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Elle prend fin aujourd’hui à minuit : Une campagne plombée par l’enjeu de la présidentielle

19-11-2017 10:15  Amel Benabi

La campagne électorale prend fin aujourd’hui à minuit après 21 jours de meetings, de discours et de travail de proximité. Qu’-avons-nous retenu de ce grand battage politique ? S’il est vrai que la scène politique longtemps léthargique s’était quelque peu réveillée et les partis ont rouvert leurs bureaux, la tache n’était tout de même pas aisée aux leaders des formations et aux candidats. Et pour cause !

Dans un contexte marqué par une crise financière, l’affaire était déjà mal embarquée. Les politiques qui avaient coutume de lancer des salves de promesses sans lendemains, ont été rattrapés par la dure réalité d’une situation financière qui excluait toute folie dépensière alors même que la prise en charge des besoins élémentaires des collectivités locales n’est pas garantie.

A quelque chose malheur est bon, les candidats ont été contraints d’abandonner le populisme, se contentant d’inviter les citoyens à aller voter. N’ayant visiblement rien à proposer au niveau local, quasiment tous les partis y compris ceux de la majorité, ont opportunément opté pour des questions d’ordre national.

On aura ainsi longuement écouté Djamel Ould Abbès, gloser sur les victoires du FLN historique qui a libéré le pays et signé les accords d’Evian. Dans pratiquement tous ses discours, il n’hésitait pas  à entretenir la confusion entre le Front de libération nationale et le parti qu’il préside en invitant les citoyens à voter en faveur de ses candidats parce qu’ils «incarnent l’Etat».

Le Secrétaire général du parti FLN n’a pas fait la moindre proposition s’agissant de la gestion des collectivités locales. En revanche, il ne s’était pas empêché de faire le parallèle entre les élections locales et la présidentielle de 2019 au point de signifier que le vainqueur de ce double scrutin sera sans doute aussi celui qui triomphera en 2019.

Election locale, discours… national

Djamel Ould Abbès a même mis les pieds dans le plat en disant que le futur président «sera issu du FLN» dans une allusion à peine voilée à un cinquième mandat du président. Et pour ne pas laisser l’ombre d’un doute, il lancera : «Seul Dieu et le FLN savent qui sera le futur président... (Sic) »

Une pique saisie au vol par le Secrétaire général du RND et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ainsi sous pression de réagir.

«La présidentielle est encore loin, cependant moi j’ai un contrat avec le président Bouteflika, je le soutiens en tant que président et en tant que candidat» (sic).

Pour la première fois, Ahmed Ouyahia qui attend de «rencontrer son destin», envisage sérieusement un cinquième mandat. C’est un peu le clou de cette campagne morne dont le débat sourd sur la présidentielle aura éclipsé les préoccupations citoyennes et tout le reste.

Amara Benyounès du MPA a lui aussi axé ses discours contre l’opposition qui crie à la fraude par anticipation. Il a essayé également de montrer l’image d’un parti qui n’a pas souffert de la cascade de démissions qu’il a connu au lendemain des législatives.

Les partis de l’opposition à l’instar du FFS, du RCD, du front Al Moustaqbel, du MSP, d’Al Islah et Adala ont plutôt développé un discours critique à l’égard du pouvoir coupable d’avoir dilapidé des milliards de dollars sans avoir réussi à amorcer un vrai développement local.

Mais, on n’a pas vraiment entendu de propositions alternatives crédibles qui auraient pu faire la différence. A trop vouloir accabler la gestion du pouvoir central, ils ont oublié de convaincre par leur propre programme si tant est qu’ils en aient un.

L’ombre du «Taqachouf»  

De fait, très souvent, les salles de meetings étaient clairsemées comme si le citoyen-électeur est définitivement désabusé. Ceci d’autant plus que le maire est au pied du mur. N’étant pas libre de ses mouvements avec un code communal qui le tient les pieds et les mains liés, le président d’APC est à la merci de l’administration représentées par le chef de Daïra et le wali qui peuvent même le dégommer.

C’est dire à quel point il était difficile de remplir les salles et encore moins se faire applaudir par une assistance qui semblait échaudée par les expériences passées. Seule Louisa Hanoune et ses collaborateurs ont plus au moins «réussi» leur campagne en brandissant le slogan  de la «résistance» contre la «politique libérale du gouvernement».

Dans toutes ses interventions, la patronne du parti des travailleurs a ressorti toute son artillerie populiste pour bombarder le gouvernement en le mettant en garde contre «la paupérisation de la population». Point de propositions pour une gestion optimale des collectivités locales pour autant.

Elle a surtout longuement parlé des «dangers» du financement non conventionnel, et critiqué le gel du recrutement dans la fonction publique sans expliquer avec quel argent elle pourrait maintenir cette politique populiste.

En somme, la campagne électorale était largement au dessus des préoccupations des communes où se conçoit pourtant le vrai développement d’un pays. Les enjeux de l’élection présidentielle  et le manque de moyens financiers auront plombé les discours. C’est tout juste si on pourrait se féliciter de ce qu’elle se soit déroulée dans de bonnes conditions et surtout sans violence. Et par les temps qui courent ce n’est  pas rien...



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