Le président Bouteflika a convoquéce vendredi en fin de matinée le corps électoral, via un communiqué laconiquede la Présidence de la République, relayée par la très officielle APS qui, pourle coup, se réapproprie sa vocation de source officielle, après en avoir étésevrée au profit d’autres carneaux proches des centres de décisions.
Uneconvocation un vendredi, jour de repos hebdomadaire. Le choix n’est ni fortuitni anodin. Comme si le président veut désacraliser,banaliser cet événement qui a cristallisé les passions et nourri lessupputations depuis des mois dans un incroyable chassé-croisé de scénarii lesplus farfelus.
L’élection présidentielle, augrand dam des VRP transis de la prolongation du mandat, aura bien lieu le 19 avril. Ce qui est de nature aussi àcalmer les inquiétudes, somme tout légitimes, de ceux qui ont fait une fixationobsessive sur le respect des délaisconstitutionnels.
Moins anecdotique est le fait quela programmation du rendez-vous citoyenavec les urnes le 19 avril prochain, dégage de son épaisse brouillasse l’horizon du pays et donne à la scène politique, indéchiffrabledepuis des mois, une visibilité et même une certaine lisibilité par rapport àcette échéance cruciale.
L’abracadabrantesque galéjade du reportde la présidentielle pour une prolongation exceptionnelle du mandatprésidentiel pour deux ans, qui témoigne au mieux d’une candeur politique etau pire d’une niaiserie intellectuelle de ceux qui y ont crû, passe désormais pourpertes et profits. Tant pis ou tant mieux, le fait est fait.
Il est vrai que le très roublard et néanmoins narcissique chef du MSP, qui s’échine à sedonner la dimension d’un acteur politique majeur, a défendu becs et onglescette option. Aidé en cela, il est vrai, par des relais médiatiques qui n’ont rien compris à la guerre de 14/18.
A en croire Abderazak Makri,selon un document interne au MSP, cité jeudi par El Khabar, le conseiller de frèredu président était totalement acquis à cette option politique du report, qui luiépargnerait la redoutable épreuve physique de la prestation de serment (au casoù il se présenterait) et lui donnerait surtout le temps d’adouber un successeur.
C’est la version de Makri, quireproche aussi à ses amis islamistes, les « résidus de l’exDRS » et les représentants de "l’Etat profond" d’avoir torpillé son projet, au nom du respect des délaisconstitutionnels, un argument que le pouvoir exhibe à tout bout de champ pourrécuser l’existence d’une crise politique, selon l’analyse de l’opposition.
En convoquant le corps électoralpour le 19 avril prochain, le président Bouteflika met fin à des mois de suspense.Mais pas tant que ça. Quid en effet de ses intentions ? Briguera t-il un cinquième mandat, comme l’y invite ses soutiens. En aura t-il l’alacrité qu’il faut pour mener une campagne ? Une élection présidentielle sans Bouteflika ?Autant d’interrogations dont les médias feront leur viatique pendant lesquelques semaines qui nous séparent du deadline pour le dépôt des candidatures. Entous cas, les paris sont ouverts.