Les finances du pays vont de plus en plus mal depuis 2014, date tournant qui a vu le prix du baril pétrolier plonger à la verticale. Mais les responsables, politiques, tablant sur un miraculeux retournement du marché pétrolier, préféraient voir …le baril à moitié plein.
Des leaders de l’opposition, en mettant en garde contre l’optimisme béat du pouvoir, ont eu droit à de récurrentes remontrances, notamment du temps de Sellal qui les accusait de cultiver l’alarmisme pour saper le moral du bon peuple.
Heureusement ou malheureusement, le temps a fini par leur donner raison et , également aux économistes indépendants, dont le professeur Mebtoul, dans nos colonnes, qui n’ont eu de cesse d’appeler à « un devoir de lucidité".
A ce propos, le Conseil des ministres de mercredi se donne à lire comme un moment de vérité par rapport à l’état « préoccupant » des finances du pays.
Le choix de certains mots du communiqué final traduit assez bien cette prise de conscience des responsables acculés, en dépit de leur plein gré de se rendre à l’évidence.
Frappée depuis 2014 par une crise financière, "qui s'annonce durable", selon le plan d'action, l'Algérie enregistre un déficit commercial de plus de 20 milliards de dollars en 2016 et un déficit continu de la balance des paiements, commente l’APS.
L''Algérie demeure, pour le moment, économiquement souveraine grâce aux réserves de change accumulées durant les années passées. Sauf que ces réserves ont fondu déjà pour moitié en moins de trois ans, passant de 193 milliards de dollars en mai 2014 à 105 milliards dollars en juillet 2017. Bécause un déficit budgétaire structurel et surtout abyssal.
Au niveau interne, la situation des finances publiques est "préoccupante", car le recul de la fiscalité pétrolière a généré des déficits budgétaires répétés, entraînant la Consommation de la totalité de l'épargne du Trésor qui était logée au Fonds de régulation des recettes (FRR), épuisé en février 2017, alerte encore l’agence officielle.
Le Trésor a eu recours à d'autres ressources complémentaires (emprunt national, des versements exceptionnels de dividendes par la Banque d'Algérie et un emprunt extérieur auprès de la Banque africaine de Développement).
Cependant, la situation "demeure extrêmement tendue au niveau du budget de l’Etat : dans la situation actuelle, l'année 2017 sera clôturée avec des difficultés réelles, alors que l'année 2018 s’annonce plus complexe encore", prévient le communiqué du CDM.
Le même communiqué qui prévient qu’en l’absence de solution nouvelle (d’où justement l’alternative du recours aux moyens de fiancent non-conventionnels), le pays encoure le risque, ou bien, d’une "incapacité à assurer la dépense publique, avec des conséquences économiques, sociales et même politiques périlleuses", ou alors un processus de perte de souveraineté économique. Autrement dit, le passage obligé sous les fourches caudines du FMI.