Un gouvernement qui change, c’est dans l’ordre des choses, à plus forte raison, après une élection législative. Des ministres partent, d’autres arrivent, ainsi va la République. Mais il y a l'art et la manière, il y a les formes. Et le moins qu’on puisse dire à ce propos et qu’elles n’ont pas été respectées cette fois-ci.
Le cas le plus révélateur est celui de Noureddine Boutarfa, ministre de l’Energie. Il était dans une réunion interministérielle décisive entre les représentants de l’OPEP et non OPEP en vue de prolonger de neuf mois l’accord sur le plafonnement de la production du pétrole quand il a appris son limogeage.
C’est le très sérieux journal Bloomberg qui a rapporté cette information. Le summum de l’humiliation pour ce ministre qui a fait un travail remarquable en peu de temps c’est le fait d’avoir été informé par ses propres collègues, de sa fin de mission alors qu’il était pleinement engagé dans des pourparlers stratégiques pour notre pays, pour convaincre les uns et les autres de la nécessité de concessions pour stabiliser les prix.
On imagine dans quelle situation se trouvait Boutarfa, en se faisant informer de sa fin de mission en pleine réunion.
Le nouveau Premier ministre ou le directeur du cabinet de la Présidence auraient dû prendre le téléphone pour le mettre au parfum ou attendre quelques heures avant de balancer les noms des titulaires du nouveau gouvernement. Boutarfa a dû être surpris, voire même choqué tant son maintien dans le gouvernement paraissait pour les observateurs une chose acquise.
En effet, on s'en souvient, l’ex patron de la Sonelgaz qui venait juste de succéder à Salah Kherbi au ministère de l’Energie, s’est retrouvé brusquement projeter au front pour entamer avec grand succès un travail de lobbying auprès des responsables des pays producteurs de pétrole OPEP et non-OPEP.
Travail qui s’est conclu par un consensus ayant servi d’assise à l’accord de l’OPEP et permettant du coup à l’Algérie d'apparaître, durant cette séquence comme un acteur majeur dans l’organisation pétrolière. La presse nationale et internationale ont d’ailleurs relevé ce « succès » de l’Algérie, en saluant le rôle de son ministre de l’Energie.
Le mal est sans doute moindre pour d’autres ministres qui ont quitté le gouvernement sans passation et sans avoir l’opportunité de remercier leurs collaborateurs. C’est le cas de Boudjemaâ Talai, Abdelkader Ouali et Aicha Tagabou.
Encore une fois être ministre n’est pas un CDI, mais une fin de mission doit se faire dans le respect dans la dignité, comme l’exigent les usages. Un ministre ça ne sort pas par la petite porte, surtout quand il contribue au prestige de l'Algérie dans le concert dans nations. C'était malheureusement le cas de M.Boutarfa !