Il y a de la fumée noire qui s’échappe de la maison du mouvement de lasociété pour la paix (MSP). Il y a doncforcément du feu à l’intérieur. Ce parti islamiste d’obédience des Frèresmusulmans couve une crise sérieuse qui risque de l’emporter à quelques mois desélections législatives.
La rencontre unilatérale d’AbouDjerra Soltani et son lieutenant Abderrahmane Saidi dimanche avec le secrétaire général du FLN, DjamelOuld Abbés, aura été la goutte qui a fait déborder le vase. Le président du partiAbderrazak Makri qui est en guerre ouverte avec son prédécesseur, n’a pas ratél’occasion de désavouer ce puissant membre du majliss Echourra (conseilconsultatif).
Dans un communiqué diffusé sur le siteinternet du parti, Makri s’en lave lesmains sur cette démarche personnelle d’Abou Djerra Soltani de se rendre au FLNpour y discuter avec son secrétaire général. «Le MSP ignore l’existence decette rencontre (…) Il n’y a aucune discussion au sein du parti sur le sujet,encore moins un rendez-vous avec ce parti », écrit Abderrazak Makriprécisant que le MSP «n’a déléguépersonne pour contacter le FLN, ni le rencontrer».
Le mouvement, présidé parMakri, a par ailleurs démenti dans le même communiqué l’existence d’un projet derencontre entre lui et le FLN, contrairement à ce que déclarait la veille Djamel OuldAbbes. Il s’est dit «étonné» de cette annonce d’Ould Abbes qui, à l’ouverture detravaux du BP du FLN, dimanche, avait évoqué une «rencontre élargieavec d’autres dirigeants du MSP dans les prochains jours». Makri etson équipe tombent des nues. Mais Abou Djerra Soltani était bel et bien l’invité d’Ould Abbès dimanche.
De fait, le MSP semblefonctionner avec deux têtes, l’une légale représentée par Makri, et l’autreinformelle, emmenée par l’ex présidentdu parti et ex ministre d’Etat, Abou Djerra.
Ce dernier n’a jamais caché sonenvie irrépressible de reprendre son fauteuil de chef du parti islamiste et parla même reprendre sa position au gouvernement. Soltani n’apprécie pas la ligneradicale imprimée par Makri au mouvement islamiste qui a depuis sa création fait, de l’entrisme dans les institutions, sa stratégie politique.
Bras de fer décisif
Bien qu’il avait accepté leverdit des urnes ayant consacré la victoire de Makri, Abou Djerra ne perd pasespoir de pouvoir reprendre son «bien» en laissant entendre que la lignepolitique du MSP sous Makri aurait dévié de la stratégie de feu Mahfoud Nahnahfondée sur la «participation». Le fossé s’est élargit un peu plus entre lesdeux hommes quand Makri a décidé d’arrimer Le MSP à l‘opposition radicale endevenant même un acteur important de la CLTD puis de l’ISCO.
Abou Djerra, quantà lui a, à plusieurs reprises critiquésur les plateaux télé ce positionnement du MSP et ne s’empêchait pas de fairesavoir sa différence. Makri l’a mainte fois recadré en faisant observer que cesont les structures du mouvement qui dictent ses positions.
Mais il n’est jamais allé jusqu’à réclamer latête d’Abou Djerra à la commission de discipline. C’est que ce dernier disposed’un noyau dur au sein du MSP qui porte ce courant pour qui le parti a vocation àrester dans les bonnes grâces du pouvoir et si possible à l’intérieur.
Ce dernier rebondissement dans la guerrefroide entre Makri et Abou Djerra risque de faire voler en éclat le mouvement à la veille d’un scrutin que le MSP n’a pasle droit de rater. A moins que ce ne soit justement le butrecherché par Abou Djerra pour avoir la tête de son meilleur «ennemi» avant laconfection des listes électorales. L’ex ministre qui a une haute idée delui-même aurait ainsi exigé d’être la tête de liste du parti à Alger. Une manière de mettre son président dans unetrès mauvaise posture.