Algérie 1

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Face à une crise mondiale sans précédent, les défis socio-économiques du Président Tebboune

06-05-2020 17:07  Pr Abderrahmane Mebtoul

L’Algérie, dont les recettes en devises avec les dérivés proviennent à 98% des hydrocarbures, doit être attentive  à l’évolution de l’ économie mondiale. Cela a un impact sur les recettes notamment en devises de l’économie algérienne qui connait des tensions budgétaires et donc sur le mode de financement, certains politiques et experts  ayant proposé  le financement non conventionnel. Je rappelle  que me je suis  opposé à la  modification de  la loi sur la monnaie et le crédit (voir www.google.com nos interviews 05/09/2017-05/03/2018) ayant attiré l'attention des anciens gouvernants, que ce mode de financement peut conduire à une dérive inflationniste qui pénalisera les couches les plus défavorisées sans compter les  risques de déstabilisation politique comme au Venezuela. Dans ce cadre  je ne puis qu’adhérer à la décision du Président de la république Abdelmadjid Tebboune, le scénario ultime, en cas d’aggravation du déficit budgétaire, étant la dévaluation rampante du dinar mais en mettant en place, parallèlement, des mécanismes pour assurer la cohésion sociale.    

1.-Quelle est la situation de l’économie algérienne

1.1.- Le cours du pétrole a été coté le 05  mai 2020, après l’application de l’accord de réduction de 9,7 millions de barils/jour, décidée par les pays Opep ( environ 40%  seulement de la production commercialisée mondiale) et non Opep,  à  31,95 dollars le Brent , à  25,80 le Wit,  une  nette augmentation et le gaz naturel sur le  marché libre –cotation de juin 2020 à  flutant 2,103 dollars  le MBTU. Selon la majorité des institutions internationales, ( avril 2020), en moyenne annuelle pour 2020, l’AIE, la Banque mondiale, l'OCDE et le FMI  le cours du pétrole, dans une hypothèse optimiste d’une relance timide de la croissance mondiale au second semestre 2020  (prévision croissance négative moins 5%,en 2020 la Chine  entre ½% en selon le FMI) ,  fluctuerait entre 30/35 dollars et moins de 30 dollars  en cas de persistance  de l’épidémie   avec des ondes de chocs négatifs pour l’année 2021. Les faibles prix sont dus au  stockage sans précédent (USA- Chine, Inde, Europe voir nos interviews le 23/04/2020 à France 24 et à American Herald Tribune USA) qui a un coût croissant, certaines estimations donnant plus de 30 millions de barils jour d’excédent, et la hausse des cours   dépendant d’un retour à la croissance d l’économie mondiale qui tire la demande. Pour l’Algérie, la baisse d’un dollar des hydrocarbures lui fait perdre en moyenne annuelle entre 450/600 millions de dollars, qui a été conjuguée avec la baisse en volume de énergies primaires exportables entre 2005/2019, à dominance de pétrole et gaz brut et semi - but. A 66 dollars moyenne annuelle les recettes brutes de Sonatrach ont été de 34 milliards de dollars  avec en plus deux milliards de dollars hors hydrocarbures mais constituées à 70% de dérivées d’hydrocarbures. La banque mondiale dans son rapport  d’avril 2020, de suivi de la situation économique de l’Algérie estime qu’à 30 dollars le baril de pétrole en 2020, les recettes ne dépasseront pas 21 milliards de dollars. Cela impactera les recettes d’exportation (-51%) avec un  déficit commercial de 18,2% du PIB et une détérioration du déficit du compte courant qui atteindrait le niveau record de 18,8% du PIB en 2020, malgré les mesures prises pour limiter les importations . Le risque  pour la banque mondiale est que les réserves seraient ramenées à 24,2 milliards de dollars, soit environ 6,1 mois d’importations à fin 2020 , les réserves   s’épuisant en 2021 et des engagements hors bilan étant  imminents avec  la dette qui pourrait augmenter à 56,2% du PIB en 2020, puis à 67,1% du PIB en 2021, pour atteindre 75,7% du PIB en 2022. Je pense que ce scénario catastrophe repose  sur un rythme d’importation en 2020  équivalent à 2019  et sur un baril entre  20/25 dollars en moyenne annuelle ne correspond pas à la réalité et les données  du ministre de la communication d’une clôture  des réserves de change  d’environ 44 milliards de dollars fin 2020 correspondent plus à la réalité sous réserve d’une importation de biens de services  inférieur à 40 milliards de dollars et d’un cours de baril entre 35/40 dollars pour le pétrole et plus de 4/5 dollars le MBTU pour le gaz ( voir notre contribution au site international AricaPresseparis 05/05/2020)

1.2- Cela a un impact sur le taux d’emploi fonction du taux de croissance et des structures de productivité , devant  s’attendre à un  accroissement du taux de chômage ( plus de 15% en 2021 selon le FMI) , en tenant compte que sur plus de 12 millions de la population active en avril 2020, plus de 40% de l’emploi est  dans la sphère informelle souvent sans protection sociale, devant créer  plus de 300.000 emplois par an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel nécessitant annuellement sur au moins cinq années un taux de croissance de 8/9%.  Pour sa part, les prévisions de la banque mondiale  dans son dernier rapport, tablent sur une contraction de 3% du PIB  en 2020 suite  à la chute des investissements publics, qui représentent 44% de la totalité des investissements, les efforts visant à stimuler l’investissement privé, comme l’abrogation de la règle 51/49 pour les secteurs non stratégiques, étant  entravés par des incertitudes nationales et mondiales De ce fait le taux de chômage devrait s’accroitre  en raison de la cessation d’activité de plusieurs entreprises, notamment dans le secteur du BTPH  et  la rupture des approvisionnements en provenance de Chine et d’Europe en raison de l’épidémie de Covid-19, qui représentent plus de 80 % des importations algériennes, pourrait entraîner une hausse les prix des importations, notamment dans le domaine céréalier dont l’Algérie est un grand importateur  au niveau mondial  

1.3-Concernant l’intégration de la sphère informelle au sein de la sphère réelle, comme moyen de financement , concernant la partie dinars ( 33% de la masse monétaire en circulation selon le rapport de la banque d’Algérie 2019)  connaissant bien le dossier, ayant   eu à diriger  pour le 4ème Think Tank mondial l’Institut Français des relations internationales IFRI,-Paris, décembre 2013, c’est  un dossier complexe,  devant méditer l’expérience des mesures passées qui ont  été un véritable échec selon l’avis de  la majorité  des experts financiers, dont certains oligarques rentiers   en ont profité  ayant  joué sur la distorsion des taux d’intérêt banques faible /Trésor ,plus élevé,  puisant non dans leurs fonds mais dans celui des banques publiques, n’ayant pas réussi à intégrer le capital argent de la sphère informelle.  En période de crise et c’est une loi universelle applicable à tous les  pays, cette sphère s’étendant  et son intégration dépend fondamentalement du retour à la confiance  et d’une nouvelle régulation d’ensemble tant de la société que de la politique socio-économique.   Car,   les raisons de la faiblesse de l’appareil productif sont essentiellement dues au manque de vision stratégique, de visibilité dans la démarche de la politique économique à travers, le mauvais choix dans l’allocation des ressources. Pour preuve les entrée de devises ont été entre 2000/fin 2018 de plus de 1000 milliards de dollars, une importation de 935 milliards de dollars de biens et services pour avoir un taux de croissance dérisoire entre 2/3% : mauvaise gestion, corruption ou les deux à la fois. Nous avons également l’instabilité juridique perpétuelle couplé au système bureaucratique local et central sclérosant qui freine les énergies créatrices, de l’’inadaptation des différentes structures du Ministère des finances (banques, domaine, fiscalité, douane,) lieu de distribution de la rente) et enjeu énorme du pouvoir et du système socio-éducatif à l’évolution du monde, sans oublier l’épineux problème du foncier. D’où l’importance d’analyser la problématique du  financement non conventionnel , devant comparer le comparable, des économies rentières , qu’il  peut conduire à une dérive inflationniste qui pénalisera les couches  les plus défavorisées sans compter les  risques de déstabilisation politique comme au Venezuela

2.-Le financement non conventionnel et les risques de la dérive inflationniste

2.1.- Le financement non conventionnel repose sur les stratégies politiques de relance keynésienne, où  en période de récession l’Etat est en mesure de stimuler la demande lorsque celle-ci est insuffisante à travers l'injection monétaire anticipant la relance de la demande globale (investissement et consommation).  Le sous-emploi des facteurs de production est selon Keynes dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective, le salaire n’étant pas seulement un coût mais un déterminant important de la demande. L'investissement ne peut donc "repartir" que si les anticipations des entreprises sont positives. Il s'agit de redonner confiance aux consommateurs ; de mettre en œuvre des moyens de répartition des richesses permettant aux agents économiques qui ont la propension moyenne à consommer la plus élevée, de dépenser pour mieux relancer la machine économique ; de baisser les taux d'intérêts pour stimuler le crédit à la consommation et aux investissements et enfin d'engager une politique de grands travaux publics qui provoqueront un effet multiplicateur de revenus et accélérateur d'investissements. La reprise de la consommation entraînera une augmentation des investissements donc la situation de l'emploi s'en trouvera améliorée, et ce grâce au multiplicateur de revenus. L'Etat intervient transitoirement en période de crise donc se situant dans le cadre d’actions conjoncturelles postulant l’élasticité des facteurs de production, équipement, travail qualité disponibles.

2.2.-.-Quel est  le fondement du financement non conventionnel qui a été utilisé mais dans une économie de marché structurée ayant un potentiel de création de valeur ajoutée envisageable  dans le cas d'entreprises en croissance ou d'entreprises en restructuration, utilisé  lorsque le financement traditionnel ne permet pas à l'entreprise de pleinement se développer, ou lorsque le financement n'est simplement pas disponible. En fait, lorsqu'une entreprise a des actifs et/ou génère un flux monétaire (cash-flow), des options de financement non-conventionnel s'ouvrent à elle, en complément au financement traditionnel. Les  banques centrales occidentales ont utilisé ces mesures  non conventionnelles qui peuvent prennent la forme de mesures d'assouplissement de certaines normes de la politique monétaire conventionnelle ou d'injections massives de liquidités dans le système financier dans des  circonstances qui les justifient, notamment   lors  d' apparition d'un risque de déflation, un krach boursier ou obligataire, faillite d'un établissement de crédit de taille importante et  crise de confiance du secteur financier..  Plus précisément, les mesures non-conventionnelles sont des mesures de politique monétaire temporaires dont l'objectif est le rétablissement des canaux de transmission de la politique monétaire et in fine un soutien au crédit bancaire et à la liquidité sur le marché monétaire. Les mesures non-conventionnelles se regroupent en trois catégories. -Premièrement, les mesures d'assouplissement quantitatif (ou quantitative easing, QE) sont des mesures par laquelle la banque centrale propose une quantité illimitée de monnaie aux banques commerciales. La saturation de la demande de monnaie de celles-ci doit conduire à ce qu'elles dépensent les encaisses excédentaires, c'est-à-dire qu'elles octroient à nouveau des prêts bancaires aux ménages et aux entreprises. -Deuxièmement, les mesures d'orientation des anticipations des taux futurs consistent pour la banque centrale à s'engager sur la trajectoire future de ses taux directeurs contribuant  à abaisser les taux d'intérêt à moyen et long termes et à les rapprocher du taux directeur de la banque centrale. Elles prennent la forme d'engagements explicites en faveur du maintien à un niveau très faible ou nul le taux directeur pendant une période de temps significative. -Troisièmement, des mesures d'assouplissement du crédit (ou credit easing). Celles-ci tendent de contourner le blocage du canal du crédit provoqué soit par le phénomène de "trappe à liquidité", soit de tensions sur certains segments-clefs des marchés financiers. La banque centrale agit alors comme un "intermédiaire de dernier ressort" en finançant directement l'économie.  De facto, un assouplissement des critères d'éligibilité conduira les banques à moins hésiter dans leur prise de risques, et donc à accorder davantage de prêts à des entreprises de taille moyenne ou petites.

2.3.- Quand est-il appliqué à la réalité de l'économie algérienne ? A la lumière de la situation économique algérienne, les politiques actuelles des pays développés par l’injection massive de liquidités sont   difficilement transposables. Pour l'Algérie, qui souffre de rigidités structurelles et non conjoncturelles, environ 97/98% des recettes en devises proviennent directement et indirectement des hydrocarbures brut et semi -brut, 83% du tissu productif est constitué de petits commerce/services, le secteur productif étant marginal, le secteur industriel moins de 6% du PIB et sur ces 6%, plus de 95% de PMI/PME peu innovantes. Comment avec une entrée  de devises de plus de 1000 milliards de dollars et une importation de biens et services sortie de plus 935 milliards de dollars au 31/12/2019 n’a- t-on pas  le problème du développement hors hydrocarbures et comment faire avec moins de 44 milliards de dollars  fin  2020 ? Car entre  2000/2019 , nous  avons pu constater à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l'exécution des projets, de très importants dépassements de budget au niveau de différents projets dont l'existence d'un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l'absence d'interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d'investissement et le budget de fonctionnement , des passifs éventuels potentiellement importants, de longs retards et des surcoûts pendant l'exécution des projets. Ceci, témoigne de la faiblesse de la capacité d'exécution des organismes d'exécution et que ni les ministères d'exécution, ni le ministère des Finances n'ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d'exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant. De nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans l'urgence qui accompagne la préparation des projets notamment la myriade de demandes spécifiques auxquelles les projets sont supposés répondre avec des chevauchements des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (des dizaines de commissions ministérielles et commissions de wilaya) ce que les économistes appellent les couts de transactions et ce faute d'une organisation institutionnelle non optimale.

2.4.- Il s’agit donc d’éviter de proposer des recettes non adaptées à la réalité algérienne dominée par la  rente des hydrocarbures et la sphère informelle,  devant comparer le comparable, non les pays développés qui ont une économie productive performante, mais l’expérience vénézuélienne mono exportatrice d’hydrocarbures (premier réservoir mondial) dont le financement non  conventionnel a conduit le pays à la semi-faillite et à une hyperinflation. Quel a été l’évolution du schémas vénézuélien dont plus de 90% des revenus en devises provient des hydrocarbures ?  Cela a commencé par l’émission monétaire ( planche à billets)  du fait que l’économie est extériorisée dépendante de la rente, avec comme incidences  accroissement des importations en devises  qui permet d’atténuer la faiblesse de l’offre interne , épuisement des réserves de change , émission monétaire hyperinflation interne, (un panier de billets pour acheter une   baguette de pain ) , dévaluation croissante de la monnaie , tensions sociales par la détérioration du pouvoir  d’achat des couches moyennes et des couches déshéritées  l’inflation jouant comme vecteur de  redistributions  au profit des revenus variables.  A titre de précision,  selon les données  officielles, l 'inflation a atteint 9.585,5% en 2019 au Venezuela,  une année qui s'est achevée par une dévaluation du bolivar de 98% , la cotation du bolivar en dollars le 04  mai  2020 -USAD/VF/spot à 248.567.7500 VEF . Aussi pour l'Algérie, il faut replacer les analyses  dans leurs véritables contextes car les hydrocarbures irriguent l'ensemble de l'économie et le segment hors hydrocarbures l'est à plus de 80% sur le total des 5/6% hors hydrocarbures de taux de croissance invoqué par les officiels ( moyenne 2000/2019) , restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 10% du total du produit intérieur brut ( PIB) comme le montre depuis plusieurs années les exportations hors hydrocarbures dérisoires Comment ne pas rappeler que lors  de  la conférence nationale sur le développement économique et sociale le 04 Novembre 2O14  en présence du premier ministre de l'époque  et des  membres du gouvernement,  ( conférence reproduite  octobre/novembre  2014  dans la presse nationale et internationale  www.google.com) , j'avais proposé d’approfondir les réformes structurelles et favoriser un large  front social  face à la chute du cours  des hydrocarbures.  Avons-nous été écoutés depuis? Je ne puis oublier ce jour ou la majorité des ministres- pas tous -  et des experts, ( le seul qui m’a défendu a été le professeur Chems  Chitour) , qui est un ami, affirmant  que le cours allait  remonter , rejetant  cette proposition et que le Pr Mebtoul était un oiseau de mauvaise augure. Car, dès maintenant l’Algérie devra se préparer à affronter de nouvelles mutations où après l’après coronavirus,  le monde 2020/2030, devrait connaitre un profond bouleversement géostratégique sécuritaire et socio-économique

3.-Préparer la société algérienne à l’après coronavirus

3.1.-Tous les gouvernants se préparent à l’après coronavirus où le monde de demain ne sera plus jamais comme avant.  Sur le plan géostratégique, mais également du modèle socio-économique, le monde ne sera plus jamais comme avant (voir nos interviews le 23/04/2020 à France 24 et à American Herald Tribune USA)Le monde selon certains scénarios devrait s’orienter vers de profondes mutations politiques, militaires, socio-économiques et énergétiques ( déclin des hydrocarbures traditionnels) avec de nouveaux segments que Jacques Attali  qualifient « d’activités de la vie » engendrant de la valeur ajoutée, supposant de nouveaux comportements et un nouveau modèle de consommation,  avec le rôle accru de l’ Etat régulateur et non gestionnaire. Les futures guerres qui attendent le monde sont la guerre alimentaire et son corollaire l’eau, la guerre numérique (avec l’espionnage économique) qui modifiera tant notre mode de vie, les guerres classiques, la gestion tant des institutions que des entreprises. Ainsi avec le monde du digital et internet , la majorité des journaux papiers devraient disparaitre , restant que les revues  spécialisées , ne signifiant pas  moins de lecteurs , mais avec la réduction des couts, d’autres méthodes de production  et de marketing ( information en temps réel). Mais surtout la guerre écologique, cette dernière pouvant conduire avec le réchauffement climatique à des déplacements de populations avec l’élévation du niveau des mers et la sécheresse, avec d’importants flux migratoires et des millions de morts, dont l’impact actuellement du coronavirus ne serait qu’un épiphénomène. Dès lors les cabinets internationaux de prospectives pilotés par les grands Etats de ce monde, se préparent à ces nouvelles mutations devant assister à d’importantes reconfigurations géostratégiques, l’émergence d’un nouveau pouvoir avec de nouvelles puissances économiques, une nouvelle gouvernance mondiale ( Re-mondialisation),  devant concilier l’efficacité économique et une plus grande justice sociale pour un monde plus solidaire .

3.2- Nous devrions assister à des recompositions territoriales autour de grands espaces régionaux pour une population mondiale fin 2019 d’environ 7,7 milliards d’habitants, 8,9 en 2030 et  9,8 en 2050:  USA( 328 millions d’habitants) /via Amérique latine, Caraïbes 654 millions d’habitants,

- l’Europe (741 4 millions d’habitants) actuellement l’espace le plus riche du monde avec les USA, qui après cette crise devrait se renforcer  sous condition qu’elle ne donne plus le primat qu’à l’économique mais pour une Europe plus sociale, une population vieillissante, incluant la Russie porte à la fois sur l’Europe devant s’étendre sur son flanc Est  avec la Russie porte de l’Europe mais également de l’Asie,  (Sibérie). Les relocalisations de certains segments  en dehors de l’Asie dont la Chine devrait profiter à l’Europe de l’ex camps communiste ayant une main d’œuvre qualifiée et à bas cout, critère essentiel de l’attrait de l’investissement direct étranger, 

-l’espace asiatique, (4,463 milliards d’habitants) environ 58% de la population mondiale   avec la dominance du couple Chine/ Inde/Japon/ Corée du Sud , le plus grand marché du monde entre 2020/2030, sans oublier  le Pakistan et des  puissances annexes comme l’Indonésie , la Malaisie et  le Vietnam du Nord  mais devant résoudre le problème lancinant   de l’Afghanistan,

 -le déploiement de l’Europe sur son flanc Sud  en direction du  continent Afrique, 1,216 millions d’habitants  en 2019  et  25% entre 2035/2040,  avec le sous segment   Maghreb  (environ 100 millions d’habitants avec des échanges intra dérisoires moins de 3%) , sous réserve d’une intégration réelle,  dont l’Algérie, qui est un pays pivot. Ce continent horizon 2025/2030 est t un enjeu  des grandes puissances entre 2020/2030/2040  avec les rivalités USA/Europe qui ont les mêmes objectifs stratégiques  et la Chine à travers la route de la Soie.

Pour cet espace ce qui se passe en Libye, avec la convoitise de ses immenses richesses, pour une population ne dépassant pas 6 millions d’habitants, à majorité bédouine,  où nous assistons à une guerre civile par procuration via les rivalités de grandes puissances étrangères, cette situation non maitrisée pouvant  conduire   à une déstabilisation de la région qui se répercuterait sur toute la région du Sahel et la région méditerranéenne et enfin   le Moyen Orient, berceau des civilisations, nécessitant une pais durable grâce au dialogue des cultures,  qui connait une instabilité politique devrait   connaitre également une grande recomposition avec les rôles respectifs d’Israël, certains pays du Golfe ( dont le pouvoir actuellement repose sur  la rente des hydrocarbures),  via l’Egypte   et de l’Iran qui sera une grande puissance régionale.

En résumé,   je considère que le  rôle de l’intellectuel ou d’un cadre supérieur de l’Etat  n’est pas de faire des louanges en contrepartie  d’une rente et d’élaborer des théories abstraites sans connaitre la morphologie de la société  mais de privilégier les intérêts supérieurs du pays par une analyse objective pour des décisions opérationnelles. Le    devenir de l’économie algérienne suppose des stratégies d’adaptation au nouveau monde, loin de tout populisme ,posant l'urgence  du passage d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures. seules des réformes internes politiques et socio-économiques,  permettront de modifier le régime de croissance pour atteindre une croissance durable  condition de la création d'emplois à valeur ajoutée, mettant fin progressivement à cette croissance volatile et soumise aux chocs externes, les dépenses monétaires sans se préoccuper des impacts.  Or, paradoxalement, l'avancé ou l’accélération des réformes en Algérie est inversement proportionnelle au cours du pétrole, paradoxalement étant freinée lorsque les cours s'élèvent. L’Algérie devra s’adapter à ces nouvelles mutations, si elle ne veut pas  être marginalisée dans le cadre des relations internationales,  ayant toutes  les potentialités de sortie de crise  sous réserve de changer  la trajectoire économique pour une véritable transition économique et énergétique dans le cadre des valeurs internationales,  supposant une refonte de  l’Etat sur la base d’une gouvernance renouvelée, loin des aléas de la rente ,  avec le  primat du savoir sur les relations de clientèles. 

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NB Voir   nos  différentes contributions www.algerie1.com  de 2011 à mai 2020

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