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Il rejoindra demain son bureau : Tebboune, un saut dans l’inconnu

14-08-2017 16:25  Amel Benabi

C’est la première fois qu’un Premier ministre reprend son travail après quelques de jours de vacances sans trop savoir s’il sera reconduit ou éconduit. Abdelmadjid Tebboune, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est dans une très mauvaise posture. Désavoué publiquement par le président de la République qui lui a dressé des instructions fermes qui contredisent sa démarche, le Premier ministre doit aller demain à son bureau sans conviction, avec ce sentiment qu’il n’a plus la confiance du président.

C’est une situation inédite et inconfortable qui le met dans la peau de quelqu’un qui va quitter le navire dont il ne tient plus la barre. L’été et sa grosse chaleur ont eu raison de lui. Son comportement pas très correct avec certains hommes d’affaires qu’il a désigné à la vindicte populaire en juillet dernier, a surpris plus d’un y compris au sein de son camp.

Au prétexte de lutter contre l’intrusion de l’argent dans la sphère politique- un couple rarement séparé du reste- Abdelmadjid Tebboune s’est emmêlé les pinceaux  en ouvrant un front inutile dans un contexte économique et social très difficile pour son gouvernement.

La présidence n’a pas tardé à réagir contre ce qu’elle considérait comme une dérive. Abdelaziz Bouteflika a fermement recadré son Premier ministre, à travers des instructions qui sonnent comme un cinglant désaveu. Abdelmadjid Tebboune qui pensait pouvoir faire ce qu’il voulait, aura donc subi une douche froide. Mais au lieu de tenter d’arranger les choses en se sortant par une pirouette, il a plutôt aggravé son cas en allant rendre visite de façon informelle à son homologue français Edouard Philipe.

Quelque chose est cassé…

Il est dans les usages protocolaires en effet qu’une rencontre même informelle doit impérativement recevoir l’aval de la présidence. C’est dans cette atmosphère viciée que le Premier ministre va reprendre son travail au palais du gouvernement sans trop savoir s’il bénéficie encore de la confiance du président.

C’est en effet la question qui brûle les lèvres après ce mauvais feuilleton d’été qui aura provoqué une polémique dont le pays se serait  passé volontiers. Une chose est certaine, la gestion pas très catholique des affaires sus citées par Tebboune ne plait pas en haut lieu. Dimanche, lors d’une rencontre avec les journalistes, le ministre des Affaires étrangères,  Abdelkader Messahel, avait lâché une nuance qui en dit long sur la température. A une question sur ce voyage de Tebboune en France, le MAE a expliqué le mécanisme officiel dans lequel elles évoluent. Et dans ce mécanisme il n'y a pas de cadre informel. Quid de la rencontre Tebboune et Edouard Philipe ? « Moi je vous parle du cadre formel », glisse, Messahel.

Un propos qui suggère que cette fameuse rencontre n’est pas classable dans les mécanismes de coopération officiels. Autrement dit elle n’engage que lui pourrait-on comprendre. En tout état de cause, on saura peut être  un peu plus sur l’avenir de Tebboune au palais du Dr Saâdane dans les jours à venir.   

Pour le moment, les rédactions bruissent de noms de potentiels remplaçants de Tebboune, sauf que les noms avancés relèvent surtout de spéculations et de supputations ; le président de la république étant connu pour prendre à contre pied toutes les informations étalées publiquement et déjouer tous les pronostics.

Pour l'heure, deux dossiers importants seront sur le bureau du premier ministre : l’avant-projet de la loi de finances 2018 et les préparatifs de la réunion de la Tripartite le 23 septembre à Ghardaïa.



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