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Il appelle le pouvoir à répondre aux demandes du peuple : Faut-il croire Ahmed Ouyahia ?

18-03-2019 16:11  La rédaction

L’ex Premier ministre Ahmed Ouyahia aétonné son monde dimanche en appelant les décideurs à répondre dans les «plusbrefs délais aux demandes pacifiques» du peuple algérien.

Dans son message aux militants de sonparti el NRD, Ouyahia est allé encore plus loin en proclamant qu’«Il n’y ani pouvoir, ni gouvernement plus cher que l’Algérie».

A la bonne heure, sommes-nous tentésd’écrire ! Les mots font rêver certains analystes subjugués par ce «tirami».  Faut-il pour autant prendre pour argentcomptant ce soudain éclair de lucidité politique de l’ex chef el’exécutif ?

Pas sûr quand on se rappelle saprestation à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) lors de la présentation dela déclaration de politique généralel de son ex cabinet. Ce jour-là, Ouyahia, plus arrogant quejamais, poussa le cynisme jusqu’à agiter le spectre de la Syrie dans sa mise engarde contre les manifestants qui rejettent le 5ème mandat et lechangement du système.

Partisan impénitent de l’Etat fort ausens autoritaire du terme, il est difficile de cataloguer Ahmed Ouyahia parmiles faiseurs de paix et les chercheurs honnêtes de solutions.  L’homme est connu pour ses cycliques embardéesà chaque fois qu’il s’est fait éjecter du gouvernement feignant- maladroitementdu reste- sinon de s’approprier du moins de se rapprocher des thèses del’opposition.

Qui ne se souvient pas de sa mémorabletirade en 2013 quand il déclara à la surprise générale : «c’estl’argent sale qui commande en Algérie (…) et il commence à devenir maffieux». C’était juste après son éviction de lachefferie du gouvernement et son remplacement par Abdelmalek Sellal.

Ce bon sens passager qui lui fait tirer uncoup de sommation contre son camp relève plus de la tactique politique que dela conviction d’un homme subitement revenu à de meilleurs sentiments.

Tir «ami» contre son camp

Ce petit conseil, faussement inquiet,qu’il vient de donner au président et son entourage de satisfaire urgemment lesrevendications du peuple, participe sans doute de sa «stratégie» (le mot est unpeu disproportionné) de repositionnement pour se rendre incontournable dans lesrecompositions politiques à venir.

Ouyahia montre un peu ses crocs face à ceuxqui l’ont dégagé, l’air de leur dire qu’il peut être nocif au clan maintenantqu’il agit en solitaire.

De ce point de vue-là, la petite phrasedu chef du RND est moins une conviction que les demandes populaires doiventêtre satisfaites qu’une volonté d’être réinjecter d’une manière ou d’une autredans le circuit.

Preuve en est qu’il se contredit dans sonmessage en précisant aux militants leur parti le RND «prendra part à ceprocessus de transition démocratique proposé par le président de larépublique

Or, le peuple qui sort dans la rue parmillions depuis le 22 février réclame précisément du président de la républiquequ’il lâche le pouvoir et que la parole lui soit redonnée pour reprendre lecontrôle de son destin.

Il serait donc naïf de croire qu’AhmedOuyahia ait changé ou qu’il soit devenu comme enchantement un opposant quis’apprête à rejoindre le «Hirak» vendredi prochain. 

Les grandes manœuvres en prévision del’après Bouteflika ayant commencé, Ahmed Ouyahia cherche juste à se replacerquitte à se fendre de quelques phrases qui font mouche même si elles ne fontpas partie de son lexique politique.



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