C’était dans l’air pourri d’un été algérien qui a l’habitude d'être chaud en révélations aussi scandaleuses que sulfureuses sur les pontes du régime.
La mémoire de l’ex chef d’état-major de l’armée, feu Ahmed Gaid Salah, qui passait pour le parangon de la vertu, vient d’être tourmentée par des révélations pas très glorieuses sur la fortune amassée par ses deux enfants, Adel et Boumediene.
Le quotidien El Watan, a ouvert aujourd’hui lundi la boite de pandore des sous et dessous des héritiers de l’ex général de corps de l’armée, placés le 18 de ce mois sous ISTN (interdiction de quitter le territoire national) par le parquet de Dar El Beida.
Le journal a effet publié en «UNE» un article au titre accusateur évoquant: «Le détails d’une fortune à l’ombre du général» illustré par le portrait de l’ex tout puissant patron de l’ANP
Selon El Watan, les deux enfants de Gaid, décédé en décembre 2019 suite à une crise cardiaque, aurait amassé une «fortune colossale» , à l’époque de l’ex wali de Annaba Mohamed El Ghazi, actuellement en détention.
Ils ont ainsi pu acquérir «plusieurs entreprises au dinar symbolique, dans le cadre du dispositif Calpi. À commencer par le Sarl AGB Ain Yagout spécialisée dans la transformation du blé dur et tendre (…) acquise en 2013, mais n’a commencé à tourner qu’en 2016». Or, ajoute El Watan, «Boumediène recevait, durant toute cette période, son quota de blé subventionné de l’OIAC, alors que l’entreprise n’existait qu’administrativement».
Et de citer une autre entreprise à savoir la Sarl Righia, spécialisée dans l’embouteillement de l’eau de source, sise à Annaba et de «dizaines d’autres projets obtenus dans le même cadre».
Le journal précise que les enfants de Gaid Salah obtiennent des projets puis les revendent à des tiers. «Obtenus en tant que Sarl, ils les concèdent par la suite en modifiant simplement le nom de la société chez un notaire, où ils se retirent en laissant la place à de nouveaux acquéreur », lit-on sur El Watan, citant d’anciens cadres de la wilaya d’Annaba.
Et ce n’est pas fini. Le journal rapporte sur la base des informations fournies par la direction nationale des domaines, que les enfants du l’ex patron de l’ANP «disposent également de nombreux terrains à forte valeur foncière dans plusieurs wilayas du pays (…), des terrains qu’ils revendaient ou construisaient en buildings».
Annaba en coupes réglées
Et de citer l’exemple de Adel Gaïd Salah qui en avait un, «au boulevard de l’ALN» et qui dispose également d’un «Port sec, d’un journal régional (Edough news NDLR) et de plusieurs villas, obtenues dans le cadre des enchères, révèlent les mêmes responsables».
Adel, poursuit El Watan prend souvent le soin d’user de prête noms pour «endosser le titre de faux propriétaire ou gérant».
On y apprend que les fortunes des enfants de Gaid «ont été toutes acquises par l’influence du pouvoir de leur père».
Plus grave encore, «Ils nomment et dégomment des cadres à souhait même au sein des institutions sécuritaires», révèle un cadre à la direction de la sûreté nationale d’Alger.
A preuve, le journal cite le cas de l’ex-chef de la sureté d’Annaba, «nommé puis limogé après leur intervention».
Et en plus de ses enfants, le gendre de Gaïd Salah, actuellement en poste à l’ambassade d’Algérie en France, aurait également bénéficié de l’influence de cette famille selon El Watan.
Il précise en effet qu’il avait décroché un projet, par le biais de l’ex wali El Ghazi, pour la réalisation d’une clinique, sur un terrain appartenant aux domaines où «sont érigées actuellement sept villas à vendre».
Autrement dit le bon médecin, qui a hérité d’un prestigieux poste à Paris, est devenu un puissant agent immobilier à Annaba.
Sans doute que les enquêtes en cours, vont révéler d’autres scandales impliquant les enfants de l’ex chef d’état major qui prêchait l’exemplarité et la lutte contre la corruption dans ses discours.