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Des milliers de personnes réclament sa promotion :Une académie pour protéger Tamazight

11-12-2017 18:51  Amel Benabi

Des milliers de citoyens ont marché aujourd’hui pacifiquement enKabylie pour rappeler haut et fort au gouvernement son devoir de promouvoirTamazight désormais langue nationale et officielle. L’étincelle est partie dela proposition du parti de Louisa Hanoune à l’assemblée populaire nationale(APN) de consacrer un budget spécial pour la promotion et la généralisation deTamazight.

Une proposition qui a été rejetée par la majorité au prétexte quecela ne pourrait être inséré dans la Loi des Finances 2018 et qu’il faille uneautre loi. Il n’en fallait pas plus pour lancer l’alerte et jeter ainsi lacause dans la rue qui l’a massivement prise à bras le corps.

A Tizi, Bejaia, Bouira, Sétif et Bordj Bou Arreridj, ils étaientdes dizaines de milliers à avoir bravé le froid pour réclamer des moyens depromotion de Tamazight à la hauteur de son statut de langue officielle.Indépendamment des soupçons de manipulation qui auraient pu avoir pour cettequestion sensible, on doit reconnaitre que la capacité de mobilisation deTamazight reste intacte.

Même le MAK qui était habitué à surfer sur ce genre demanifestations a été mis en minorité par ces foules immenses qui paradaientpacifiquement mais avec beaucoup de convictions et d’engagement en faveur de lapromotion effective de Tamazight. Le fait est que, deux ans après sonofficialisation, ce  nouveau statut n’apas du tout profité à cette langue.

Le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) et le ministère del’éducation qui redoublent de superlatifs pour qualifier les avancées deTamazight, sont ainsi pris en flagrant délit de fausses déclarations.

A les entendre, Tamazight est enseignée dans 37 wilayas du pays, siseulement cela était vrai… ! En effet, dans la réalité c’est un chiffretrompeur qui est surdimensionné pour les besoin de la rhétorique politique.Dans certaines wilayas on se suffit de deux ou trois classes au primaire ou aucollège. Même en Kabylie, Tamazight n’est pas enseignée  dans tous les établissements et dans lestrois paliers. Faut-il rappeler qu’elle demeure une matière facultative  à laquelle les élèves ne donnent paslogiquement plus d’importance bien qu’il s’agisse de la langue maternelle.

Espoirs déçus

Sa dévalorisation pédagogique a ainsi poussé les élèves à ne pastrop s'y intéresser. C’est dire que les dizaines de milliers de berbérophonesqui sont sortis aujourd’hui dans la rue n’ont pas eu tort de le faire. C’estune piqure de rappel que Tamazight demeure un chantier ouvert qui attend sonlancement.

Deux années après sa consécration comme langue officielle dans laConstitution, Tamazight attend toujours son académie. Les spécialistes sontformels : sans une académie qui va faire le travail scientifique destandardisation et réfléchir sur son mode de transcription loin des clivagespolitiques et idéologiques, il ne saurait y avoir de promotion de Tamazight.             

Il faut reconnaitre que les gouvernements successifs n’ont pas faitgrand-chose dans ce domaine. L’Etat est donc mis en demeure de donner suite àson engagement constitutionnel de doter cette langue de tous les instrumentspédagogique et scientifiques pour donner du sens à son statut.

Cela passe par la création rapide d’une académie composée despécialistes et de linguistes qui vont extraire cette langue des exploitationspoliticiennes. Il n'y a rien à priori qui empêche les pouvoirs publics deconcrétiser cette institution placée faut-il le rappeler sous l’autorité duprésident de la république. Et, plutôt que cette académie sera créée mieux ça voudra pour les défenseurs de cette cause qui connait des avancées mais aussides reculades inexplicables. 



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