs, qu’il est dans son rôle.

Un Président élu par le peuple peut tenirun tel langage et lancer ce genre de discours, mais pas un chef de l’armée, aurisque de se voir accuser à juste titre d’ailleurs d’outrepasser ses prérogatives constitutionnelles. 

 «Nousavons constaté l’apparition de certaines voix qui ne veulent aucun bien àl’Algérie, appelant à l’entêtement et l’acharnement à maintenir les mêmespositions préétablies, sans tenir compte de tout ce qui a été réalisé, le rejetde toutes les initiatives et le boycott de toutes les démarches».

Un militaire qui ordonne à la justice…

Cette affirmation est une accusation àpeine voilée aux partis de l’opposition et à toutes les personnalitésnationales qui ont décliné la feuille de route de Bensalah par ailleurs rejetépar le mouvement populaire. Gaid Salah est-il dans son droit de porter cegenre de jugements ? Sans doute non.

En quelle qualité se permet-il de faire laleçon aux partis qui sont libres d’avoir les positions qu’ils veulent ?

Pis encore, le patron de l’armée met lespieds dans le plat en accusant ces partis de vouloir plonger le pays dans levide constitutionnel  et la violence.

« Ces voix et cespositions obstinées œuvrent à entraîner le pays vers le piège du videconstitutionnel et le faire entrer dans la spirale de la violence et del’anarchie, ce que refuse catégoriquement, à la fois, tout citoyen dévoué à sapatrie et l’Armée nationale populaire», a -t-il soutenu eneffet.

Gaid Salah a également critiqué la population qui s'en prend aux ministres et aux walis, en mettant en garde  « contre ce phénomène étrange qui consiste à l’incitation à entraver l’action des institutions de l’Etat et d’empêcher les responsables d’accomplir leurs missions. Ce sont là des comportements contraires aux lois de la République que ne peut accepter le peuple algérien jaloux des institutions de son pays et que ne peut tolérer l’Armée Nationale Populaire

Et ce n’est pas fini.Ahmed Gaid Salah annonce clairement la couleur en reconnaissant avoirpersonnellement ordonné à la justice d’accélérer les poursuites judicairescontre les corrompus.

«J’ai appelé l’appareilde la justice, dans mes interventions précédentes, à accélérer la cadence despoursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidationdes deniers publics et de juger tous ceux qui ont pillé l’argent du peuple», a indiqué le général de corps d’armée.

Là aussi, et indépendamment du souci demettre fin au pillage des deniers publics et la mise hors d’état de nuire detous les voleurs, le général enfreint le principe de séparation des pouvoirs etse met illégalement dans la posture d’un président de la république.

Etant, du mois théoriquement, indépendante,la justice n’est pas censée recevoir un ordre encore moins d’un officier del’armée qui est lui-même, au même titre que tous les fonctionnaires de l’Etat,susceptible d’être poursuivi.

Seul un Président disposant d’un mandat dupeuple, en sa qualité de premier magistrat du pays, a le droit de lancer un telappel sans que personne ne trouve à redire. 

Le chef d’état-major del’armée se rappelle d’ailleurs à la fin de son discours que le peuple algérienest «souverain dans ses décisions, et c’est à lui qu’il appartient detrancher la question lors de l’élection du nouveau président de la République,qui aura la légitimité requise pour satisfaire le reste des revendicationspopulaires légitimes».

Il est donc dommage de le voirprendre des décisions qui ne sont pas de son ressort sans prendre l’avis de cemême peuple au prétexte que le pays «n’a cessé d’être la cible de complotsabjects, pour le déstabiliser et mettre en péril sa sécurité, en raison de sespositions constantes et sa décision souveraine refusant tout diktat».

A trop vouloir rassurerle peuple, Gaid Salah se retrouve en porte à faux avec les exigences de ce  même peuple qu’il trouve «irréalistes». A unmoment, il faut savoir vraiment ce qu’on veut…  



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