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Gouvernement : Sellal s’en va la tête haute

24-05-2017 14:00  N. S

Le président Abdelaziz Bouteflika a nommé aujourd’hui Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre, en remplacement de Abdelmalek Sellal. 

Cette nomination intervient dans la continuité du processus électoral dont l’ultime acte était hier l’installation de la nouvelle Assemblée puis l’élection à bulletin secret (une première) de son président en la personne de Said Bouhadja, un cacique du FLN.  

L’arrivée de Abdelmadjid Tebboune à la Primature constitue à certains égards une petite surprise, en ce sens qu’elle vient à contre-courant de ce que les observateurs ont annoncé, à savoir la reconduction de Abdelmalek Sellal. D’autant qu’il était en charge, officieusement, de mener des consultations informelles pour la formation du nouveau gouvernement, indice décrypté par les spécialistes de l’herméneutique politique comme une renouvellement de confiance de la part du président Bouteflika envers lequel il a été d’une loyauté exemplaire. 

Est-ce que l’échec de Sellal à convaincre le MSP d’intégrer le gouvernement, alors que c’est la volonté du président, selon Ould Abbès, lui a été fatale ? Dans une certaine mesure peut être. Mais d’un autre côté, le changement, un des messages portés par les dernières législatives, s’imposait. Et le président Bouteflika ne pouvait ignorer cette demande. 

En effet, le gouvernement Sellal apparaissait complètement à bout de souffle, face à une crise économique étouffante et son « nouveau programme économique » donnait cette apparence d’un cataplasme de grand-mère pour un corps qui nécessite de la grande chirurgie. 

Au-delà de l’incapacité de son gouvernement à prendre la mesure de la crise, comptant peut être sur un retournement miraculeux du marché du pétrole, Sellal a possiblement fait aussi les frais de sa communication désastreuse. Le lynchage dont il a été la cible sur les réseaux sociaux, après son meeting à Sétif, dans le cadre de sa tournée électorale, aura été révélateur à plus d’un titre de cette situation. 

Un bilan positif 

Mais ce n'est pas une raison de lui jeter la pierre, maintenant qu'il doit passer la main à son successeur, car Abdelmalek Sellal aura marqué son passage comme Premier ministre autant sur le plan de la gestion qu'au plan politique.

En effet, tout au long des cinq années passées à la tête du gouvernement, il a réussi à faire avancer bien des dossiers dans le logement, l"électricité, l'eau dans toutes les régions jusqu'à Tamanrasset, l'autosuffisance en ciment, la mise en place d'un embryon d'industrie automobile, l'agriculture où l'Algérie est devenue autosuffisante dans la plupart des produits agricoles à part le blé, dans le tourisme notamment avec les centaines de nouveaux hôtels, les travaux publics, les transports (chemins de fer et tramways) etc...  

Abdelmalek Sellal a eu aussi à représenter le président Bouteflika dans différentes rencontres internationales, pour porter la voix de l'Algérie, sans oublier aussi ses tournées régulières dans les wilayas pour prendre la température de l'Algérie profonde où  il a eu à procéder à l’inauguration et au lancement de milliers de projets à caractère socio-économique dans le cadre de la mise en œuvre et du suivi du programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.

Il a su également assurer la paix sociale, tout comme il a  engagé une ambitieuse politique d'aide pour les dizaines de milliers de  jeunes promoteurs qui s’engagent dans l’investissement productif (ANSEj, CNAC, ANGEM). Cette politique a permis la création de plusieurs milliers de microentreprises et de PME générant plus de deux millions de postes d’emploi alors que 190.000 microentreprises et PME ont été créées par de jeunes universitaires. Et ce bilan est loin d'être exhaustif tant les réalisations sont nombreuses et variées.

Ambassadeur ou directeur de cabinet du président ?

Quelle sera la prochaine destination de M.Sellal ? Certains l’annoncent déjà à Paris, comme ambassadeur. D’autre le verraient plutôt comme directeur de cabinet du président en remplacement d’Ahmed Ouyahia. D’autres encore le destinent à un retrait provisoire de la scène politique pour peaufiner sa stature de présidentiable, en prévision de 2019. En effet, l'homme a acquis beaucoup d'expérience tant sur le plan politique qu'économique et sa présence dans les starting-blocks en 2019 ne sera une surprise pour personne.

S’agissant de M.Tebboune, comme on dit dans le langage des sportifs, il bénéficie de la faveur des pronostics. Il a bonne presse dans l’opinion, car il aura été un des ministres les plus efficaces, en réussissant un bon pilotage de la politique du logement, un des axes majeurs du programme du président Bouteflika. 

Même dans le secteur du commerce, dont il a hérité de la charge après le décès de Bakhti Bélayeb, Abdelmadjid Tebboune a pu remettre un peu d’ordre dans la maison. Cette efficacité qui a été sa marque, comme ministre, mais aussi précédemment, comme Wali, Tebboune se doit de lui donner une dimension exponentielle comme Premier ministre, surtout que la conjoncture actuelle est hyper compliquée.  



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