LePremier ministre Abdelmadjid Tebboune a dévoilé un peu plus jeudi au siège duSénat, le sens et les implications du fameux «consensus sur les question d’intérêtsnationale».
Certainsont vite fait de conclure, après cette annonce, que le gouvernement a décidé de rétablir les ponts avec la classepolitique et tous les partenaires sociaux et économiques. Ce n’est pas tout àfait cela. Devant les journalistes, le Premier ministre a été nettement plusnuancé, voire plus clair sur les réelles intentions de son cabinet.
Il est simplement question d’une quête deconsensus sur des décisions très rudes que son gouvernement est contraint de prendre,poussé par le contexte financier exécrable. «Le consensus politique est une chose, et le consensus économique enest une autre ! », balaye sèchement Abdelmadjid Tebboune, à unequestion d’un journaliste qui l’interrogeait sur le sens de ce consensusrecherché. Comprendre : il n'y a pas grand-chose à attendre en termes deconcertation sur des questions politiques avec l’opposition.
L’agendadu cabinet Tebboune tout comme celui de son prédécesseur, AbdelmalekSellal, ne prévoit pas de mesures de détente entre les deux camps. Le Premierministre ne s’est pas empêché de souligner qu’il y a des partis qui soutiennentle programme du président, signifiant ainsi que le consensus politique existedéjà.
Eviterla casse
Teln’est pas le cas s’agissant des chauds dossiers économiques et leursimplications inévitables sur le front social. Là, le gouvernement Tebbounetient absolument à associer tout le monde pour construire le consensus le pluslarge possible.
«Dansles affaires qui concernent toute la nation, le consensus est obligatoire», a-t-il déclaré dans une allusion évidenteaux mesures que son cabinet est appelé à prendre.
M.Tebboune ne s’est pas fait prié pour abattre ses cartes : «Il y a desgens qui sont très riches et des gens qui sont très pauvres(…). On a donc besoinde ce consensus sur la hauteur des revenus qui excluent du bénéfice des mesuressociales ». Et Tebboune de préciser que ce consensus concerne«essentiellement» le ciblage des couches sociales qui sont dans le besoin».
Concrètement,le chef de l’exécutif vise à travers cet appel au consensus à se draper dusoutien des partis politiques- surtout d’opposition- de tous les syndicatsautonomes et d’autres acteurs sociaux économiques et associatifs avant de lancerl’opération délicate de ciblage des subventions.
Couverturepolitique
Encreux, M. Tebboune suggère que la majorité parlementaire issue des législativesdu 4 mai n’est pas vraiment suffisante pour couvrir politiquement des mesuressocialement difficiles que son gouvernement est obligé de prendre. Il lui fautdonc une caution politique des partis de l’opposition et toutes les forcessociales qui ne souscrivent pas à la feuille de route de son gouvernement.
C’est un aveu que des espaces de concentrationcomme la tripartite ne suffisent pluspour garantir un passage sans accros des mesures délicates à prendre.
Et il semble bien d’après les réponses d’AbdelmadjidTebboune que son gouvernement n’est pas prêt a prendre de risques à ceniveau. «On va associer tout le monde, dans une forme de conseil consultatifavec des techniciens voire même des cabinets étrangers. Et si on nous dit qu’ilne faut pas toucher (aux subventions NDLR) on ne touchera pas. C’est unedécision très importante».
Entout état de cause, le gouvernement Tebboune marchera lui aussi sur des œufs depeur de provoquer des mouvements sociaux. Le risque est pourtant sérieux demaintenir le statu quo en siphonnant les réserves de change dont le matelas afondu de six milliards de dollars depuis décembre dernier.