La nouvelle assemblée populaire nationaleélue le 4 mai dernier sera installée demain dans un contexte extrêmementdélicat. Certes les grands équilibres politiques n’ont pas vraiment changé, pasplus que la majorité qui revient pour la énième fois au tandem FLN-RND. Théoriquementdonc, on ne devrait pas attendre grand-chose d’une assemblée peuplée des mêmesforces politiques.
Ce n’est pourtant pas le cas cette fois.Bien qu’elle soit malmenée en termes de résultats chiffrés, l’opposition, dansses différentes déclinaisons politiques, parait bien plus forte qu’elle ne l’étaitlors de la précédente législatures . Avec près d’une centaine de députés, ellea tous les moyens de jouer les troubles fêtes à la majorité ne serait-ce qu' en imposant des débats sur des questions qui agitent le pays.
Elle ne pourra certes pas bloquerl’adoption des projets de lois face au bloc de la majorité, mais elle feraentendre bruyamment sa voix discordante. Avec des députés comme Noureddine Ait Hamouda, Salima Ghozali, Hassan Aribi...des joutes oratoires sont promises.
Cela d’autant plus que le MSP, toutauréolé de son non cinglant à la participation au gouvernement, le placenaturellement comme leader de l’opposition au sein de l’assemblée. Sonprésident Abderrazak Makri s’est fait fort d’annoncer que son mouvement est lapremière force politique de l’opposition et qu’il était déterminé à mener lavie dure à la majorité. « Au service de l’Algérie », avait-ilprécisé.
Il se fera aidé dans cette attitude parles élus du Parti des travailleurs (PT) du RCD, et sans doute aussi du FFS et quelques indépendants qui ont tousunanimement critiqué les résultats des législatives et la façon dont le pouvoirgère les affaires du pays. Ces partis pourront précisément compter sur lasituation économique inquiétante et ses impacts sur le terrain social pourmettre la majorité sur la défensive et lui imputer tous les échecs et tous lesratages.
Une opposition en rangs serrés
C’est dire que l’opposition dans lanouvelle assemblée a beaucoup de cartes entre ses mains pour déstabiliser lamajorité et avec elle le gouvernement. Faut-il rappeler que la Constitutionrévisée lui donne entre autres la possibilité de saisir le Conseilconstitutionnel sur les projets de loi qu’elle jugerait anti constitutionnels.
De même qu’elle peut imposer chaque moisune débat en plénière sur une question d’intérêt national notamment sur lesaffaires de corruption, d’atteintes au droits de l’homme et des libertés ousimplement d’abus de pouvoir ou de mauvaise gestion d’une affaire.
C’est un acquis non négligeable tant lesprécédentes assemblées n’ont été que des chambres d’enregistrement pourl’exécutif qui ne courait aucun risque à l’épreuve du vote.
Les règles du jeu vont changer cettefois-ci et les députés de l’opposition auront de belles occasions de brillerpar leur capacité à mettre les mots sur les maux et traquer la gabegie, lespasses droits et l’autoritarisme.
Jamais peut être l’opposition n’a eu unetelle opportunité de se serrer les coudes pour apporter la contradiction à lamajorité et au gouvernement. Même s’il va y a voir des sujets sur lesquels lesdéputés de l’opposition vont diverger notamment ceux liés aux questionssociétales (école, religion…). On voit mal en effet comment le FFS, le PT, le RCDvont s’allier avec le MSP et Adala s’agissant de la place de la religion ou descontenus des programmes scolaires.
Mais au parlement il n'y a pas que cela.Les projets les plus importants sont essentiellement d’ordre économique etsocial. Et connaissant la sensibilité des islamistes aux thèmes sociaux, il y afort à parier qu’ils se rangeront du côté des partis laïcs qui se feront unplaisir de dénoncer «la tentation libérale» des projets de loi que l’exécutifaura à soumettre notamment les Lois des Finances.
En tout état de cause, lesdébats à l’assemblée promettent d’être enflammés et passionnant à suivre. Lespassages des ministres à la tribune risquent de ne pas être des parties deplaisir comme au bon vieux temps.