Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia n’était pas sur la défensive cematin, contrairement à ce que les observateurs attendaient. Que ce soit sur leplan politique ou sur des questions économiques, où il était particulièrementattendu, le chef de l’exécutif, affichait une étonnante sérénité et parfoismême une certaine arrogance.
A certains partis del’opposition, notamment le MSP, qui ne le portent pas dans leur cœur, Ouyahia ena servi des vertes et des pas mures, au point de faire monter le chef du groupeparlementaire de ce parti islamiste sur ses grands chevaux.
Mais là où le Premier ministre a été presque défiant à l’égard despartis et des experts, c’est au chapitre économique.
A rebrousse poil de toutes les analyses, de toutes les projections,sur la délicatesse de la situation etl’inefficacité des mesures annoncées, Ouyahia est resté droit dans ses botteset plus que jamais sûr de ses choix. Ainsi au sujet du très controversé recoursà la planche à billets (financement non conventionnel) et le risqued’inflation, Ahmed Ouyahia écarte cet effet d’un revers de la main.
«La masse monétaire de l’Algérie n’égale pas le montant desréserves de change (…) on ne varien inventer concernant le financementnon conventionnel» a-t-il asséné. Et de déconstruire les conclusions desexperts : «C’est de la démagogie de dire que la planche à billetsconduirait à une baisse du dinar », tonne t-il. Avant d’ajouter péremptoire : «Iln’y aura une inflation ni à quatre chiffres, ni à deux chiffres. En tous cas,le gouvernement est là et les experts sont là. D’ici trois ou six mois, on vavoir si cette décision est juste ou pas ».
L’heure des comptes
Et comme pour appuyer ses engagements et convaincre du bien-fondéde sa mesure, Ouyahia annonce la création par décret présidentiel d’unorganisme indépendant chargé de contrôler le travail du gouvernement et la miseen œuvre du financement non conventionnel.
Une manière de suggérer que l’application de ce mode de financementsera rigoureusement contrôlé et qu’il servira à la relance économique et nonpas à la consommation. Mieux encore, le Premier ministre a promis que « annéeaprès année le gouvernement va solliciter de moins en moins» le financement nonconventionnel.
Autrement, il s’attend à un rééquilibrage du déficit budgétaire àl’horizon 2019. C’est un grand défi que se lance le Premier ministre et quiparait difficilement surmontable compte tenu de la «crise financièreétouffante», comme il l’a lui-même qualifiée.
Mais Ouyahia semblait vouloir prendre date devant les députés etl’opinion publique qu’il va réussir là où ses prédécesseurs avaientlamentablement échoué. Il a même donné rendez-vous à ses contradicteurs dans«trois à six mois» pour faire un premier bilan sur l’impact social dufinancement non conventionnel.
Au final, c’est un Premier ministre parfaitement à l’aise et sûr delui qui a affronté des députés de l’opposition qui ont dressé un tableau sombrede l’Algérie et esquissé des lendemains tout aussi obscurs. On en fera lescomptes dans quelques mois.