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De l’organisation territoriale du pays

21-01-2020 22:22  Contribution

L’ex- gouvernement censé être chargé de l'expédition des affaires courantes a fait adopter un nouveau découpage administratif, par la loi n°19-12 du 11 décembre 2019 modifiant et complétant la loi 84-09 du 4 février 1984 relative à l’organisation territoriale du pays, parue au Journal Officiel 78 du 18 décembre 2019, aux termes de laquelle le nombre de wilayas est passé de 48 à 58. Certaines nouvelles wilayas regroupant seulement deux (2) ou trois (3) communes. Ledit gouvernement a fait valoir à cette fin, le souci de rapprocher l'administration de l'administré et de favoriser le développement des localités érigées en wilaya.

La démarche du gouvernement d'alors est de notre point de vue inopportune, voire incongrue, en raison de considérations objectives, dont les principales sont:

 - l'Algérie fait face depuis quelques années déjà à une crise financière telle que le gouvernement Ouyahia a été amené à recourir à l'emprunt non conventionnel pour, un tant soi peu, maintenir à un niveau satisfaisant les investissements publics. Or, si certaines localités ou régions du pays ont été moins nanties en investissements publics, cela n'est sûrement pas  du fait de l'absence de relais institutionnels que représentent présentement les wilayas, mais bien au contraire, le résultat d'indisponibilités financières ou l'inexistence de besoins avérés et établis en équipements publics.

Il convient de faire remarquer que la création de ces nouvelles wilayas (10) et wilayas déléguées (44) va grever davantage le budget de l'Etat, aussi bien pour sa partie équipement, que sa partie fonctionnement. 

En effet, la création de wilayas requiert la réalisation de sièges à même d'abriter l'ensemble des directions de l'exécutif et autres services et organes, comme la justice, la défense nationale, la sûreté nationale, la protection civile etc.... Ces structures doivent également être pourvues de fonctionnaires et cadres, selon des organigrammes types, qu'il faudra rémunérer et, pour beaucoup, loger, particulièrement pour les régions du grand sud, la main d’œuvre n'étant pas disponible localement en nombre suffisant, voir inexistante, dans certaines localités, particulièrement pour les emplois exigeant des niveaux universitaires, de divers profils et spécialités.

- l'Etat algérien est fortement centralisé, l'essentiel des projets d'équipement et de développement étant décidé au niveau central. Il s'en suit que la création de nouvelles wilayas et de wilayas déléguées n'aura pas d'incidences significatives sur le développement local. 

S'agissant particulièrement des wilayas déléguées, il est de notoriété qu'elles ne se distinguent quasiment en rien des Dairas, sauf peut-être légèrement du point de vue de l'organisation de ses services et de la rémunération du wali délégué.

La démarche du gouvernement Bedoui n'avait d'autre objectif derrière ce nouveau découpage administratif que de s'attacher le soutien des citoyens des zones concernées dans la perspective des élections présidentielles du 12 décembre 2019, nonobstant ses effets désastreux sur les équilibres budgétaires de l'Etat.

De notre point de vue, la prise en charge effective des doléances et besoins des citoyens passe par une révision des codes de la wilaya et de la commune pour renforcer les prérogatives des assemblées populaires communales et de wilaya qui doivent être érigées en centres de décision du développement local, les walis devant assurer les prérogatives régaliennes de l'Etat à travers les pouvoirs réglementaire, de maintien de l'ordre public et de contrôle de l'utilisation des deniers publics

Pour ce qui est des wilayas déléguées, il y' aurait lieu, soit de les dissoudre, soit de les maintenir en prenant le soin de préciser leurs attributions et domaines d'intervention. Il en doit être de même pour les dairas

A notre avis, la loi 19-12 du 11 décembre 2019 devrait être gelée, en attendant une réflexion sur le rôle, les missions et les niveaux d’intervention des collectivités locales.


Colonel à la retraite ZERROUK Ahmed,

ex-cadre/MDN



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