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Algérie : les premières leçons de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 : face à la crise multidimensionnelle pour une mobilisation générale

13-12-2019 20:16  Pr Abderrahmane Mebtoul

1.-Le nombre d’électeurs inscrits  sur une population dépassant 43 millions d’habitants  a été  de 24 474 161 mais devant tenir compte des personnes en âge de voter qui ne se sont pas inscrits.  Le nombre de votants a  été de  : 8 504 346 dont  1 243 458 bulletins nuls donnant un taux de participation officiel de 39,93%  dont 41,41% au niveau national et 8,69% à l’étranger. En seconde position arrive Abdelkader Bengrina avec 17,38% des voix, soit  1.477.735 voix, Ali Benflis,  en troisième positon avec 10.55 % des voix, soit l'équivalent de 896.735, Azzedine Mihoubi  en 4ème position avec 7,26%, soit  617.753 voix  et Abdélaziz Bélaid avec 6.66%, correspondant à 556.808 suffrages.

Le candidat élu Mr Abdemajid Tebboune,  a eu 4.945.116 voix  soit par rapport aux votants 58,15% mais  par rapport aux inscrits 20,08%, les autres candidats ayant eu entre 4/10% par rapport aux inscrits.

2.-Incontestablement, il faut voir la réalité en face,  nous avons eu un faible taux de participation, mais tenant compte de la conjoncture politique actuelle avec de vives tensions, un score  honorable. Ce faible taux n’est pas propre à l’Algérie, le président des USA n’ayant  jamais été élu à plus de 40% ; voyez le taux de  participation aux dernières élections européennes,   montrant dans le monde y compris donc les pays développés la défiance vis à vis des partis traditionnels, souvent déconnectés par rapport aux nouvelles mutations du monde, et notamment des aspirations de la jeunesse.

Autre leçon à tirer est  la déperdition des partis  longtemps au pouvoir à savoir le FLN et le RND, laminés ayant opté pour un candidat arrivé à la quatrième  position, les partis  d’opposition ne devant pas  se réjouir , la population  depuis le 22 février ayant montré la méfiance à leur égard. Toute gouvernance politique se fonde sur des partis  du pouvoir et de l’opposition, devant tolérer les avis contraires source de correction.   Cela devrait entrainer  un profond bouleversement  avec  une profonde restructuration des partis tant de l’ancien pouvoir que de l’opposition, la naissance de nouvelles forces  politiques ainsi que la restructuration de toute la société civile appendice de l’ancien  pouvoir et de l’opposition et également de nouveaux réseaux, signe de la vitalité de toue société.

3.-Face aux nombreux défis tant politiques, culturels, sociaux, économiques que géostratégiques dans un monde turbulent et instable,  le président de la république,  a été élu, contrairement à certaines supputations  dans une transparence unique dans les annales de l’Algérie depuis l’indépendance politique, tous les présidents ayant été désignés après une mise  scène,   malgré le faible taux de participation  et  certains dépassements mineurs.  Il  a une lourde responsabilité de rétablir la confiance brisée Etat-citoyens, à la fois politique afin de rassembler  toutes les forces politiques et sociales dans leur diversité et surtout  de résoudre la très grave crise économique qui secoue le pays avec le risque de cessation de paiement courant 2022, supposant un dialogue sans exclusive.

Nous devons face à la crisse multidimensionnelle apprendre à nous écouter par la culture de la tolérance. L’Algérie ne sera jamais plus comme avant : une Algérie avant le 22 février 2019 et une Algérie après le 22 février. Tous les candidats ont promis de se mettre au diapason des revendications raisonnables d’Al Hirak en procédant à de profonds changements dans la gouvernance.   Privilégions uniquement les intérêts supérieurs de  l’Algérie car l’immense majorité des algériennes et algériens n’ont pas  d’autre patrie de rechange. Car l’Algérie sera ce que les algériennes et les algériens voudront qu’elle soit. 

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