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Brouille entre Tebboune, Haddad et Sidi Said : est-ce un petit nuage d’été ?

28-07-2017 07:44  Khidr Ali

La semaine qui vient de s’écouler aura été, politiquement parlant, mouvementée, du fait de la secousse tellurique provoquée par cette tension inutile entre le Premier ministre et les deux patrons de l’UGTA et du FCE. Il faut souligner d’emblée que cette tension a surpris plus d’un observateur, en ce sens que les relations entre ces trois acteurs du « Pacte social » étaient jusque-là empreintes de cordialité. 

Même s’il ne s’agit pas de chercher à savoir qui de l’œuf ou de la poule est le premier, en l’occurrence, il faut peut- être situer l’origine ou le début de la brouille au jour où Abdelmadjid Tebboune annonça devant les parlementaires que son gouvernement entendait mettre fin au mélange entre affairisme et politique.

Des propos interprétés comme un message subliminal envoyé au patron du FCE, Ali Haddad, qui cristallise aujourd’hui l’influence prégnante des acteurs de la sphère économique sur les centres de décision politique.

Une interprétation qui trouvera quelques jours après sa confirmation, soit samedi 15 juillet, dans l’incident de l’Ecole supérieure de la CNAS quand Tebboune fait comprendre à Ali Haddad qu’il n’était pas le bienvenu à la cérémonie d’ouverture, à laquelle il a pourtant été convié, comme le montre le carton d’invitation publié par certains journaux. 

Un affront insupportable pour l’égotique patron du FCE qui réagira le lendemain avec la rencontre surréaliste de l’Aurassi où l’on a vu le patron de l’UGTA faire pièce avec des présidents des fédérations patronales, pour exprimer leur soutien Ali Haddad. 

 L’image est forte, le message encore plus. « Pensez-vous qu’Ali Haddad pouvait réunir de sa seule initiative les fédérations avec l’UGTA ?», interrogeait malicieusement un ancien ministre qui connait bien le fonctionnement du système pour ne pas croire à une génération spontanée des initiatives. Surtout en ce moment.

Toujours est-il que le Premier ministre ne tardera pas à répliquer du tac au tac en faisant publier par ses services un communiqué dans lequel est réaffirmée sa profession de foi à bien séparer l’affairisme de la politique «en application du programme du président de la république ».

Le communiqué du Premier ministère provoque alors un état d’alerte rouge au siège de l’ETRHB où Ali Haddad enchaînait réunion sur réunion. Après concertation et coups de fil donnés à droite et à gauche, décision est prise de ne pas polémiquer avec le Premier ministre, comme nous l’indique un des membres du staff d’Ali Haddad.

« Nous avons décidé de répondre aux mises en demeure par des arguments techniques, ce sera pour nous un jeu d’enfants, mais nous refusons de polémiquer », nous dira-t-il au téléphone.

Chose promise, chose due, le groupe Haddad publie mercredi dans quatre quotidiens, ses réponses aux mises en demeure à travers lesquels le lecteur comprend que l’arrêt des huit  chantiers est du fait  exclusif des maitres d’ouvrages qui s’avèrent être de mauvais payeurs des «situations financières.»  

Comme de juste, la presse qui a fait de cette affaire ses choux gras, en cette période estivale de déche dans les rédactions, s’attendait à une nouvelle charge  du gouvernement.

Le président siffle la fin de la récréation   

Les choses en resteront là, heureusement. Car le président de la république venait de mettre fin à cette brouille, en sifflant la fin de la récréation, d'où, le communiqué, en fin d'après-midi, du Premier ministère annonçant une tripartite pour dimanche entre Tebboune Sidi Said et Haddad.

Une tripartite, à l’évidence, improvisée au pied levée pour un cessez-le feu immédiat. C’est qu’en haut lieu, on a été particulièrement irrité par cette polémique inutile.

Sauf que ce bras de fer n’est pas sans avoir laissé des traces, car les observateurs, à tort ou à raison, y ont vu, « les prémices de la guerre de succession » ouverte entre les différents clans qui sont désormais «balle au canon.» 

Il faut cependant convenir que cette polémique, et les lectures subliminales, transversales, perpendiculaires, auxquelles elle a donné lieu, n’est pas du tout à l’avenant des exigences politiques et psychologiques du futur dialogue politique et social, annoncé par le Premier ministre. 

Car si ce dialogue, du reste nécessaire pour permettre au gouvernement de se donner un cap et sortir de la politique de bidouillage, n’est pas impossible avec des partenaires historiques de la tripartite, comment le serait-t-il avec des partis politiques et des syndicats autonomes qui posent déjà leurs conditions ?

La fin de la récréation, sifflée opportunément par le président, était nécessaire et justifiée. Quant à l'échéance 2019, d'ici là beaucoup d’eau coulera  sous les ponts, que le groupe ETRHB aura encore réalisés, entre temps.



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