A l'heureactuelle, environ 80% des transactions dans le monde sont effectuées enespèces. Mais la tendance est en train de s'inverser en faveur des paiementsélectroniques. Néanmoins, la médaille peut avoir un revers, et le passage à cenouveau mode de paiement n’est pas forcément sans travers. Le risque depiratage étant omniprésent, l’usager doit être vigilant.
Si le paiementélectronique est monnaie courante sous d’autres cieux, il l’est beaucoup moinsen Algérie, tant l’Algérien est encore attaché à la culture du cash. Néanmoins,la machine est en marche. Et pour cause. Le Gouvernement déploie des moyenscolossaux pour construire une économie numérique et assurer un cyberespaceaccessible et sécurisé en Algérie.
Dans unentretien accordé à l’APS en juin 2016, le ministre délégué auprès du ministredes Finances, chargé de l'Economie Numérique et de la Modernisation dessystèmes financiers, Mouatassam Boudiaf, avait déclaré que les prioritésétaient « d’asseoir les fondements et de mettre en place l’écosystèmede l’économie numérique dans notre pays de façon à permettre son essor, sapérennité et à assurer sa profitabilité à l’économie nationale.»
Depuis,beaucoup de choses ont été réalisées; l’ouverture du e-paiement en octobre2016, le lancement de la carte électronique « Edahabia » et l’inauguration deson bureau virtuel «BaridiNet» en décembre 2016. De plus, Algérie télécom aprocédé à l’acquisition de cinq millions cartes de paiement électronique et àl’installation de 5 000 Terminaux de Paiement Electronique (TPE). En plus de ceuxdont dispose la SATIM et qui s’élèvent à plusieurs milliers.
Mais en dépitde ces gros moyens, l’Algérien reste encore peu conscient de la praticabilitédu système. Ajouter à cela, des résistances face à l’adoption de ce nouveausystème de paiement qui alimente des craintes par rapport au risque depiratage.
« Quand il s’agitd’argent, les gens ont peur. Ils ne font pas systématiquement confiance,surtout quand ils ne savent pas comment cela fonctionne », affirme M. Louhi Reda, cofondateur et cogérant d’une startup leader enpaiement enligne basée à Alger.
Un constatconforté par Mounir Zaaf, patron d’une entreprise de e-commerce basée à Annaba,« Malheureusement, les gens sont encore frileux à l’idée d’acheter en ligne. Mais je pense que cela devrait changer avec ladémocratisation de l’e-paiement dans un avenir proche», tempère-il.
En effet, surles dix personnes sondées par Algérie1, huit considèrent qu’il estrisqué d’effectuer des e-transactions. « Quand il s’agit de petites sommesje peux effectuer des transactions en ligne, mais au-delà de 10 000 DA, je nefais pas confiance », tranche Mouloud, retraité.
Uneappréhension partagée par Hasna, une cadre trentenaire qui estime que « Cemode de paiement est très utile. Cela permet de gagner beaucoup de temps. Maiss’il n’y a pas de garantie absolue par rapport à la sécurité des systèmes, je préfèreperdre du temps que de l’argent », lance-t-elle sur un ton convaincu.
Soucieux desensibiliser l’opinion publique, nous avons posé la question à desprofessionnels en e-paiement ainsi qu’en sécurité informatique.
D’abord,qu'est-ce que c'est que la sécurité informatique ?
Dans un langagesimplifié, « C’est comme une porte. Il y'en a des simples, d’autresblindées et d’autres super blindées. Plus le système de l’information estsécurisé plus la porte sera blindée et donc moins de risque de piratage »,caricature M.Sassi Kamel, spécialiste en transactions monétiques et associé deM.Louhi.
Dans un langageplus professionnel, la sécurité de l'information « est tout ce qui estdispositif technique, organisationnel et humain mis en place pour assurer laconfidentialité, l'intégrité ainsi que la disponibilité de l‘information soustoutes ses formes », nous éclaire MM, ingénieur en sécurité informatique.
SET, unprotocole de sécurité ultraperformant
Selon l’experten cybersécurité, les plateformes du e-commerce sont dotées d’un protocole desécurité "quasi" impénétrable, appelé le SET.
« Le SecureElectronic Transaction est un protocole conçu spécialement pour sécuriser lese-transactions par carte bancaire. Il a été conçu dans les années 90 par lesgéants de la monétique, Visa International et MasterCard, en collaboration avecles plus grandes firmes informatiques de la planète », développe l’ingénieur en sécurité des systèmes.
Pour autant, lerisque zéro n’existe pas. D’où les efforts consentis par les responsables pourla sécurisation des cyberespaces.
La ministre dela Poste et de la Technologie de l’information et des Communications, HoudaImane Faraoun, avait déclaré, lors de la cérémonie du lancement de la carte depaiement électronique, que « BaridiNet et Edahabia sont hautementsécurisés pour faire face à toute tentative de clonage ou de piratageinformatique ». Mais est-ce suffisant pour garantir les e-transactions?
« Al'heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure de parler d’une sécuritéabsolue d’autant plus que les menaces tendent à être quotidiennes », met en garde le spécialiste de la sécurité des réseaux.
Mais afin de réduire, autant que faire se peut, les risques inhérents auxe-transactions, il reste des choses à connaître, au préalable.
D’abord, «Il faudrait s'assurer de la sécurité de la plateforme de paiement, à savoir queles dispositifs de cryptage soient compatibles avec les dernières mesures desécurité, d’une part, et d’autre part, il faudrait qu'aucune vulnérabilité nesoit présente au niveau de la plateforme », argumente l'informaticien qui estime, toutefois, que l'utilisateur final reste au centre desbonnes ou des mauvaises manipulations, indépendamment des mesures techniquesqui restent insuffisantes sans « une vigilance de tous les instants dudétenteur de la carte.»
Solvabilité del'argent et résolution des litiges en ligne
Outre l’aspect purement technique de la sécurité dessystèmes, les plateformes spécialisées en paiement en ligne, se portentgarantes de l’argent des clients.
« Quand unclient effectue une e-transaction, son argent reste au niveau de l’entreprisejusqu’à ce qu’il confirme avoir reçu son produit et que ce dernier soitconforme à ce qu’il avait vu sur internet. Ce n’estqu’à ce moment-là que l’argent va dans le compte du vendeur », développeM.Louhi.
Comme dans lecommerce traditionnel, des problèmes peuvent surgir; insatisfaction du client, non-conformité de lamarchandise ou encore d’autres cas de figure. Dans ces cas-là, « Le client sefera tout bonnement rembourser l’intégralité de son argent et la marchandiseretournera chez le vendeur », rassure le leader des paiements électroniques.
Selon lui, silitige il y a, les plateformes du e-commerce sont dotées d’une section litigescomposée d’ « une équipe juridique chargée de connaître et de solutionnerces différends.»
Le fait que le risquezéro n’existe point ne devrait pas pour autant nourrir les résistances auchangement. Et basculer de la culture du cash à celle du cashless pourraitconstituer une agréable révolution dans notre vie; tant il est vrai qu’à l’èredes monnaies virtuelles, user du cash relève du pur archaïsme.