Plus d’une semaine après la nomination dunouveau Premier ministre Noureddine Bedoui et le vice-Premier ministre RamtaneLamamra, ils n’arrivent toujours pas à constituer une équipe gouvernementale.
Signe de ce retard pesant dans un contexteexceptionnel marqué par la vacance du gouvernement, l’agence officielleAPS nous apprend que les deux chefs de l’exécutif Bedoui et Lamamra ont entamédes «consultations tendant à la formation du nouveau gouvernement de«compétences nationales avec ou sans affiliation politique».
A la bonne heure ! Mais alors quefaisait MM Bedoui et Lamamra pendant toute la semaine puisqu’ils en sont encoreà des «consultations» ?
Est-il à ce point difficile de trouverdes «clients» pour cette opération publique de d’offre de maroquins à lacriée ?
Pourtant le régime et ses soutiens politiquesse targuent de posséder un réservoir inépuisable de personnalités capables dediriger des ministères.
Où sont-ils donc ces têtes d’affiches quidevraient sauver les apparences réformistes d’un pouvoir pris en flagrant délitd’hors-jeu ?
Il est loisible de deviner l’insoutenablegêne de Bedoui mais surtout de Lamamra de vendre des portefeuilles ministérielsà des personnalités au-dessus de tout soupçon pour servir de béquilles politiquesà un régime qui a les jambes sciées par l’insurrection citoyenne.
On comprend aisément le refus poli despersonnalités sollicitées à faire partie du nouveau gouvernement, de ne pasjouer le rôle peu glorieux de ministres-alibis d’un régime dont le pronosticvital est déjà engagé.
Si, avant, les places étaient si chèresau gouvernement et faisaient saliver d’envie du beau monde, ce n’est plus lecas aujourd’hui.
Le mouvement populaire qui émerveille laplanète depuis près d’un mois, est nettement plus attrayant y compris pour lesthuriféraires d’hier qui veulent se refaire une virginité.
Cherche ministres désespérément…
La mission du tandem Lamamra-Bedouirelève des douze travaux d’Hercule tant le (bon) choix qui se présentedésormais est de se placer du bon côté de la barrière ; c’est à dire auxcôtés du peuple qui invite le régime à dégager.
Rejoindre le gouvernement Bedouis’apparente aux yeux de nombreux acteurs crédibles à une compromission avec lepouvoir qui cherche une issue de secours au blocage «politico-constitutionnalo-institutionnel»qu’il a provoqué.
Sans doute que la majorité de l’élitenationale attend que soit sifflée la fin de cette séquence historique tenduepour s’inscrire corps et âmes dans la dynamique politique de l’aprèsBouteflika.
L’enjeu n’étant plus de sauver le régimemais de sauver cette Algérie si belle et si prometteuse qui crie sa douleurdans la rue et qui laisse espérer un printemps autrement plus beau.
Que Bedoui et Lamamra peinent à recruterparmi la jeunesse brillante et les cadres honnêtes est signe que quelque chosea changé. Définitivement et dans le bon sens.
Les algériens aspirent maintenant àconstruire un Etat démocratique qui ne soit pas au service d’untel ou untelmais au service du peuple, seule source de tous les pouvoirs.
Il ne sert à rien de ruser avec l’histoirequi a condamné ce régime devant le tribunal populaire qui se réunit chaquevendredi.
Seconde fête de la Victoire ?
Il ne servira pas non plus à RamtaneLamamra d’aller faire la tournée des popotes en Europe, en Russie, en Chine et auxUSA pour vendre un produit politique périmé.
Le chantage à la sécurité et la stabiliténe trompe plus personne ici comme ailleurs.
Lui et Bedoui ainsi que leurs mentorsdoivent comprendre que la messe est dite et que la meilleure attitude à avoirc’est de faciliter cette transition vers une autre Algérie réconciliée l’espoirde novembre.
Le vieux diplomate Lakhdar Brahimi qui adû lui aussi prendre la mesure de la distance psychologique qui le sépare dupays et de sa jeunesse, serait mieux inspiré de rentrer chez lui à Paris.
A la veille de la célébration de la fêtede la Victoire qui coïncide avec le 19 mars, le président de la république disposed’une ultime occasion de partir en bons termes.
En 1962 ce fut une Victoire du peuplealgérien contre l’horrible système colonial qui l’a asservi.
Abdelaziz Bouteflika qui n’ignore pas lacharge symbolique de cette date, pourrait offrir lui-même une victoire toutaussi glorieuse du peuple algérien contre le «Système» tout cours.
Les Algériens se souviendront sans doute dece «cadeau» arraché de haute lutte qui éviterait au pays de sombrer dans lechaos.
En annonçant son retrait et la remise dupays sur la voie constitutionnelle, Bouteflika s’offrirait une sortie honorablemême si trop de méfaits ont été commis en son nom.
Il n’est jamais trop tard cependant pourbien faire ; et ce 19 mars pourrait être une deuxième fête de la Victoire.Il appartient au président Bouteflika d’oser le meilleur…