Le sort d’Abdelmadjid Tebboune, comme Premier ministre est-il déjà scellé ? La réponse est quasiment affirmative, quand on observe la brutalité avec laquelle le président Bouteflika a exprimé des jugements par rapport à la démarche politique de Tebboune. L’instruction du président, telle que rapportée par la télévision Ennahar, qui soit dit en passant fait un doigt d’honneur aux medias publics (APS et ENTV), se donne à lire comme un acte d’accusation dans un prétoire.
Tebboune est accusé de « prendre des décisions anarchiques », de se livrer à « un véritable harcèlement contre les opérateurs économiques », de mener une politique qui donne « une image négative de l’Algérie » aux observateurs étrangers, d'exercer des pressions sur les walis, d’envoyer des instructions verbales aux responsables des banques...
Cette longue liste de griefs présidentiels contre le Premier ministre, eu égard au contexte politique actuel, ne signifie pas autre chose qu’une condamnation à mort politique de Tebboune. Cloué ainsi au pilori, il n’est plus en capacité politique et morale de continuer à diriger le gouvernement.
De quelle autorité peut-il se prévaloir devant ses ministres, devant l’opinion publique ? Son départ (sous quelle forme ?) ne semble plus être qu’une question de jours voire d’heures.
En attendant, la question est de savoir si la sortie médiatique du président (dont le ton n’est pas sans nous rappeler le fameux communiqué de la présidence mettant fin aux fonctions de Belkhadem), a-t-elle partie liée avec la visite de Tebboune à son homologue français Edouard Philippe.
La réponse est non puisque cette réaction présidentielle date du 3 août, c'est à dire la veille du départ en congé du Premier ministre selon nos informations.
Toujours est-il, cette visite qui a alimenté bien des interrogations et des interprétations, trouve sa place dans le puzzle qui est en train de se mettre en place.
En désavouant de cette façon brute de décoffrage son Premier ministre, notamment par rapport à son hostilité déclarée et assumée contre les opérateurs économiques, par rapport aux mesures prises au niveau des ministères du Commerce et des Finances, le président Bouteflika conforte son frère et néanmoins conseiller Said.
Ce dernier, on s’en souvient, avait ostensiblement exprimé son soutien à Ali Haddad, lors des funérailles de Redha Malek, infligeant du coup une humiliante offense à Tebboune qui affichait ce jour-là une mine dépitée. Sans doute avait-il compris ce jour, au cimetière d’El Alia, que son pronostic vital était engagé.